Un voyage autour du monde - Olivier Mesnier

On a le droit de ne pas aimer la mer (ce serait dommage)… on a aussi le droit de ne pas aimer les gros livres et celui-là totalise près de 1000 pages en petits caractères. La première impression, quand on ouvre ce Voyage autour du monde peut être le découragement.
Le découragement se teinte d'agacement quand on se rend compte que chaque journée de traversée est détaillée, que des détails sont répétés inlassablement et agacement de cette coquetterie anglomaniaque récurrente, qui fait écrire reef au lieu de récif, spare pour pièce détachée, truck pour camionnette, ETA (Estimated Time of Arrival) pour heure d'arrivée, etc.
Cependant 3 ans, 3 océans et 36000 milles ne se racontent pas en quelques pages et ce gros pavé est à la fois journal de bord, album de souvenirs, guide nautique, guide touristique, manuel de navigation, traité philosophique, manuel d'histoire et de géographie. Certes l’auteur aurait pu suivre une formation en contraction de texte et couper quelques passages mais les détails géographiques ou historiques de ses récits d’escale font aussi l’intérêt de ses livres. Ce n’est pas un survol du tour du monde mais une découverte à partager.
il faut reconnaître qu'il y a beaucoup à prendre et à apprendre de cet énorme ouvrage Il faut reconnaître également qu'Olivier MESNIER, 54 ans au départ, s'embarquait dans l'aventure avec une expérience largement supérieure à la moyenne des plaisanciers hauturiers. Les candidats à la Grande Boucle trouveront dans ce Voyage autour du Monde (le titre est repris sans état d'âme particulier au Journal de Bougainville) de quoi rêver et préparer le leur.
Toutefois, la lecture est parfois ardue, pas de paragraphe, trop de détails… l’auteur diverge beaucoup sur des tas de sujets ; peut-être aurait-il du faire deux livres, un récit de voyage et un livre technique aidant à la préparation d’un tour du monde.
Mais finalement à la fin du tome 2 on est un peu triste que le voyage s’arrête car l'ensemble est intéressant malgré une écriture demandant beaucoup de concentration.
Des réflexions personnelles de l'auteur, livrées avec sincérité et précision, se dégage le portrait d'un skipper-pater familias de choc, une locomotive généreuse à qui la carrure physique, l'expérience, et le métier de chef d'entreprise donnent une force de conviction et d'entraînement exceptionnelle, qui s'exerce en ligne droite. La famille suit, et le livre donne fort heureusement la parole à Barbara pour un témoignage qui intéressera les compagnes des candidats à cette grande boucle, et qui constitue un contrepoint bienvenu à la vision du grand homme. Celui-ci ne désigne son épouse de 15 ans plus jeune que sous le nom de « mon joli lieutenant » et nous donne à croire que son principal rôle à bord, en dehors d'être jolie, est d'être chargée de ce que ne veut pas faire le capitaine : la cuisine, la vaisselle, le linge, et les cours du CNED.
Au total, ce livre bien enraciné dans l'époque, est assez emblématique d'une certaine catégorie de navigateurs : une famille (recomposée) qui s'offre avec audace et énergie une parenthèse pour sortir du cadre et aller voir ensemble le vaste monde. Un budget important et toutes les ressources de technologie et de consommation qui lui permettent... d'approcher l'autre société, celle de tous les antipodes. C'est tout le paradoxe (et les limites) de l'exercice.
Ceux qui sont un peu las des tours du monde à la voile racontés en cent pages comme des marathons nautiques dont on gomme les détails apprécieront cette narration soignée d’un long vagabondage où ni l’équipage, ni les populations rencontrées, ni les mouillages sauvages, ni le bateau lui-même ne sont trop brièvement évoqués.
Brigitte Eude, Jean-Michel Sautter et Jacques de Certaines pour la commission Livres De Mer.
Vous devez vous identifier pour laisser un commentaire : cliquez ici pour vous connecter .
Frisco01
29 Décembre 2016 - 8:32am
critique de la critique....
VALERIE
10 Septembre 2018 - 8:58pm
Focus on misplaced criticism
Livres de mer
11 Septembre 2018 - 6:50pm
votre réaction...