Monfreid c’est : un premier tiers de vie banal, un deuxième en flibustier de la mer rouge et le troisième en retraité tranquille dans un petit village de l’Indre. Mort à 95 ans, Henry de Monfreid a bâti son œuvre romanesque, en grande partie autobiographique, sur ses trente ans d’aventures en mer rouge et dans le golfe d’Aden. Aventures dit-il « que j’ai toujours cherché à éviter ! ». J’ai choisi son roman « Aventures de Mer » (Grasset). Moins connu que « Les secrets de la mer rouge », il en est la suite chronologique.
Monfreid disait un rien condescendant qu’il voulait « s’affranchir du troupeau » et il inventa le « vivre libre en mer ». Son boutre louvoyait tout autant entre le permis et l’interdit que contre le Khamsim, ce vent de nord ouest qui souffle en rafales. Monfreid cultive des huitres perlières, cache des armes dans les creux de la côte, trafique du hachich, brave le blocus anglais de la mer rouge et surtout navigue. 30 ans sur un boutre sans moteur, sans loch, sans sondeur, sans position fiable, à la voile seulement à caboter sur des côtes semées de récifs coralliens donne la mesure du marin qu’il fut.
Monfreid ne s’imagine pas être un romancier mais il est animé par un formidable désir de partager Sa narration est fluide, comme spontanée. Ses manuscrits sont sans ratures. La précision de son récit est quasi ethnographique.
Lisez ou relisez Monfreid, vous vous laisserez embarquer.

Istos