Haïti
Mardi 17 mars
Réveil un peu dur, déjà plusieurs jeunes garçons sont accrochés au rail de fargue, debout dans leur petit esquif taillé dans un arbre, plusieurs nous proposent leurs services de toute sorte, allant du nettoyage du bateau, la lessive, courses, promenade et j'en oublie certainement. Cela durera toute la journée, parfois je suis obligé de hausser le ton et tout ce petit monde nous quitte, mais d'autres encore arrivent, cela durera 2 jours, ensuite les visites diminuent. Nous avons sympathisé avec Pipi (Pierre) un jeune garçon d'une vingtaine d'année. Le plus dur que j'ai eu, était avec cet enfant qui avait le ventre vide à midi et qui devait retourner à l'école, le pain de maïs a dû le rassasier, mais dur de voir un gamin avaler de cette façon et bien sur se baisser pour se cacher, là on comprend toute la misère que doivent subir ici les jeunes et moins jeunes.
Journée réservée à la récupération, nettoyage de l'intérieur et préparation de notre séjour sur l'île avec passage à la réception de l'hôtel où nous sommes reçu superbement par Roses et Francelène. Roses nous demandant un cours sur l'utilisation des fichiers GRIB météo, ce à quoi je me suis appliqué avec l'aide de Myriam.
"Pas ni besoin faire un dessin", après 4 bonnes nuits en navigation, l'extinction des feux ici à bord de Frankiz a été de bonne heure. Au dodo !
Mercredi 18 mars
Journée consacrée aux formalités d'entrée sur le territoire de Haïti. Pour cela Amanda et moi, accompagnés par notre jeune guide Pipi, prenons à 9h la navette afin de rejoindre la ville des Cayes située à 6 milles au nord de la baie. La navette est une prame genre Saintoise, longue de 7 à 8 mètres, pas très large, 1 bon mètre, là dedans vous mettez 25 personnes plus de nombreux colis le tout poussé par un hors-bord de 40 cv et piloté par le capitaine Job. Je peux vous assurer qu'ici la sécurité n'est pas un objectif premier, enfin Job se débrouille très bien dans les surfs sur les quelques grosses vagues, la vitesse assez importante fait que en permanence les embruns nous arrosent ; moi j'arriverai aux Cayes le tee-shirt bien trempé et les cheveux comme si j'avais pris un bain. Les plus chanceux, dont Amanda, étaient protégés par une bâche plastique agricole. Le débarquement au port des Cayes assez typique également : mouillage de la prame à 20 mètres du bord, transfert des passagers dans une barque et pour finir les plus courageux doivent sauter dans 50 cm d'eau pour retrouver la terre ferme. Les autres, plus les touristes sont transportés à dos d'homme. Alors le quai de débarquement n'est autre que le dépôt d'ordures du quartier, même les cochons tenus en laisses adorent cette endroit, l'odeur est un peu saisissante, enfin c'est la vie ici.
Tout de suite nous nous apercevons que la ville des Cayes est très délabrée et sale, finalement l'Île à Vache est un petit paradis à côté, même après ce que nous avons aperçu lors de nos ballades sur l'île.
Notre guide nous envoie vers le poste de l'immigration. Nous croisons de nombreux jeunes écoliers, étudiants, notamment sur la grande place face à la cathédrale, beaucoup travaillent sur leur cours, toujours des sourires et presque tous nous souhaitent le bonjour.
A l'immigration la procédure s'effectue rapidement, un seul document à remplir et 1 visa sur nos passeports, quelques photocopies des documents du voilier et le policier me réclame 60 dollars US, 20 par personne !!!! je ne saurais jamais à quoi cette somme est destinée.
Notre guide nous envoie ensuite visiter le marché, on se serait cru dans un souk à Tunis. Je suis quand même surpris par les nombreux petits supermarchés dans la ville. Des banques je n'en ai pratiquement pas vu et pour le change en monnaie locale qui est ici la gourde, cela se fait dans la rue. Notre guide nous trouve la bonne personne, cela je n'en avais aucun doute, 20 dollars = 800 gourdes, ce qui est notre prix à payer pour notre traversée, débarquement en barque et transport à dos d'homme, eh oui tout se paye ici. La journée de notre guide nous coûtera 15 dollars US.
Retour prévu vers 14h, donc nous déjeunons dans un restaurant local, très bien et super propre, avec une carte des menus assez importante, le problème est que chaque fois qu'Amanda et moi choisissons un plat, il n'est pas disponible, finalement nous n'avons pas le choix : oeufs brouillés avec bananes plantins et petite bière local Prestige.
