Des Canaries aux iles du Cap Vert

Des Canaries aux iles du Cap Vert

Posté par : PIERRE
31 Octobre 2016 à 00h
Dernière mise à jour 31 Octobre 2016 à 17h
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Des Canaries au Iles du Cap vert

Départ de Hierro samedi  22 octobre au matin et descente le long de la côte face à un  vent de 10 nœuds, une petite rentrée par curiosité dans le port de la Restinga au sud puis sortie pour le début de  la traversée , 6  jours prévus pour 720 milles environ à 5 nœuds.

Une fois passé la protection de l ile on retrouve le vent synoptique de NW de 10 nœuds, faiblissant parfois puis remontant au dessus , la vitesse variant de 4 nds à 6.8 nds. Les fichiers grib annoncent un renforcement du vent à 15 puis 20 nœuds de NW PUIS W pour les 48 heures à venir.je monte un peu au dessus du cap idéal pour maintenir un vent apparent correct pour que les voiles ne battent pas avec la houle et aussi  toucher le vent plus vite, en gros je me fais mon petit routage à l’ ancienne avec en plus une petite touche de grib.

La première nuit a été calme mais avec des changements fréquents de force de 4 nœuds voir moins à 12 nœuds , on s’ est appliqué à rester à la voile et essayer d’ avancer au mieux. Quelques nuages noirs  avec toute petite pluie jusqu’ en milieu de matinée puis retour du bon vent de NW 12 à 15 nœuds.

On maintient la route prévue quel’ on a dévié un peu pour passer sur le haut fond de Banco Endeavour  qui remonte de 3800 m à 152 mètres .Pourquoi se détourner pour passer en plus sur un haut fond , tout simplement l’ espoir de pêcher un beau poisson pour le manger.

A peine arrivé en lisière du haut fond j’ étais occupé à regarder vers l’ arrière mon sillage tout en réglant le régulateur d’ allure quand j’ ai vu une forme sauter au dessus de l’ eau et replonger aussitôt, j’ appelle Marie No , viens y’ a une prise !. Je remonte la ligne à thon à la main et on s’ aperçoit qu’ on vient d’ attraper une magnifique daurade coryphène reconnaissable à sa forme de tête et à ses couleurs jaune et bleu très brillantes, un mahi mahi , sans difficultés on l’ amène à l’ arrière du bateau et dans le même élan je la soulève au bout de la ligne et la pose dans le cockpit , elle se défend toujours en s’ agitant , Je vous passe les détails de la suite mais elle est actuellement au frigo en filets soigneusement  découpés par Marie No , on la mangera durant les deux prochains jours .

 

 

 

Ma ligne est composée d’ une tresse textile genre garcette de 25 m de 4 mm suivie d’ une autre de 10 m de 3 mm et de10 m de fil de crin  transparent de forte section   ,suivie d un bon émerillon à agrafe costaud en inox puis d’ un bas de ligne type pieuvre du commerce très colorée pour le thon ou le gros. Coté bateau j’ ai ajouté un amortisseur type sandow d’ arbalète de chasse sous marine pour amortir le départ du poisson pris. C’ est une ligne très simple à main et qui fonctionne bien.

Retour au quart de nuit, spécial car en fin d’ après midi on s’ est pris une petite tornade , j’ étais dans le cockpit et on laissait passer au dessus de nous un gros nuage noir menaçant mais sans vent  quand tout à coup une mini tornade, une trombe s’ est formée à 50 m du bateau elle s’ est mis à faire fumer l’ eau et à monter puis elle est passée exactement sur nous en nous foutant les voiles en distribil , génois à contre empannage de la grand voile puis re empannage dans la foulée, ça tourbillonne , on s’ active à affaler tout en catastrophe , 1 minute plus tard elle a disparue comme elle était apparue.

Incroyable elle était née pour nous emmerder celle là. Heureusement pas de dégâts car la force du vent est restée faible , je dirais force 5 à 7  alors qu’ on avait force 2 à 3, mais bon ensuite c’ est la pluie qui est arrivée puis une succession de grains noirs et pluvieux qui dureront jusqu’’ à la nuit.

Pour assurer cette nuit on navigue sous génois seul ou au moteur selon le

vent  tout en surveillant l’ arrivée des grains au radar. Un petit pot au noir !!

Ouf, après une nuit fatigante au petit matin on se fait entourer par une série de nuages noirs , pluie et vent 25 nœuds en dessous , houle 3 m de NW , on est à 2 ris et génois très roulé pour les grains mais après c est moteur car le vent retombe, bref beaucoup de manœuvres bien fatigantes à la longue , et dire que pendant ce temps là il y en a qui croient qu’ on s’ amuse.

