LES MARQUISES - JANVIER 2022
Notre vidéo : https://youtu.be/iDD4NX8bkiE
Chers amis !
L’année 2021 se termine sur un beau bilan : changement de navire, 3 200 miles parcourus, soit presque 6 000 km, dont près de la moitié (déjà !) avec Peikea, et seulement 25 nuits en mer…
Et maintenant : fini les eaux turquoise, adieu les Tuamotu, vive les Marquises, où nous allons passer l’été (d’ici) à l’abri des zones cycloniques. Ici, les îles sont montagneuses, abruptes, et donnent directement sur l’océan. L’eau est sombre et profonde. Nous nous attendions à beaucoup de luxuriance, et nous trouvons un paysage plutôt aride : les Marquises souffrent de sécheresse.
Les Marquisiens ont leur propre culture, leur propre langue, et se sentent assez peu d’affinités avec le reste de la Polynésie. Tous sont tatoués ! Leurs représentants ont présenté une candidature à l’Unesco, soutenue par l’Etat français, et souhaiteraient obtenir un statut de collectivité indépendante, un peu comme Saint-Barthélémy. A suivre…
FATU HIVA
Fatu Hiva est l’île la plus au sud de l’archipel. Elle culmine à 1 125 m. 600 personnes y vivent dans deux villages installés dans deux vallées, qui ont en commun (et en passif) des guerres ancestrales… mais ça a l’air d’aller mieux maintenant (encore que…).
Nous y arrivons le 1er janvier 2022, bien fatigués de notre traversée depuis Amanu (500 miles, environ 950 km), très agitée par une mer croisée, et malgré tout rapide (7 nœuds de moyenne), la vitesse n’améliorant pas le confort quand la mer est difficile.
L’approche de l’île est somptueuse. Nous nous dirigeons vers la baie des vierges, très connue des navigateurs, qui y venaient souvent directement à l’arrivée de leur transpacifique. Initialement baptisée « baie des verges » à cause des cheminées de fées qui la surplombent, elle fut rebaptisée par les catholiques qui ont trouvé ce nom plus correct (mais du coup aucun rapport avec le paysage !). Nous avons le temps de l’admirer au soleil de l’après-midi, nous y entrons … et nous en ressortons rapidement : la chaine du mouillage est bloquée dans la baille à mouillage, tellement le bateau a été secoué pendant la traversée. Du coup, nous décidons d’aller dans la baie de bon repos, devant l’autre village de l’île, Omoa, et entre-temps Paul va brasser nos 80 m de chaine pour remettre un peu d’ordre. Nous y trouvons un mouillage plutôt calme et spacieux. Nos amis d’Aquarius nous rejoignent le lendemain.
Nos premiers pas dans le village sont à la hauteur de la réputation des Marquises : des rencontres aimables, comme celle avec Emmanuel qui nous raconte différentes choses sur ses origines espagnoles et sur l’île. Nous rentrons 2 heures plus tard à bord le sac rempli de mangues, pamplemousses et papayes que les habitants nous ont donnés, et de 4 kg de thon pêché du matin (acheté 4 € le kg). De quoi nous régaler faute de légumes (là, c’est la dèche complète !). Nous retrouvons l’abondance, et Paul reprend avec bonheur son job de dépanneur.
Ici la vie est simple et proche de la nature. Chacun se débrouille et vit de peu (il y a ici aussi une sorte de RSA). Il y a des services publics (mairie, centre médical, équipement, école, poste) qui procurent des emplois, mais pas de gendarmerie, pas d’usage de la carte bleue (il n’y a pas de DAB), pas de transports en commun, pas de ramassage régulier des ordures (uniquement quand ça semble nécessaire), pas de papier si ce n’est un avis de la municipalité placardé sur un arbre de temps en temps. Certains vivent un peu du tourisme : sculptures, bijoux, pensions, mais c’est une part très faible de cette économie. Ici nous ne sommes donc pas « attendus », nous sommes bien accueillis mais sans provoquer d’intérêt particulier, d’autant que chacun sait que nous ne restons que quelques jours !
Notre étape se termine par un mariage marquisien entre deux enfants du village, auquel tout le monde nous invite.
Nous levons l’ancre deux jours plus tard pour Hiva Oa, le bateau chargé de fruits.
HIVA OA
« Un homme c’est fait pour bouger. C’est pas fait pour s’arrêter. C’est fait pour continuer et pour mourir en mouvement éventuellement. Tout le malheur vient de l’immobilité. » Jacques Brel.
« Je pars pour être tranquille, pour être débarrassé de l’influence de la civilisation. Je ne veux faire que de l’art simple. Pour cela, j’ai besoin de me retremper dans la nature vierge. » Paul Gauguin.
L’île de Gauguin, de Jacques Brel, et plus récemment l’île qui a accueilli Emmanuel Macron lors de son passage aux Marquises (essayez de voir les vidéos des chants et danses marquisiens organisés pour son passage, ça vaut le coup).
Le temps ces jours-ci est plutôt maussade et ne met pas en valeur les sommets qui surplombent la baie où nous mouillons, mais il reste cependant clément en regard des intempéries qui sévissent dans les îles de la Société.
Le village d’Atuona est très sympa, nous devons faire du stop pour nous y rendre, c’est encore un moyen de contact avec les habitants. Nous avons l’impression, avec quelques magasins, quelques rues et quelques voitures, de revenir à la civilisation occidentale ! Café, petits supermarchés bien garnis, quincaillerie, roulottes (ce sont les snacks en plein air), visite du musée Gauguin et Brel, cérémonie locale avec chants et danses marquisiens (la mairesse de Atuona reçoit l’ordre national du mérite), marché local, ambiance sympa… Les gens sont gentils et serviables.
En arrivant, nous avions mouillé à l’extérieur de la petite rade du port, par souci de commodité et de tranquillité. Dans la nuit du 14 au 15 janvier, nous sommes réveillés vers 3 h du matin par des mouvements anormaux du bateau, plus saccadés, plus courts. Un rapide coup d’œil à l’extérieur nous rassure : tout va bien. Le matin en revanche, nous voyons tous les bateaux de pêche et quelques voiliers sortir du port et nous apprenons plus tard qu’un petit tsunami est arrivé jusqu’à nous, suite à l’éruption du volcan des îles Tonga. Il y a eu dans la nuit un reflux puis une vague assez haute qui a submergé le port et mis à l’eau les caisses des pêcheurs. L’eau s’est faite tourbillonnante et boueuse. Nous avons passé la journée et la nuit suivante (de peur d’une réplique) à attendre que la situation revienne à la normale, en surveillant de près nos voisins pour éviter les contacts entre coques. Aucune alerte n’a pourtant été déclenchée par les autorités, seuls les pompiers ont été prévenus. Nous apprendrons plus tard qu’il y a eu un disfonctionnement dans la chaine d’alerte au niveau de Tahiti.
Le lendemain, nous partons vers l’île d’à côté, Tahuata, en espérant y trouver un peu de tranquillité. Nous reviendrons dans une quinzaine de jours.
A bientôt et n’hésitez pas à nous donner de vos nouvelles !
Paul et Dom
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