Pico : l'île magique
A force de porter nos yeux sur la montagne de Pico en face, on finit tout de même par larguer les amarres pour aller s’y frotter. Un long bord de près jusqu’au phare da Ihla et un petit bord plein vent arrière, voiles en ciseaux, direction Lajès de Pico.
Sur le papier, çà fait un peu peur : un chenal d’accès encombré, une passe super étroite entre un môle pas franc et un plateau rocheux qui découvre à marée basse, un bout de ponton avec 5-6 places à plus de 2.5 m de profondeur et le reste du port à 1.3 m. Nous avons téléphoné avant pour s’assurer que nous pouvions nous y aventurer avec un 44 pieds en toute sécurité. A notre arrivée, deux belles places étaient disponibles, en plus du ponton d’accueil.
Lajès do Pico est la capitale de l’observation des cétacés, un ponton entier est pourvu de gros semi-rigides pour promener les touristes à la rencontre des dauphins et des baleines, le reste du port est comme à Graciosa, rempli de bateaux de pêche. Il y a en fait 7 places pour les plus de 40 pieds dans 2.5 m d’eau, mais la moitié des places est occupée par des résidents à l’année. Pas de douches, pas de sanitaires, wifi très médiocre, mais le village est sympa et l’île superbe !
Isa, toujours à l’affût d’un exploit sportif, nous a traîné jusqu’au pied du Pico, le plus haut sommet du Portugal (2351 m), l’ascension à pied est payante 10€ par personne, le balisage est visible de jour comme de nuit. Beaucoup commence la randonnée vers 2h30 du matin afin d’être au sommet avant le lever du jour. Isa étant une sportive sur le tard, nous attaquons à 10h ! La grimpette s’est avérée assez dure avec du basalte très coupant (chaussures de marches indispensables, que j’étais le seul à posséder…).
Arrivés à la 45èmeet dernière balise, les filles sont un peu vertes car nous ne sommes qu’en haut d’un vaste cratère et le plus dur reste à faire. L’ascension du pic !! Les filles demandent une halte « plein de calories » avant d’envisager la suite.
Un quart d’heure plus tard, c’est parti pour l’ascension souvent avec les mains en direction du toit du Portugal. Au bout de 10 minutes intenses, nous sommes au sommet, où il y a un vent de folie et la température doit se situer en dessous des 10°.
Nos vestes de quart étaient les bienvenues, mais on a aussi pu se réchauffer avec la vapeur d’eau soufrée qui s’échappe de l’ancienne cheminée du volcan. Le paysage est ici fabuleux, d’un côté nous découvrons Madalena, la capitale de l’île, avec en face l’île de Faial, et de l’autre côté, nous sommes au dessus d’une mer de nuages blancs. Nous profitons de ces instants hors du temps.
La descente sera plus difficile que la montée… Au bout de 7 heures, nous avons finit notre tour, fatigués, ravis et heureux.
L’île est superbe. Une partie des vignobles de l’île est classée au patrimoine mondial.
La vigne est cultivée entre des murets de pierre, de lave qui restituent la nuit, la chaleur emmagasinée dans la journée et hâte la maturité du raisin.
Le vin de Pico a la réputation d’être le meilleur des Açores.
Nous nous sommes promenés 2 jours en voiture sans jamais nous lasser des incroyables paysages qu’offre l’île de Pico : la montagne, les cratères, les anciens ports baleiniers, la lave encore brute à certains endroits, la culture entre les murs de basalte, les petits villages de maisons de pêcheurs, …
Nous retrouvons les anciennes viges dédiées à la surveillance des cétacés avant la pêche.
Nous avons visité le musée de la baleine à Lajès et avons découvert les techniques de la pêche à la baleine, pêche traditionnelle des Açores jusqu’en 1987. A Pico, tout tourne autour de la baleine et de la montagne.
Nous nous attarderions bien ici, mais le temps passe vite. Faial n’est qu’à 20 miles, la marina d’Horta s’est un peu vidée à l’approche d’une bonne fenêtre météo pour un retour sur la Manche et la façade ouest, de nombreux bateaux anglais et nordiques auraient, paraît-il, quitté Horta. Nous en profitons pour décamper et rejoindre au passage, un des endroits les plus fréquentés par les cétacés des Açores au large de Lajès. Bonne pioche, pas moyen de faire la sieste, nous serons accompagnés pendant toute la matinée par des dauphins et des gros mammifères gris et blanc, sans becs : des dauphins de Risso. Le spectacle est magique et le whale-watching depuis notre Farol a une saveur toute particulière. Nous n’avons aucune restriction en matière de distance à respecter vis-à-vis des cétacés, car ce sont les animaux qui viennent à nous et non le contraire.
A l’arrivée à Horta, bonne pioche aussi, le quai d’accueil est presque vide, en réponse à l’appel en anglais à la VHF, le harbour master nous répond en français (chose rare !) et donne une place pour nous tous seuls, avec personne à couple, électricité, eau et wifi. En sirotant notre bière, on se dit que l’on a bien fait de prendre notre temps !
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Anonyme (non vérifié)
10 Juillet 2013 - 12:00am
Récit magique !