La croisière au large peut vite se révéler fatigante ou épuisante selon les conditions , mouvements incessants du bateau qui obligent à compenser tout le temps pour garder son équilibre ou ne pas voler à la moindre inattention et se cogner à l’ arrivée , petit ou gros mal de mer parfois, manœuvres nombreuses si on veut faire de la voile ou économiser le moteur, chaque geste est beaucoup plus difficile qu’ à terre et demande précautions et prudence, se faire à manger révèle parfois du combat plus que de la cuisine, il faut donc essayer de s’ économiser en permanence pour rester en forme quand le vrai mauvais temps va arriver. On se force à bien manger , à dormir dans la journée car la nuit avec les quarts de 3 heures  on dort plutôt 2 fois 2 heures, il faut dormir le matin ou l’ après midi pour ne pas accumuler trop de fatigue .Ne pas hésiter à se faire des petits plaisirs pour compenser les moments plus costauds, Petit apéro le soir , jeu de société l’après midi, un jus d’ oranges pressées le matin , un câlin à n’ importe quelle heure , un gouter , lecture à emmener avec soi en quantité suffisante( vive le e-book, merci Janine), la pêche bien sûr etc…

En parallèle il y a forcément tous les bons moments , les escales, les rencontres , les découvertes au large avec un cargo , un autre voilier , des dauphins qui viennent jouer à l’étrave, la vue de cachalots, marsouins, globicéphales etc…les moments de bonne voile avec les conditions parfaites, parfois les bains par calme plat au large, les lever et coucher de soleil, les étoiles filantes qu’on voit à chaque nuit claire etc…

 

Tous ces moments mis ensemble on appelle çà : la Plaisance.

On entame la quatrième nuit, un peu de fatigue commence à se faire sentir, on a hâte que les grains s’ atténuent, la dépression au niveau des Canaries est quasi stationnaire, c est en descendant toujours plus sud qu’ on va échapper à son influence . On a raté une daurade coryphène ce matin qui s’ est décrochée à l’ arrivée au bateau mais d’ après Marie No , elle était de petite taille.

Pour nous permettre de nous reposer mieux on prend souvent 1 ou 2 ris dans la gv et on roule le génois plus que nécessaire si on a un temps à grains , c’ est le cas . Cela évite les manœuvres à risque quand le vent monte et qu’ on appelle l’ équipier qui souvent se retrouve devant une situation délicate tout en étant mal réveillé.

La performance passe après la sécurité, on n’ est pas en course , ni même à 1 jour prés pour arriver. Mercredi matin , la première nuit calme sans manœuvres , on a pu mieux dormir. Le vent est resté entre 15 et 18 nœuds sans grains, par contre le cap est mauvais , on n’ arrive plus à faire route directe au 200°mais plutôt 175 ° j’ espère que ces vents de dominante sud , face à nous vont bientôt tourner ??Il nous reste environ 2 jours 3 nuits pour arriver. La journée a été super avec un vent se calmant , une houle demeurant encore haute 3 m  mais très longue . Ce soir vers 18h00 j ai pu me baigner à l’ arrière du bateau en enroulant le génois et avec la gv bordée à fond mais bateau travers au vent , le voilier dérive un peu sans trop  avancer .Pas de poissons aujourd’ hui , on allait trop lentement et l’ eau était très claire. Un petit groupe de dauphins est arrivé à l heure de l’apéro mais est resté à l’ écart ,dommage car les plus jeunes faisaient des sauts de 2 m au dessus de l’  eau.

Jeudi 27 après midi, la nuit a été super, beau ciel étoilé, petit vent et un peu de moteur .Ce matin il m’ est arrivé un super truc. Un groupe d’ une quinzaine de dauphins vient jouer autour du bateau , je prends des photos et des petits films mais contrairement à d’ habitude la séance dure très longtemps, les dauphins restent s’ en vont ,,reviennent aussitôt et l’un d’eux a un comportement bizarre , il part à toute vitesse vers l’ arrière ou j’ ai 2 lignes de pêche à l’ eau et revient à l’ avant à toute vitesse ,se met sur le flanc en nageant tout doucement comme s’ il voulait mieux me regarder de coté avec un œil , je suis à l’ avant torse nu en short , je me dis qu’il  ou elle me trouve beau !!, mais après réflexion il doit il y avoir autre chose  puis il repart à fond à l’ arrière et se met en travers de la marche du bateau derrière en frôlant  à petite vitesse du dos mes lignes mais surtout une des deux , je me dis qu’ il veut me dire quelque chose , car les dauphins ne se font jamais avoir par un leurre artificiel et reconnaissent très bien un hameçon , sans doute ma ligne a capturé un poisson, je la relève et effectivement j’ avais bien attrapé un magnifique morceau de vieux cordage qui vu de loin pouvait ressembler à un calamar ;

Je me plais à penser que le dauphin est un animal très intelligent et qu’ il a communiqué avec moi à la manière de ceux qui accompagnant le Joshua de Moitessier l’ ont averti qu’ il fonçait sur des récifs en  nageant en parallèle et tout d un coup en virant de 90 degrés  et ce à plusieurs reprises.

 Et tant pis pour ceux qui ne croient pas à cette belle histoire !

 

La traversée s’ achève enfin samedi matin , presque 7 jours de petit temps et de mer forte par rapport au vent, de voiles qui battent , on est bien content d’ arriver , le mouillage qu’ on avait repéré de La Palmeira se révélera  encore mieux que ce que l’ on pensait et effacera en un instant toute la fatigue de la traversée.

 

 

 

 

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