Adaptation, adaptation...

Adaptation, adaptation...

Posté par : Philippe
05 Septembre 2015 à 16h
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Adaptation, adaptation…

 

Nous étions prêts à partir mais la mer n’était pas prête à nous accueillir ! 30 nœuds annoncés sur le golf du Lion, des coups de vents qui se suivent à 24h d’intervalle. Pas envie d’aller voir s’ils se ressemblent. Le quai Catana du Canet nous apparait comme un vrai havre de paix avec eau, électricité, wifi… Le rêve du plaisancier… La mer est toute blanche et vient se fracasser contre les digues. Même si j’ai hâte de retrouver Vanessa et Adrien à Sanary  on va attendre un peu…

L’adaptation aux éléments semble être le maître mot de notre nouvelle vie. La dépendance à la météo est totale. La raison doit toujours l’emportée sur l’envie, la sécurité prime : lors de nos entraînements nous avons pris un coup de vent de 35 nœuds en pleine nuit. Il n’était pas annoncé, sur aucun des trois sites météo que j’avais consultés avant le départ. Le bateau s’est bien comporté mais nous avons été   secoué  pendant quelques heures ! Situation certes très formatrice, surtout pour moi à la manœuvre... mais on va éviter… sauf quand on se fait surprendre, ce qui risque de nous arriver quelques fois !

Comme nous ne pouvions raisonnablement pas être en mer nous avons continué de bricoler le dimanche, ménage, petits plats concoctés par Marie qui excelle dans le domaine, petit vin rouge bio à la tirette(cave Joliette à Canet, trop bon !)… pas trop dure la vie même si on ne fait pas ce que l’on avait prévu. On regarde quand-même la météo, petite fenêtre pour passer mais trop étroite à mon goût : il faudrait partir de nuit et naviguer avec un coup de vent devant et un autre derrière qui nous rattrape ! Et s’il nous rattrape… De plus Marie vit sa première navigation « hauturière », l’équipage est novice… On va encore attendre.

Le chantier me prête une voiture pour la journée et nous allons visiter Collioure, toujours aussi beau, puis la route des crêtes au milieu des vignes en escalier. Nous goutons au raisin sur le pied de vigne : délicieux, très sucré, mais il faut cracher la peau très épaisse et les pépins mais sans se tromper de direction pour éjecter l’ensemble vu le vent… qui confirme bien les prévisions. Retour par Leroy-Merlin car sur un bateau il manque toujours quelque chose pour finir un bricolage ! Et pour les mecs c’est vraiment un beau magasin !

La météo semble plus favorable pour notre projet d’aller à Sanary. Les différents sites météo donnent une fenêtre plus large, toujours entre deux coups de vents, mais là on peut partir de jour. Le vent annoncé est de 10 à 15 nœuds entre deux coups de mistral, mais il faut savoir traduire : cela fera en mer 15 à 25 nœuds ! C’est une chose assez étonnante la valeur donnée par les sites est toujours sous-estimée de 5 à 10 nœuds ! Dans les cours et les bouquins de météo on nous explique que cela est du au fait que ces fichiers sont issus de calculs numériques, de modèles que nous ne sommes bien sur pas aptes à comprendre… Par contre ce que je comprends c’est que quand je lis 15 nœuds j’en ramasse 25… On pourrait sans doute faire plus simple et nous donner directement la vraie valeur mais c’est comme cela… Comme je suis conscient que je ne peux pas changer le monde je lis 15 et je comprends 25, question d’habitude! Encore un coup tordu des ordinateurs qui me rendent bien des services au quotidien, certes, que je suis bien heureux d’utiliser mais que j’ai du mal à comprendre et quand je ne comprends pas… méfiance avec ces bêtes là!

 Je décide donc de partir. On va longer la côte pour éviter un gros noyau de vent au plein milieu du golfe du Lion et naviguer à l’abri de la côte. En gros un peu de vent, entre 15 et 25 nœuds,  mais pas de vagues car elles n’auront pas eu le temps de se former. On avancera donc assez vite puisque que l’on sera au portant (on va dans le sens du vent) après une petite branche de prés (on va contre le sens du vent) mais sans se faire trop secoué j’espère : je pense ainsi que l’on ne va pas dégoûter Marie tout de suite de la navigation ! Il lui reste encore un mois de vacances !

