Escales aux Açores vues par 2 équipières Québécoises
Demain, mardi 13 juillet 2010, nous quitterons l’archipel pour franchir les quelques 800 miles et ainsi rejoindre le continent. Un mois s’est écoulé depuis notre arrivée à Flores, et nous avons ainsi eu la joie de gouter aux délices de 5 des 9 îles formant les Açores. De port en port, une tonne d’histoire sont nées...
Le pouce levé, nous partions nous frotter à la langue Portugaise, se régaler des couleurs de tous les pétales bordant les chemins, gambader dans les nuages des plus hauts points… et chacune des îles s’avérèrent être le paradis du pouceux. Les rencontres furent mémorables. Les conducteurs, toujours abasourdis de savoir que nous cherchions à aller quelques 30 km plus loin (vivre sur une île offre une perspective de distance assez restreinte !), ils s’improvisaient guides, s’arrêtant pour nous offrir le spectacle d’une vue magnifique sur l’océan, une promenade dans des forêts magiques, la dégustation du fromage du village où nous passions… Les moments les plus exquis furent les ‘’rides’’ dans les boîtes de pick-up, summum du hitch-hiking !!! Dangereux faire du stop nous entendons souvent… oui, dangereux de vivre cette liberté, les cheveux dans le vent, les paysages inspirés de contes fantastiques défilant, les couleurs des hortensias se fusionnant au regard, les lacs verts au fond des cratères, les nuages dans lesquels nous nous faufilons… dangereux de ne plus pouvoir s’en passer, dangereux, deux filles en jupe dans la boite d’un pick-up qui semble tester l’adhérence de ses pneus dans les courbes sinueuses des routes ridiculement étroites, mais on adore… et on se dit souvent… tout gratuit ?… et on éclate de rire !
Les enfants de la mer sont magnifiques, avec leurs petites têtes blondes, leurs yeux pétillants de par les beautés qu’ils ont eux pour s’émerveiller, et le décor grandiose de l’océan pour mettre en scène leurs jeux d’enfant. Nous garderons les souvenirs de Maélys, qui à Flores nous tendit une fleur et offrit gracieusement un bisou. Du haut de ses 4 ans, elle ne pouvait s’imaginer le bien qu’elle nous faisait, après 3 semaines en mer. Et le petit Yann, péchant plus vite que son ombre, et requérant fièrement son tatou ‘’fleur de lys’’ à la St-Jean (excusez-moi, est-ce que je peux en avoir un moi aussi ?) … leurs têtes bouillonnent d’idée, ils grimpent dans les mats en moins de deux, ils s’accrochent un à l’autre de façon bien téméraire pour récupérer un ballon tombé entre deux bateaux à couple…
L’achat local s’avère être des plus faciles, étant donné que les iles offrent de nombreux délices… bananes, ananas, fromages, beure, œufs, vin, poissons… Et comme la vie de retraités consiste à boire, manger et dormir… manger, boire, boire…
Ainsi, Flores, cette petite île, notre premier pied a terre, et le retour parmi les terriens c’est fait tout doucement… Un calme et une douceur émane de l’île la plus occidentale de l’archipel et nous a offert la rencontre de trois marins sexagénaires navigant sur un ketch en bois de 1959 avec qui nous avons beaucoup discuté ensuite, nous confiant même leur espoir en l’humanité à leur départ… Malheureusement, un mouillage où les mats dansaient dangereusement, força le capitaine de prendre la décision de quitter l’île après deux jours.
Ainsi Faial, après avoir abusé des vices de la vie, après cinq soirées consécutives au bar chez Peter, on a décidé de sortir de cette vie frivole, en s’éloignant de la ville de Horta. Sans regret, on enjamba les murets de maisons abandonnées pour y découvrir la vue sur l’océan qu’elles offrirent jadis, et s’étendre dans le lit de pâquerettes qui a envahit les lieux pour quelques heures de lecture. Ou se rendre sur les sites de volcans, dans un décor lunaire, et s’imaginer des histoires de Star Wars… Le matin du départ, on s’extirpe difficilement de cet amas de bateaux… laissant derrière nous toutes les fresques colorées, témoignant du passage des nombreux navigateurs au fil des années. La nôtre affiche fièrement les couleurs du Québec et celles de la Bretagne, et la vague qui unit ces deux merveilleuses nations nous aura valut des éloges, même quelques ports plus loin. D’ailleurs, notre œuvre a l’honneur d’être le voisin de celle de Jonathan, passé par là quelques années plus tôt.
Sao Jorge nous ramena la tranquillité, dans sa minuscule marina; ce n’est que quelques voiliers qui font le choix de s’y arrêter. Notre souvenir sur cette île n’est que nature. Expédition de fleurs, observation d’un bal d’escargots, récolte de persil et de menthe sauvage pour le couscous et les pêches au thon (eum !!), dessin de Flo avec des pigments de fleur de capucine, balade entrecoupée de petits ……., baignade à même l’océan… on se tient par la main et 1,2,3 on saute ! Après s’être remises de la surprise de l’extrême salinité de l’eau qui s’écoule dans notre arrière-gorge et de sa fraîcheur, on contemple la vue : cintrées par les roches volcaniques, nous posons notre regard ébahi sur Pico, le mont de l’île voisine atteint 2351m. Secouées par les vagues, on s’élance un peu plus loin jusqu’à ce que Mahée atteigne un récif de roches et mettre le pied sur un oursin, mettant ainsi un frein à notre baignade intrépide.
