PENRHYN - AOUT 2023

Posté par : Paul et Dom
26 Mars 2023 à 00h
Dernière mise à jour 29 Août 2023 à 23h
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Notre vidéo : https://youtu.be/Ok1sNSwFcrU

Chers amis,

Vous me trouverez sans doute bien bavarde au vu de la longueur du texte, mais comme nous abordons des terres dont nous ne connaissions rien (ou presque), je choisis de partager nos découvertes avec vous.

Départ de Polynésie française :

Nous naviguons durant 77 heures, à 8 nœuds de moyenne, de Raiatea à Penrhyn par une mer un peu agitée et une houle latérale qui rend la navigation peu confortable le 2è jour. 3 touches à la ligne de traîne, mais les deux premières se décrochent (on va sans doute trop vite) et à la troisième, en réduisant un peu la vitesse, nous ramenons une jolie bécune, cousine du barracuda, que nous allons manger toute la semaine vu la taille de la bête.

Penrhyn se dessine sur l’horizon, plate comme un atoll et sans protection contre le vent du large. Nous touchons là une île lointaine et isolée, bien loin de la capitale Rarotonga (groupe des îles du sud), et plus près des îles de la Société d’où, justement, les premiers habitants sont arrivés, quand Tahiti était surpeuplée, il y a quelques centaines d’années. Une poignée d’hommes, de femmes et d’enfants en plein Pacifique, vivant de peu et heureux de leur vie paisible.

230 habitants répartis sur 2 villages, avec 1 ravitaillement par la mer tous les 2… ou 3 mois, et une petite piste d’atterrissage qui sert de temps en temps à un avion de 7 places en provenance de la capitale, si l’île a du carburant pour refaire le plein (carburant livré par bateau). On y est d’autant plus isolé que le prix de l’avion est très cher. Côté mer, peu de voiliers font le détour, mais ceux qui viennent ici avec des enfants à bord ont du mal à repartir : les enfants veulent rester !

Nous sommes à la même latitude que les Marquises, 9° sud, et la température s’en ressent. Il fait délicieusement bon le matin, très vite chaud dans la journée, et l’eau est à 31°. Selon une étude de National Geographics, c’est un des endroits où l’on compte beaucoup de requins (mais nous n’en avons pas vraiment vu plus que dans les Tuamotu).

Histoire géo :

L’ensemble des îles Cook côtoie la Polynésie française sur son ouest et représente, pour une quinzaine d’îles, 249 km2 de terre pour un total de 2,2 millions de km2 d’océan (0,001 % !) . L’annexion à la Nouvelle Zélande date de 1900, après 80 ans d’évangélisation de la population par les Européens et la douceur qu’on leur connait (arsenal législatif, anéantissement de la culture autochtone). En 1965, les îles Cook deviennent indépendantes mais restent en « libre association » avec la NZ (aide financière, nationalité NZ, monnaie NZ, défense du pays). Elles ont leur propre gouvernement et partagent le roi Charles III avec tous les pays du Commonwealth (c’est amusant car certains enfants avec qui nous avons bavardé ne savent pas où se trouve l’Angleterre ni l’Europe !). Les accords de frontières maritimes avec les USA (pour les Samoa américaines) et la France (pour la Polynésie française) ne datent que des années 1980 et 1990.
Nous sommes très étonnés de voir combien cet atoll peu peuplé est bien équipé : 2 très belles centrales solaires qui assurent, avec un groupe électrogène, de l’électricité pour tous, des citernes d’eau suffisantes, une structure médicale dans chacun des deux villages (une infirmière doit venir s’installer dans le village de 23 habitants !…) et Internet depuis 10 ans. Mieux que dans certaines régions de Polynésie française (meilleure politique, meilleure distribution ?). Le chômage n’existe pas, tout le monde a un petit boulot (majoritairement du gouvernement).

Notre séjour :

L’accueil est sympathique, les douaniers et agents de biosécurité viennent à bord et sont très accueillants (on sentira tout au long du séjour que la pression administrative est très légère). Il va falloir nous adapter à cet anglais mâtiné de polynésien, au début on ne se comprend pas beaucoup ! Dans l’épicerie, il n’y a pas grand-chose à vendre car chaque famille passe ses commandes directement à Rarotonga. C’est sûr, nous allons manquer de frais  (amis voileux, arrivez avec toutes vos provisions, y compris œufs, fruits et légumes et monnaie NZ !) !

