D'abord le monde est toujours tout petit car Puerto Deseado ou Port Désiré c'est aussi le nom du petit mouillage aménagé de ma ville d'enfance Saint-Nazaire et j'en habitais à 300m... Pas mieux protégé que celui-ci et notamment le mouillage qui est le notre depuis hier, le long (enfin presque, vous verrez plus tard) de cette belle jetée en bois.

Nous sommes arrivés lundi soir 03/11 (embouqué le chenal juste 1 heure avant la montante), après 2 jours et demi de mer et les dernières 24h speedy (3ème ris welcome). Amarrage le long du Yamana, petit bateau de travail & pilotage (du courant, des cailloux & du vent, il faut aider les bateaux de pêche à entrer et sortir et guider les cargos, un 160 mètres/conteneurs rentré le soir de notre arrivée par exemple), équipage sympathique, habitué à accueillir les "veleros" de passage car les quais sont réservés au commerce et à la pêche (gambas, expédiées direct en Espagne par... cargo conteneurs)...

Il y avait bien quelques corps-morts installés par le Club Nautico mais tout a disparu, emporté par les incessants coups de vent... Le soir, le Yamana est donc de service et nous décampons, nous allons mouiller devant la jetée bois (où naguère étaient ces fameux corps-morts...) car, incredible, pas de vent !

Lendemain réamarrage le long du Yamana, formalités effectuées à la Prefectura en un temps record (15mn), découverte de la ville. Avec Eric on se dit qu'on irait bien s'échouer le long de la jetée en bois (ah un dériveur, solide) et en rentrant je passe au Club Nautico (le bâtiment rouge qui la jouxte à droite), fermé et tombe à côté sur un beau bâtiment : Fondation Conociendo Nuestra Casa avec un dauphin en logo ; il y a du monde un groupe d'ados et quelques adultes, je sympathise et le courant passe avec Marcos le fondateur. 30 ans auparavant il a créé cette association "en connaissant notre maison" qui sensibilise jeunes & moins jeunes à l'élément nature en utilisant des "moyens", kayaks & optimists et mettant l'accent sur le respect et la tendresse, en gros l'école de vie & de mer, avec le côté social façon EVA de Tahiti. Je lui ai expliqué qu’Éric & moi venions d'un Club qui avait, il y a 25 ans de cela, les mêmes valeurs à défendre et à transmettre, le CNG hors donc (depuis une quinzaine d'années j'ai des doutes et depuis que j'ai bossé au lamanage St-Malo un peu plus...). En soirée, sur sa demande, j'ai raconté à une vingtaine de gamins notre voyage, les pays parcourus (tableau blanc et stabilo à l'appui !) , l'envie des rencontres et du partage de l'amitié, parlé de St-Malo (...Les Malouines) et terminé avec la Route du Rhum histoire de mettre en valeur la cité corsaire. Marcos voudrait faire une collaboration avec le CNG, j'ai transmis sa requête à notre légendaire Michel RAIEVSKY, un des fondateurs (de l'ombre) du Club, qui a un carnet d'adresses comme ça et une mémoire impressionnante !

On a passé la nuit le long du Yamana et le lendemain on s'est d'abord mouillé entre le bout de la jetée et la côte au nord (avec une aussière de chaque côté) sans échouer (conseil d'Adrien le moniteur de kayak), mais après une nuit à 25 nds, on a préféré se mettre tout le long de la jetée mais avec les aussières portées sur le côté opposé (nord) on peut s'en écarter, heureusement car le vent oscille constamment entre 20 et 40 noeuds et porte sur la jetée... Et je ne parle pas du clapot qui rend les posées et déposes un peu R&R (vive l'alu) et du côté shaker quand le vent dépasse 25 nds comme à l'heure où j'écris ces lignes !

A part "ça", tout va bien... sauf les GRIBS, c-à-d les prévisions météo ou "pronostico". Il nous faudrait a peu près 5 jours de météo favorable (du nord !) car on a plus de 500 milles à faire pour se retrouver au sud de la Terra del Fuego et il est fortement déconseillé de s'arrêter avant tellement les mouillages sont difficiles et pas sûrs. Bref on veut bien se lancer, se prendre une ou deux douilles (les voileux comprennent) car forcément on aura un vent différent de celui prévu mais il faut un minimum de correct et pour l'instant ce n'est pas le cas !

Ouh là j'ai causé ce soir et une photo de moi pour finir (ma vahine se plaint), essai des bottes de travail (offertes par Stéphane le nantais, un ami d'Eric), à Mar del Plata (avant chantier dérive), depuis le lamanage et la pêche j'ai l'habitude. Elles sont supers et à bord je les mets autant que les chaussures. L'homme aux pieds nus c'est partiellement du passé (hier en annexe encore j'avoue j'y étais). J' crois que c'est l'ivresse du shaker qui fait que je suis encore moins concis que d'hab !

Abrazos

Bruno