Donc effervescence sur le quai. Les « au revoir » sont toujours touchants. Sur un quai les liens se tissent très vite. Les gens qui ont décidé de voyager en bateau doivent sans doute se ressembler un peu puisqu’ils ont décidé de vivre la même chose… et ils s’entendent en général bien. Alors l’entraide est forte, chacun explique la solution qu’il a trouvé ou qu’on lui a donné aux nombreux problèmes liés au bateau, surtout sur le quai du chantier au moment du départ. Quoi que l’on dise et même si on ne le laisse pas apparaître tous les skippers sont conscients qu’ils emmènent leur famille à l’aventure, toujours à la merci d’aléas… On a beau tout préparer au mieux on sait que l’imprévu sera au rendez-vous, les pannes plus ou moins nombreuses, le confort moins important… Mais la vie à terre est-elle vraiment sans danger ? Pense-t-on aux risques en montant dans sa voiture tous les jours? En mer on en est juste plus conscient.  Christelle et Patrick de Maui viennent nous larguer les amarres. Ce sera bientôt leur tour de faire comme nous aujourd’hui. Des liens se créent très vite au hasard des rencontres et j’espère que l’on pourra les revoir d’ici quelques temps, nous raconter nos aventures autour d’un verre…Rencontre fort sympathique, une belle famille, un beau projet qui demande du courage avec trois enfants! Chapeau !

Voilà c’est parti ! On s’extirpe de notre place où nous étions coincés entre deux catamarans, manœuvre pour prendre le chenal de sortie du port toujours trop étroit, un peu de vent à contrer… Un dernier signe de la main à Christelle qui est au bout du quai. On passe entre les deux bateaux écoles qui sont dans le chenal puis on arrive au quai de la pompe à essence où l’on s’amarre. On fait du fuel ce qui soulage la caisse de bord de 500 euros… et nous permet d’avoir une ambiance olfactive originale à bord, car bien sur il y en a toujours un peu sur le pont... et cette fois sur mes pieds ! Cette fois je me suis fait avoir car il en restait dans le pistolet, donc quand je l’ai baissé pour le mettre dans le réservoir bain de pieds au fuel !!! Je n’imagine pas encore comment je me ferai avoir la prochaine fois… mais je me ferai surement avoir encore malgré toutes les précautions que je prends! Il faudrait filmer les ravitaillements, assez comique quand ce sont les autres! L’odeur du fuel pas terrible…

Le confort a un prix : il faut faire de l’électricité, donc il faut avoir du fuel… On avisera après pour les autres formes d’énergies plus douces… car leur budget est nettement moins doux et là on est un peu au ras des pâquerettes…

On relargue les amarres, on sort du port, on monte les voiles, on prend le cap. C’est parti ! 10 à 12 nœuds, on avance au pré (on va contre le vent) à 5 ou 6 nœuds, la mer est assez calme. On va monter jusqu’à Sète puis obliquer plein Est sur Sanary. Le vent monte doucement, 17-18 nœuds on bouge un peu, prés oblige mais on avance bien. On passe Agde, en longeant la côte à 1km, ce qui nous permet d’avoir moins de vague. Marie commence à blêmir un peu et s’allonge… Bof… j’espère qu’elle va éviter l’état « épave »… La nuit va tomber, la météo du CROSS indique une aggravation force 6 au centre du golfe, soit plus de 30 à 35 nœuds… On va continuer à longer la côte même si cela nous rallonge. Nous serons bien mieux protégés et on nous nous donnerons plus d’angle pour descendre au portant (un catamaran n’est pas à l’aise s’il est vent arrière, il faut qu’il reçoive le vent légèrement de côté. Nous prenons un ris (on diminue la surface de la voile) comme la nuit arrive. C’est une précaution que j’aime bien. La manœuvre de nuit est toujours plus complexe et mon frère n’est pas encore habitué… A équipage peu aguerri on augmente la prudence. Plus on monte vers le nord et plus le vent se calme. Arrivé devant Port-Camargue là on n’a plus le choix, on tourne donc à droite… et c’est le miracle du portant, tout se calme d’un coup ! On va dans le sens du vent, dans le sens des vagues… le rêve ! Marie refait surface, en pleine forme et nous fait des crêpes au Calvados! Elle n’est pas belle la vie ?