Une fête s’annonçait, ça se sentait, et d’ailleurs les quelques cabanes érigées sur le bord de mer traduisaient une consommation d’alcool assez importante. On s’était renseigné… toutes les cabanes pour de la bière ?!? Sim, sim, on nous assura. Le soir venu, après un tour d’horizon, nous avions opté pour celle du club de foot, ou nous avons passé la soirée avec des Portugais, ils riaient de nous, on en faisait de même. On était comme dans une pièce de théâtre, autour de quelques tables (et l’euphorie dans le public en arrière), sans se comprendre, l’hilarité du durer deux bonnes heures !
C’est toujours avec un peu de misère que nous larguons les amarres, pour partir en voleur en début de matinée… c’est une facette de la vie de matelotes nous dit-on… D’ailleurs, le temps de s’occuper des ces quelques cordages qui nous ont retenu à terre plusieurs jours, de glisser les pare-battages dans les coffres, de hisser les voiles et de s’informer sur le cap à suivre… le premier regard porté vers l’arrière (même si nous n’y avons normalement pas droit), nous offre la vue d’une île qui se rétrécit déjà, et le vent marin nous le fait vite oublier et fait grandir la joie de retrouver la mer.
Terceira, nous rejoignons cette ile en début de soirée, à quelque 44 miles de la précédente. La ville est magnifique et c’est avec joie que nous retrouvons quelques visages déjà croisés. Une famille sur un cata qui nous avait également proposé de faire la traversé à leur bord en répondant à notre annonce… Bien sur des apéros, le récit des miles parcourus… et quand le sujet bifurque vers les attraits touristiques de l’île, on s’éclipse… On part rejoindre le jardin botanique, ou tous morceaux d’herbe bons à s’y étendre pour une bonne lecture et un bain dans l’ambiance du coin.
Avec l’espoir de retrouver un endroit pour la baignade tel que le petit paradis que nous avions connu à Sao Jorge, nous arpentions les côtes, quand un couple Portugais en vacances nous prirent pour leurs filles l’histoire d’un après-midi. C’est donc avec un monsieur policier à la carrure bien carrée, mais à la douceur de Shrek (ainsi nous l’avons baptisé après l’avoir vu caresser des fleurs) et sa femme que nous avons eue un cours de Portugais au milieu de la forêt et une délicieuse balade dans cette nouvelle ile à découvrir. Encore une fois, la générosité des gens ne nous quittant pas sans un petit quelque chose… nous repartons rejoindre le port, banane à la main, et le sourire d’avoir fait la rencontre de ce couple merveilleux.
Sao Miguel, une fête religieuse se prépare ?!? Bah, on ne sait pas trop, la tentation de partir dans les bois et de s’enfoncer dans la nature est grande, mais un peu de fatigue nous pousse à rester à Ponta Delgada. Ce fut d’ailleurs une merveilleuse décision, question de comprendre pourquoi les Açoriens sont si religieux. Soupe gratuite le midi, mais quelques milliers de personnes fourmillaient déjà autour des nombreuses tables. Et la vue du même nombre de contenants en plastique nous avaient un peu refroidit. Mais le défilé nous réconcilia avec la fête. C’est qu’en fait, nous n’avions jamais vu un cortège de 3 heures, où des bœufs tirant de tonneaux de vin, des brioches, des barils de bière et des gens à moitié ivres faisaient la navette entre les tonneaux et nos verres (gracieusement offert par les villages de l’île), le tout agrémenté par des gens dansant en tenue traditionnelle. Cette après-midi-là, on appréciait le Santo Esperito ! Beaucoup de plaisir mais après la fête la « défête » ! Des milliers de verres de plastiques jonchent les rues bientôt désertes, les célébrations s’étant déplacées. Sans trop se concerter, on se met à la récolte de ces rebuts pour leur offrir un avenir plus prometteur que le bac de déchet (nous apprîmes aujourd’hui que 15 bouteilles en plastiques suffisent à faire un polar !!). Mais les verres, les bouteilles et les cannettes qui s’empilent attisent notre imagination et le projet de recyclage prend alors des airs artistiques ! Quelques heures plus tard, c’est devant une mappe du monde en matériaux recyclés que les piétons s’arrêtent songeurs.
On pense fort à vous, on espère que ce long email satisfera votre faim de nouvelles pour ceux qui en demandent… et ne nous gavera pas trop, pour qu’il vous restera assez d’inspiration pour nous envoyer un petit mot. De vos nouvelles outre-Atlantique sont toujours un régale !
Boa tarde,
Florence et Mahée
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