Le retour vers l'Île à Vache a quand même été plus tranquille, à l'abri des embruns sous la bâche. Nous avons quand même attendu notre capitaine Job une bonne heure debout sur le tas d'ordure qui sert de quai d'embarquement. A la question pourquoi n'utilise t'on pas les quais complètement vides du port de commerce , réponse : réservés aux touristes et hôtels du coin et puis nous avons toujours fait cela comme ça pourquoi changer ? Comme me dit Myriam, c'est toujours cette même réponse dans les Antilles !
De retour sur l'île, nous allons nous baigner à la plage de l'hôtel et dans la piscine à eau de mer. Cela nous est autorisé vu que le soir nous allons dîner au restaurant de l'hôtel. Nous obtenons également un mot de passe pour Internet, mais pas de réception wifi au bateau, donc un déplacement ultérieur à l'hôtel sera nécessaire afin de préparer notre départ, météo et destination.
Le dîner du soir est correct dans l'ensemble, un peu cher quand même pour un buffet. Déjà une importante présence des forces de sécurité sur place à l'hôtel, demain jeudi il y a la visite du président de Haïti. Une trentaine de personnes et peu de personnes venant des bateaux au mouillage. L'animation est réalisé par un chanteur français, assez âgé et un peu baroudeur, donc c'était Gainsbourg et Aznavour avec quelques morceaux en anglais bien connus de ma génération.
Jeudi 19 mars
Journée du marché au ville de Madame Bernard. Nous nous y rendons à pieds par la route, piste et le long de la plage. Les autres possibilités sont le cheval, les voiliers locaux et taxi-moto. ici pas de voiture sur l'île, je n'en ai encore pas vu une. Quelques tracteurs, mais visiblement nous n'en n'avons pas vu un fonctionner, plusieurs sont en panne et pas de pièces pour réparer, en plus cela coûte très cher et ici pas d'argent.
Sur notre chemin nous rencontrons beaucoup de locaux, des touristes accompagnés de guides, nous, nous sommes seuls, enfin on suit un groupe accompagné car nous avons toutes les chances de nous perdre car c'est un peu la jungle et pas toujours facile de suivre le chemin qui traverse les petits villages. Plus nous nous éloignons de Port Morgan, plus la misère se fait sentir. Le peu que nous voyons des maisons, petites, plusieurs sont belles et multicolores mais dedans c'est vide. Beaucoup d'enfants s'amusent, beaucoup de sourires aussi et plein de vie mais pas sûr qu'ils mangent à leur faim. La cuisine se fait souvent dehors sur des feux à même le sol. Après 2 bonnes heures de marche, nous voilà au village de Madame Bernard
Le marché de Madame Bernard est au bord de la plage, sur une terre glaiseuse avec de grandes flaques d'eau et de boue. Nous achetons quelques légumes et fruits, la discussion est parfois difficile sur les prix: bien sûr ils veulent vendre plus cher au touristes; là aussi nous avons du faire du change de monnaie sur place avec un des commerçant spécialisé en la matière et c'est un jeune écolier qui nous l'a présenté. Ici se sont les femmes qui vendent sur les étals ; problème: elles ne parlent que créole, mais un créole totalement différent de celui parlé chez nous aux Antilles. Enfin nous arrivons à faire quelques achats, mais les fruits et légumes ne sont pas si nombreux que cela.
La chaleur commence à monter, heureusement nous pouvons acheter de l'eau fraîche. Puis tout d'un coup un hélicoptère arrive, se pose sur une place. Déjà depuis quelques heures plusieurs personnes attendent sur cette place au son de la musique locale : c'est l'arrivée du Président Haïtien Martelli; le marché se vide d'un coup, tous courent vers la place, c'est l'heure pour nous du retour à Port Morgan. Retour sous la chaleur, il y a beaucoup d'ombre sur le chemin donc cela n'est pas un gros problème, nous avons de l'eau et un peu à manger. Une grande quiétude semble s'installer dans les petits villages et maisons isolées, quelques enfants gambadent de temps en temps. Les Haïtiens sont ils tous partis voir leur Président ?
Lorsque nous sommes de retour sur Frankiz, voilà de nouveau l'hélicoptère du président qui arrive à l'hôtel où il doit faire un discours, ensuite il ira se promener dans tout le village qui longe la baie de Port Morgan, une foule de supporter l'acclame, il prononce 2 ou 3 discours encore, inaugure une école et un tout petit hôpital. Je ne me permettrai pas de vous parler de ses discours, parfois en créole donc incompréhensibles. C'est leurs problèmes les hôtels, l'aéroport et s'ils veulent un jour s'en sortir, c'est certainement une porte pour eux. Ah, j'ai l'impression que le Président Martelli a poussé, juste avant de partir, une chansonnette en créole qui ressemblait fortement à "Où té papa où té". Ne pas oublier que M Martelli est un ancien chanteur de talent!
Photos plus tard avec une meilleure connexion !
Alain
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