Le vent est très irrégulier, passe de 10 à 25 nœuds en quelques minutes : on a l’impression qu’un couillon allume le ventilateur juste pour nous casser les pieds, puis l’éteint d’un coup sans prévenir… puis quand on se méfie plus il nous rebalance la sauce… et ainsi passe la nuit avec une pointe de vitesse pour le bateau à 10.4 nœuds ! Au matin nous sommes devant Fos à slalomer entre les tankers qui vont décharger à la raffinerie toute illuminée juste en face. Après ce sont les cargos qui rentrent sur Marseille puis les pêcheurs qui remontent les filets devant les calanques… Pas de soucis on est loin d’être seuls sur l’eau ! Veille sérieuse obligatoire  et slalom dans le vent ! Le spectacle est superbe, même si la nuit nous à laissée quelques traces sous les yeux. Le vent se renforce et je décide de mouiller à Laciotat à 14h, mouillage sur par mistral fort, qu’en plus je connais bien. Entrée à 8 nœuds dans la rade… un peu vite pour moi, il aurait fallu reprendre un ris pour les deux derniers milles... On affale tout, on mouille l’ancre. Premier tronçon terminé !

Les mouillages de Bandol ou de Sanary me semblent  peu protégés. Vanessa et Adrien viendront nous rejoindre par la route avec Belle-maman. Pour l’instant sieste !

Vers 19h, tout le monde arrive, avec armes et bagages, ce qui n’est pas peu dire quand il s’agit de Vanessa… L’annexe est full ! C’est super ! Je crois que je ne pourrais plus vivre avec une femme « normale »! Dire que j’avais horreur des bagages… Je suis comblé ! C’est super de les retrouver. Nous avons été un peu trop obligé de nous séparer ces derniers mois et Adrien grandit très vite…

Michelle et Tonton Bruno arrivent un peu plus tard, c’est Vanessa qui conduit l’annexe pour étrenner son tout nouveau permis bateau. Petit bain pour retrouver les lunettes à Michelle tombée à l’eau dans le port de Laciotat, vraiment maladroits les terriens… Et l’eau du port vraiment chargées en hydrocarbures mais je commence à avoir l’habitude du fuel!

Tout le monde s’amuse bien pour notre repas de départ : échine de porc façon Belle-maman inspirée par un cours de cuisine à Cucuron (resto préféré de Vanessa). Petite larme à l’œil pour la mère et la fille à l’heure du départ, cette fois c’est pour plus longtemps…

 

Le lendemain matin départ pour Hyères où nous irons aussi nous cacher pour éviter le coup de mistral suivant qui est annoncé pour Samedi : du sérieux celui là, 35 nœuds d’annoncés donc comprendre 45, soit plus de 80 km/h ! Je suis donc un peu pressé de partir pour ne pas nous faire rattraper. On suit la côte, les Embiez, cap Sissié, rade de Toulon où nous croisons un sous-marin qui rentrent pendant que nous modifions la drosse du deuxième ris, montée d’origine du mauvais côté de la baume… et que je n’avais pas vérifiée…Pas droit à l’erreur, il faut vraiment tout vérifier. Je crains de devenir un petit peu chieur…

Drôle d’impression que de croiser un sous-marin, pas très sympa ce genre d’animal tout noir qui pourrait nous expédier en enfer, du moins en ce qui me concerne, juste en nous regardant d’un peu prés dans les yeux… Cette rencontre improvisée me symbolise la technologie destructrice de l’homme, me montre à quel point je me sens loin de ce monde dans lequel j’ai vécu…

