TUAMOTU - MAKATEA - JANV FEVR 2023
Chers amis,
Notre vidéo : https://youtu.be/A-IrEfAMRuk
Revenir sur des sites que l'on a déjà vus ne procure pas le même plaisir que la première fois. Exit la sensation d’aventure, l'émerveillement, la découverte. Bienvenue au plaisir du retour, celui de revoir des endroits qu'on a aimés, de retrouver des gens qu'on a rencontrés… Dans une vie nomade, ça fait parfois du bien !
FAKARAVA
En la matière, à Fakarava, ce 3e passage fut plutôt raté. A Hirifa ce fut le désert sur et sous l'eau, là où nous avions vécu au milieu de nombreux voiliers, chassé en abondance, et passé quelques jours à couple avec Amaryllis, une expérience très très sympa. A Pakokota, désert aussi, nous apprendrons au village que ce yacht club est définitivement fermé. Et au village de Ruturoa même sentiment, les rues et les magasins sont vides. La période des fêtes et des grandes vacances se termine enfin, petit à petit les épiceries et les snacks rouvrent, ne manque plus que le Taporo que tout le monde attend pour remplir les frigos. Heureusement pour nous, nous avons encore quelques courges et patates douces de Rurutu, et de bonnes provisions faites à Huahine.
Après quelques rencontres (tout de même), nous partons mouiller à la passe nord où nous ne nous étions pas encore arrêtés, et nous découvrons un beau spot de snorkeling habité entre autre par de nombreux perroquets bleus, dont quelques uns vont faire les frais d'une sortie chasse sous-marine avec nos voisins Oviri et finir dans nos assiettes.
TOAU
A Toau, nous entrons dans le lagon et progressons tranquillement de mouillage en mouillage, au gré du vent et de nos envies. Repas de Maoa, découverte des magnifiques crabes de cocotier (animaux terrestres qui raffolent des noix de coco et que l’on peut voir la nuit seulement), mais à nouveau peu de poissons (y aurait-il une saison où les poissons seraient moins nombreux ?). Notre dernière étape nous amène à l’anse Amyot, et cette fois-ci le plaisir est complet : des fonds sous-marins très habités (attention aux gros requins gris qui tournent autour des chasseurs pour avaler les proies directement au bout de la flèche – ça fait un peu peur !-), des couchers de soleil magnifiques, et le plaisir d’y retrouver Noa, désormais Raylli X (Ray et Ulli) avec qui nous partageons quelques bons moments, dont un curry coco de poisson (baliste et mérou) fraichement chassé. Nous vivons là un des plus grands orages que nous ayions jamais vu, 14 heures non stop d’éclairs (100 000 selon météo France) et de tonnerre, dont 2 fois très près du bateau. Impressionnant et nuit éveillée.
Le 29, alors que nous mettons les instruments en marche pour nous déplacer sur une autre bouée (un bateau un peu bruyant est venu se mettre près de nous), nous constatons une panne du pilote automatique : la foudre ne nous a pas touchés directement, mais l’intensité électrique ambiante a mis le pilote HS. Après les premières vérifications simples (fusibles), nous constatons la panne : pilote auto, AIS, GPS, profondimètre, anénomètre et girouette.
Une fois encaissé l’info (…), nous devons réviser notre programme : plus question d’aller se balader, il faut réparer… Au secours ! Nos amis d’Aquarius sont à Tahiti et nous font parvenir à Rangiroa un calculateur, un des éléments du pilote, qui pourrait être à l’origine de la panne. Nous partons donc à Rangiroa, en tenant la barre chacun son tour, avec l’aide de notre second système de navigation (carte Weather4D et GPS de l’iPad). Mais une fois la pièce reçue et changée, pas de changement, nous sommes toujours en panne. Nous décidons donc rentrer à Tahiti plus tôt que prévu, seule solution assez simple pour trouver des pièces. Et comme nous sommes à la barre, nous coupons le trajet en deux en faisant escale à Makatea.
MAKATEA
Nous voulions nous y arrêter depuis longtemps, mais des rumeurs courent toujours sur la fragilité des bouées de mouillage qui peuvent lâcher à tout moment. Cette fois-ci, c’est l’ultime occasion. Et Makatea nous fait oublier nos soucis pendant les 3 jours intenses que nous y passons. Une île incroyable à tous points de vue. Une géologie particulière : c’est un plateau coralien surélevé d’une centaine de mètres entouré de falaises, posé sur une immense nappe phréatique. Une histoire particulière industrielle (mine de phosphate), à l’époque où une industrie pouvait venir exploiter les sols et repartir en laissant tout sur place sans se soucier de rien (…). Une histoire humaine aussi, avec une population de 3 500 personnes vivant de la mine pendant 60 ans, brutalement réduite à quelques familles en 1966 (aujourd’hui 140 habitants). Une douzaine de millions de tonnes de phosphate ont été extraites à la brouette par des Polynésiens, acheminées sur la côte, et versées dans d’immense tankers de toutes nationalités stationnés à 300 m du rivage, à l’aide d’un énorme bras télescopique qui partait de la côte (dont les vestiges sont encore en place sur les quais). Le phosphate fut en effet un engrais naturel magique pour enrichir les sols fatigués des pays comme le Japon, devenu grâce à ce phosphate le premier producteur de riz au monde à cette époque. Puis brutalement, le 6 septembre 1966, après avoir informé la population 3 semaines avant (état de choc), la mine a fermé, peut-être parce que les ressources se tarissaient, peut-être parce que le centre d’expérimentation nucléaire du Pacifique venait s’installer à Mururoa et avait besoin de main-d’œuvre qualifiée (Makatea était la seule île « industrielle » à l’époque).
Julien, notre guide pour la visite de l’île, également maire et propriétaire d’une pension, cherche un avenir pour l’île, peut-être dans des activités écotouristiques comme l’escalade qui commence à faire son buzz dans le monde : comment ne pas être séduit par ces falaises au bord du Pacifique, par l’histoire de l’île, par la gentillesse des quelques familles qui y vivent ? Et de plus, le snorkeling y est fantastique : des milliers de poissons côtoient les abords de la darse où nous mouillons, immenses bancs de chinchards, poissons coraliens, napoléons, thazards, raies Manta, thon et requins. En se levant très tôt un matin, Paul assiste à des scènes de chasse sous l’eau comme on en a jamais vu et tire une magnifique carangue bleue qui nous fera 4 repas.
Bref, un coup de cœur là aussi. Si cette histoire vous intéresse, essayez de trouver un documentaire de l’époque qui s’intitule « Makatea une mine sur l’océan », et aussi le film d’Arc’teryx sur le projet d’escalade, très intéressant aussi, « Makatea Vertical Adventure » (qui reprend d’ailleurs des extraits du film d’époque cité ci-dessus) : https://youtu.be/yRLUAqYZHCA .
Puis nous reprenons la route, et pour en finir avec la navigation à la barre, nous filons directement sur Taravao où nous nous posons pour un mois. Un petit moment de sédentarisation avec une voiture louée pour faciliter nos promenades et nos trajets sur Papeete.
Voilà les amis ! Retour en France le 16 mars pour 3 mois, retour en Polynésie mi-juin pour un nouveau départ, cette fois-ci pour les Fidji !
A bientôt !
Dom et Paul
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