Nous marchons une demi-heure sur la route (chemin) principale sur laquelle roulent quelques petites motos, moyen de déplacement favori par ici. Les gens nous saluent, s’arrêtent si besoin. Tout est très calme, et tout à coup nous réalisons qu’il n’y a pas de chiens ! L’épicière (née à Tahiti), nous explique qu’ils sont interdits ici. Quel contraste avec la Polynésie française où ceux-ci pullulent et sont parfois agressifs !  Le représentant officiel local du gouvernement nous annonce les festivités à venir : vendredi 4 août fête de l’indépendance, et mercredi prochain concours de chant. Nous y serons.

Nous traversons pour aller nous installer devant le village de 23 habitants, Te Tautua, plus protégé du vent d’est. Nous déambulons dans le village, question de marcher un peu, de consulter Internet (ça s’avère assez compliqué), et de rencontrer les habitants, tous très accueillants. La vie s’écoule paisiblement, on vit ici en partie avec les ressources de la nature, et on en tire quelque profit (fabrication de chapeaux, de colliers de coquillages qui vont partir par bateau pour être vendus aux touristes de Rarotonga). Et on reçoit quelques visites à bord !

L’église protestante assure la bonne moralité du groupe : tout le monde va à la messe plusieurs fois par semaine, obligatoirement vêtu de pantalons, robes à manches etc (ça nous rappelle nos endimanchements quand nous étions petits), et le dimanche, interdiction formelle de faire quoi que ce soit : comme Paul n’a pas de pantalon, nous sommes dispensés du service religieux, mais il nous faut respecter la règle locale de ne rien faire, même pas se baigner (la règle s’applique aussi aux quelques catholiques de l’île qui doivent respecter la coutume, sinon… dehors !). D’un côté nous trouvons ces règles bien rigides, d’un autre côté, nous sentons qu’elles sont le ciment de cette petite communauté et qu’elles sont porteuses de saines valeurs. La pêche par exemple est toujours partagée entre tous.

Bien sûr, les smartphones sont déjà bien implantés, les jeunes très à l’aise avec ça, et certaines personnes de notre âge nous disent avec regret que déjà les choses ont bien changé et qu’elles vont continuer à évoluer très vite vers la modernité. D’ailleurs, l’île se dépeuple doucement au gré des besoins de travail, et la diaspora cookienne est très importante en Nouvelle Zélande et en Australie. Néanmoins, ceux qui ont de la famille ici reviennent facilement se mettre à l’abri de la pression urbaine (les terres restent les propriétés des familles), et certains ados préfèrent rester ici plutôt que d’aller faire des études en ville.

Le « Singing contest 2023 » met en lices 16 candidats qui vont tenter de remporter le premier prix (500 $NZ) en chantant 2 chansons (une en polynésien, une en anglais). Cela va de la « casserole » à quelques jolies prestations. La soirée est très bon enfant, comme tous les spectacles en Polynésie : le public participe, l’animateur fait des jeux de mots entre chaque candidat, tout le monde rigole et nous aussi du coup, même si on ne comprend rien ! Le lendemain, chants collectifs de chaque village et plaisanteries en tous genres. Le tout très familial et décomplexé.

Techniquement, les habitant sont assez démunis. La moindre panne sans pièces de rechanges devient vite un gros problème, et après quelques jours, la réputation de Paul en « géodépanntout » a fait le tour du village : changement d’une pompe à eau, abri pour une autre pompe, fer à repasser, rice cooker… bref, il ne chôme pas ! Côté chasse sous-marine et snorkeling, le lagon est intact et les poissons nombreux, plutôt curieux que peureux (tant pis pour eux !).

Presque 3 semaines après notre arrivée, le vent est favorable pour nous pousser vers l’étape suivante, Wallis, autre territoire français du Pacifique sud. Nous aurons fait ici une très belle expérience de vie, que nous aurions aimé prolonger, à Penrhyn et sur un ou deux autres atolls cookiens. Mais nous avons un programme, alors allons-y !

A bientôt et merci de vos nouvelles qui nous font toujours très plaisir !

Dom et Paul

Emplacement

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