Nous avançons sous deux ris, 25 nœuds de vents… Depuis le départ du Canet je reprends bien le bateau en main après un mois d’arrêt au chantier. Toujours un peu d’appréhension à la reprise surtout en conditions un peu musclées... mais je sens bien le bateau sous de grand-voile à deux ris et quatre tours d’enrouleur au solent (la voile d’avant est montée sur enrouleur et s’enroule sur elle-même pour être diminuée). Les autres bateaux autour de nous commencent à affaler les voiles et passent au moteur… Trop de vent pour eux… Nous prenons la petite passe de Porquerolles, vent de trois quart arrière, ça pousse dans le goulet…Puis nous arrivons à l’abri de la côte Est de la presqu’île de Gien, synonyme de calme et de mer plate. Un bord d’enfer à 8 nœuds sous deux ris sur mer plate! Mouillage à Hyères avec comme toujours beaucoup de bateaux qui sont tous trop proches les uns des autres... L’équipage a bien supporté la navigation. Nous devons être à Gocolin lundi pour le montage du téléphone satellite, dernier équipement qui nous manque. Demain repos à Hyères pour cause de mistral, donc plage, petits plats…

Emplacement

Apprentis nomades… Escale météo à Hyères qui est un superbe mouillage par mistral. Il y a du vent mais nous sommes bien protégés et il a un soleil radieux. Plage pour tout le monde, sauf pour moi car je n’aime pas laisser le bateau seul au mouillage quand il y a plus de 15 nœuds de vent. C’est une bonne excuse car la plage… j’avoue qu’à part jouer avec Adrien je n’y trouve pas d’intérêt majeur... Dés le coup de vent passé départ pour Cabasson, petit pèlerinage pour Vanessa où elle passait ses vacances d’enfant, quarante ans après avec sa famille, en bateau… Donc bien sur plage pour tout le monde après la mise en place de l’ancre. L’antenne VHF (radio) se baladait bizarrement au bout du mât. Pas le choix… j’enfile la chaise de mât, Jean-Luc au winch électrique, heureusement pour lui, et me voilà suspendu à 24m au-dessus de l’eau… suspendu au bout du mât qui se ballade horizontalement de deux à trois mètres à chaque petite vague…Je revisse l’antenne VHF qui était complètement dévissée en m’agrippant comme possible au mât avec les jambes. Je me suis trouvé un petit côté chimpanzé … mais beaucoup moins à l’aise qu’eux ! J’avoue que je ne traine pas en haut… En redescendant je m’aperçois que la drisse (corde qui fait monter une voile) du code 0 (la plus grande voile qui est devant le mât) est abimée… On verra quand on sera à quai, cela bouge vraiment trop au mouillage ! Puis Jean-Luc me descend doucement… puis nous rejoignons tout le monde sur la plage. Nous longeons la côte que nous commençons à bien connaître car c’est le troisième passage chez le fournisseur d’électronique en trois mois… Cette fois c’est pour « normalement » finir l’installation… Le vent tombe doucement et nous finissons au moteur. J’ai horreur du moteur : c’est bruyant, sonore et cela coûte cher… que des avantages ! La nuit tombe et j’en ai marre alors nous mouillons dans la baie de Briande, arrivée de nuit… Nous comptons 4 feux de mouillage… et nous nous mettons au milieu. Le lendemain matin nous comptons 17 bateaux ! Il n’y en avait que 13 de non allumés, un détail! Le souvenir qui me restera de la réception de notre bateau, que ce soit au chantier Catana ou chez Code Bleu à Cogolin, c’est vraiment le manque d’organisation : on attend toujours quelque chose, une pièce, un outil ou simplement l’ordre de faire... Il y a constamment plusieurs réparations menées de front sur différents bateaux, des urgences absolues sur d’autres bateaux qui font que tout est commencé mais que rien n’est jamais fini… J’avais prévu un mois pour les travaux et il en a fallu trois! La seule chose qui me console c’est que tout à l’air bien fait… et que tous les skippers des autres bateaux rencontrés vivent la même chose. Sans doute faut-il crier plus fort que nous le faisons ? Je n’avais pas envie de me fâcher, c’est un achat bonheur notre bateau, mais il a fallu quand-même devenir un peu désagréable pour que les choses avancent. Visiblement les boites n’engagent pas et tournent à effectif insuffisant. Quand on en parle deux grands points ressortent systématiquement : trouver des personnes