25 juin : encore une longue traversée

L’heure de la plus grande (la piu grandé !) traversée arrive , avec une prévision de 34h de Favignana à Capo de Teulada au sud-ouest de la Sardaigne. Ça impressionne quand même, bien que l’on soit rodés et, presque, devenus des experts !
De plus, et c’est un paramètre important, rassurant et sur lequel on peut s’appuyer : nous sommes 3 à bord, car José est encore avec nous, bien sûr, fidèle moussaillon avide d’aventure !
Afin de ne pas trop rester sur la frustration d’être passés à côté des Egades sans pouvoir s’arrêter ni sur Levanzo ni sur Marettimo, nous décidons de faire une courte escale à la Cala Rotonda, de l’autre côté de l’ile de Favignana, sur sa côte ouest.
Un joli moment, la mer est lisse et limpide, il n’y a pas une méduse en vue, et José nous propose un 2eme cours de plongée en apnée. C’est vraiment génial de plonger au milieu de tous ces poissons gris et bleus, au bord de la côte rocheuse, nous nous régalons et progressons. Notre moniteur est content de nous !
Avant de partir nous buvons un petit café sur le pont, accompagné des fameuses dolce de mandorla ! Huuum !
La traversée commence, longue, un peu fastidieuse et monotone, peu de vent, donc beaucoup de moteur. Quelques heures cependant à n’entendre que le bruit de la coque qui glisse sur la mer et celui du vent dans les voiles, la visite de dauphins en fin d’après-midi et un magnifique coucher de soleil.
Ah oui, quand même, n’oublions pas le petit moment de panique qui a soudain brisé la monotonie en début de soirée : nous croisons un chalutier d’assez près, tirant derrière lui un gros cordage qui, nous croyons, supporte un chalut. Nous naviguons sous génois déployé du même côté que le chalut. La visibilité est donc difficile. Voyant le câble se rapprocher de nous et toujours très en surface, je me penche sous le génois pour donner des indications de modification de trajectoire à Michel qui gère le PA (pilote automatique), et là, je huuuurle !! A 20m de nous je vois une énorme plateforme de 50m de diamètre, flottant, tractée par le chalutier !! Michel se rue sur le PA et fait en une seconde un écart de 90° ! Ce truc est absolument hallucinant, nous en avons le souffle coupé et le cœur battant pendant de très longues minutes !
Par ailleurs, ce qui est bien à 3, c’est qu’on peut dormir sur des tranches horaires plus longues. C’est bien, on se repose un peu et ainsi on profite davantage des heures de solitude absolue, sous les étoiles, dans le cockpit lors de nos quarts de veille… Enfin, pas vraiment seuls car nous croisons quelques ferries et porte containers, géants illuminés qu’on doit longuement observer à la jumelle pour comprendre le déplacement et si, oui ou non, on risque la collision. Dit comme ça, évidemment, c’est nettement moins romantique que l’idée de la solitude sous les étoiles !
Le lendemain, la journée est longue comme un jour sans pain, on n’en finit plus de voir la Sardaigne se profiler au loin sans jamais s’approcher. Pour passer le temps, on chante. Tout le répertoire de notre folle jeunesse y passe, Moustaki, Maxime le Forestier, Hugues Aufray, Graeme Alwright, même Sheila, Sardou, Sylvie Vartan et Joe Dassin , on a tout notre temps, ne nous manque qu’une guitare…
Vers 20h en arrivant vers le port de Teulada, on longe le mouillage de Malfatano, chargé du souvenir d’un certain départ précipité à la nuit à cause de la chaine coincée dans le guindeau, il y a 7 ans… La décision est immédiatement prise, en clin d’œil à Suzy et Raph, nous nous y installons pour la nuit.
Belle fin de traversée, vraiment, car l’endroit est charmant et nous offre un bel abri pour passer une nuit calme.
Le lendemain nous reprenons la route après une 3ème leçon d’apnée et un café sur la plage, juste quelques petites heures au moteur (on a encore le vent dans le nez !) jusqu’au mouillage de Port Pino. Mais à peine sortis de la baie, nous opérons un demi-tour et restons 1/2h à observer quelques gros dauphins noirs (des dauphins tursiops je crois), qui, contrairement aux dauphins communs que nous avons vus auparavant et qui caracolent sous l’étrave du bateau, se meuvent lentement hors de l’eau en d’harmonieuses courbes. C’est magnifique !
Après avoir passé le capo de Teulada, point le plus au sud de la Sardaigne, petite escale tranquille à port Pino d’où je vous écris.
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