A force de revenir ici, d'y rester et de va-et-viens vers Colon, on se sent presque à la maison ! Mais avec l'arrivée claire de la saison des pluies, Portobelo s’éloigne un peu plus du reste du pays et du reste du monde. L'image d'un documentaire d'un pays inhospitalier où les singes ont l'air tout misérables à ne pas avoir d'autre solution que de supporter la pluie qui leur dégouline dessus ... On les entend d'ailleurs hurler le soir de l'autre côté de la baie dans les collines.

J'ai découvert la pluie tropicale de façon crescendo et à chaque fois, je me dis que s'il pleuvait plus fort, il n'y aurait plus de place pour de l'air entre les gouttes ! Il y a deux nuits en arrière, l'orage était en avance sur l'horaire, il n'était que minuit et en plus il a frappé dur, aïe. L'afficheur que j'ai déplacé à la table à cartes s'est avéré des plus utiles, car dehors tout est blanc sous les éclairs et on n'y voit pas à plus de 10 m. Il y a 35 nœuds de vent ! Je ne vois aucun des bateaux autour de moi et je m’attelle à suivre les petites fuites qui se sont révélées avec la fin du climat paradisiaque du voyage jusqu'ici. Mastic dès qu'il fera sec plus de 6 h ! Puis le bateau se met à gîter, je pense à une saute de vent et les vagues qui tirent sur l'ancre ... merde, gps, ordi, allezzzz petits satellites, dites-moi où je suiiiiis ... bordel, j'ai traversé le mouillage et suis dans le rio là où la carte indique 1 m :-((( Go : veste de quart, lampe frontale, projecteur de pont, commande de l'ancre (putain, j'avais mis 50 m bordel) ... Pour se sortir de là, il faut concilier moteur à fond et guindeau, quelques longueurs de bateau à la course plus tard, on est libres. J'aperçois vaguement la ville et les autres bateaux par flashs réguliers et remonte le reste de ma chaîne. Ah voilà : un filet de pêcheur dans mon ancre (j’étais arrivé de nuit si vous vous souvenez), bon ben couteau pour démêler tout ça, vite, vite ; il est où ce haut-fond déjà ?

Et puis ensuite je remets Igamor à l'ancre parmi ses amis et je descend pour trouver ma couchette détrempée à cause de la commande d'ancre qui passe par le capot avant ... encore quelques habitudes à adapter au climat.

Il pleut toute la journée de tous les jours, mais la nuit c'est quand même plus fort, ce matin je me réveille comme presque tous les jours au milieu d'une eau brune remplie de fruits de la jungle et de branches

... je reste au même endroit, mais je continue de m'éloigner de ma chaise de bureau (si vous saviez le prix qu'elle a coûtée ;-)

La semaine prochaine passage du canal, peut-être jeudi ou samedi, mais je vous tiens au jus.

Bises de ma caravane flottante sous la pluie.

Michael

Position d'Igamor : ha ha ha, bien bonne celle-là