compétentes qui ont envie de travailler et la lourdeur des charges salariales… Les techniciens sont adorables et très compétents mais ils arrivent sur le bateau à 9h le matin, travaillent une heure puis leur téléphone portable sonne une fois de plus et on les revoit à 14h… Bien sur c’était une urgence absolue mais nous on se sent les couillons absolus… Nous naviguons depuis maintenant trois mois dans le golf du Lion et l’on est vraiment obligé de jouer à cache-cache avec les coups de mistral. Ils arrivent d’un coup, le vent monte en 5mn de 10 à 30 nœuds, les vagues se forment et l’on se fait secouer dans tous les sens… Il faut plutôt être rapide pour diminuer les voiles ! Donc très vite, un peu face au vent avec le pilote automatique, voir avec les moteurs pour garder de la vitesse, j’affale la grand voile jusqu’à la marque du premier ris (on descend le sommet de la grand voile), je mets la bosse du premier ris (ce qui permet de tendre la voile vers le bas) sur le winch de solent (celui de gauche), je mets la manivelle de winch en place « religieusement » car j’en ai déjà fait tomber deux à l’eau dans l’action du fait de la petite pointe qui permet au winch électrique de passer en manuel quand on met la manivelle. Cette pointe reste bloquée certaine fois et quand on met la manivelle un peu vite elle s’enfonce mal et dés qu’on la lâche elle semble propulsée vers le haut, décrit un arc de cercle jusque sur le pont où elle tombe dans un fracas d’enfer, franchie allégrement le bastingage malgré nos efforts désespérés pour la rattraper et disparaît définitivement dans l’eau… La caisse de bord n’a guère apprécié… Je vérifie que la manivelle est donc bien en place et je tourne jusqu’à la marque sur la bosse. Il ne reste plus qu’à regarder la tête de la voile, si tout est correct, puis j’étarque la grand voile (on tire sur le haut de la voile pour la tendre maintenant qu’elle est attachée en bas) mais là avec le winch électrique… C’est là que je perdais la manivelle … Maintenant j’utilise le winch électrique, tant pis pour les batteries… mais cela m’évite de perdre des manivelles… Je commence à être rodé à force de le faire… mais j’avoue être toujours content quand c’est fini ! On reprend notre cap, extinction des moteurs… Assez impressionnant au début, puis c’est comme tout on s’y fait, on trouve les gestes, on comprend quelle est la meilleure façon de se tenir pour rester debout sans trop se cogner partout. Au début chaque prise de ris impliquait deux ou trois bosses sur mon crâne, je gardais la casquette même de nuit car cela amortit un peu le choc ! De jour cela va, mais de nuit et sous la pluie je finis trempé… Ce sont les moments que j’aime le moins, on manie des forces importantes. Il faut vraiment anticiper et éviter de se laisser surprendre, sinon galère assurée… Un petit détail pour les éventuels acheteurs d’un Bali 4.5 : le winch qui est à gauche de la barre est très mal placé, il pourrait s’appeler le « winch lumbago » car on tourne la manivelle en étant debout devant la barre alors que le winch est à notre arrière gauche… Donc on est complètement tordu … Par beau temps on peut se mettre à genoux sur la banquette, mais par 30 nœuds c’est un peu chaud… Il existe une option « winch de solent électrique » à ne pas oublier de prendre pour les sensibles du dos… Départ matinal, 6h, juste à la pointe du jour pour Cogolin, petit-déjeuner en passant devant Saint-Tropez où j’évite d’aller pour l’ambiance « bling bling » et mouillage devant le port de Cogolin. A 14h je vais chercher les deux techniciens et à 18h ce n’est toujours pas fini mais c’est l’heure de débauche donc on arrête… Le lendemain matin vent de 25 nœuds, plein Est donc on est pas du tout protégé… Vers 11h je commence à négocier pour rentrer au port mais il me demande 55 Euros pour l’après-midi… Ils rêvent… bien sur je refuse, j’informe Code bleu que je m’en vais et finalement Code bleu s’arrange pour que je puisse rentrer gratos… Accostage par 25 nœuds sur lez ponton d’accueil, un peu sportif mais on s’en sort… avec un gros hématome sur le tibia pour Jean-Luc ! Les techniciens arrivent, je branche le courant, Vanessa se précipite sur la machine à laver, on fait de l’eau… le rituel habituel chaque fois que l’on est à quai, c'est-à-dire pas souvent vu les prix pratiqués par les ports Français : pour nous 150 euros par nuit semble une moyenne… Il vaut mieux être riche pour faire du voilier ou dormir dehors… Alors on dort toujours dehors et on s’arrange pour trouver un port le moins cher possible car Adrien à besoin d’aller à terre. J’en profite monter au mât pour visser définitivement l’antenne VHF (du moins j’espère !). Les escales au port sont toujours des moments très intenses car l’on en profite pour laver tout le linge car la machine à laver ne tourne que quand on est branché au 220v du quai, rincer le bateau à l’eau douce, bricoler…On n’arrête pas… Tout semble marcher, démonstration de l’Irridium convaincante et à 19h, le vent étant tombé on retourne au mouillage devant le port : financièrement on s’en sort bien et les travaux sont finis : il manque juste un programme que Furuno (la marque de l’électronique du bord) n’a pas fourni… à recevoir par la poste ! Objectif presque atteint, on peut recevoir la météo par le téléphone satellite. Mercredi 9 Septembre, départ pour la baie d’Agay, à Saint-Raphaël. On longe à nouveau la côte qui est magnifique, beau temps, mer bleue, 10 nœuds de vent pour faire avancer le bateau… le rêve ! A 17h 30 on prend un coffre dans la baie, 38 Euros la nuit, raisonnable. On descend faire quelques courses, petit bistrot offert par Jean-Luc, merci ! Le lendemain marché pour les filles et je remonte au mât m’occuper de la drisse : je monte trois fois, cela devient une habitude ! J’en faits profiter Jean-Luc et je l’envoie en tête de mât juste pour le plaisir ! Marie et Jean-Luc décident de quitter le bord un peu plus tôt que prévu, avant la traversée vers la Corse. C’est plus pratique pour eux et 15 jours de bateau semblent être largement suffisant : c’est une vie spéciale, à un autre rythme, en espace relativement restreint… puis jusqu’à maintenant nous avons constamment suivi la côte mais maintenant cap au large, en perdant toute terre de vue, donc autre situation que Marie semble quelque peu « appréhender » ; Il vaut mieux descendre avant dans ce cas. A 17h nous quittons le coffre, direction le Corse, Calvi car la fenêtre météo semble bonne ! Nous voyons les terres Françaises s’éloigner dans le crépuscule, c’est vraiment le début de notre aventure ! Nuit de navigation par vent de travers (l’idéal pour un catamaran), un bon grain 30 nœuds nous tombe dessus sans prévenir à 5h du matin, je finis trempé… puis calme et nouveau et nouveau grain à 9h, mais celui là je le vois bien venir ! Arrivée à Calvi à 13h30, on prend une bouée car le port est hors de prix comme d’habitude ! Ballade dans la vieille ville, montée à la citadelle, ambiance nouvelle, parfums nouveaux…Puis descente de la Corse, arrêt au mouillage à Galeria où nous pêchons notre premier poisson, visite de la réserve de Scandola avec ses falaises rouges, prise de coffre pour deux jours pour laisser passer n coup de vent à Girolata qui est un petit port naturel qui n’est accessible que par la mer ou à pieds, superbe avec son fort génois ! Descente vers Ajaccio où nous restons une nuit au port sur un quai flottant à l’extérieur du port, pour quand-même 98 euros la nuit et où l’on se fait secouer comme ce n’est pas permis. Je passe l’après-midi à essayer de m’amarrer le mieux possible, une vague plus grosse fait taper le bateau contre le quai et fait une belle éraflure sur le gel coat… Je suis ravi… La houle rentre et un ressac se crée sur la digue, l’horreur. Finalement on dégage un peu énervé et on prend un coffre de la CCI sans rien demander à personne : on commence à être des vrais voileux… On visite le marché, la ville avec le petit train ce qui enchante Adrien : on joue au touriste… Et je refais du gel coat pour réparer, on range le bateau…Belle ville, très bon jambon, trois jours de repos… Et personne ne nous a rien dit pour le coffre jusqu’à ce soir où là il faut que nous dégagions demain… car il semblerait que l’on ait passé trois jours sur le coffre de la pilotine du port (le bateau qui amène les pilotes de port aux paquebots…). Demain départ pour Bonifacio puis les îles Lavezzi.

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