Port-Moresby, Papouasie Nouvelle-Guinée… Une escale sensible…

Port-Moresby, Papouasie Nouvelle-Guinée… Une escale sensible…

Posté par : Guillaumin
15 Novembre 2017 à 00h
Dernière mise à jour 24 Janvier 2024 à 10h
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Après deux semaines d’escales passionnantes dans l’archipel perdu des Louisiades,  Jangada a repris le large, à destination de Port-Moresby, capitale de la Papouasie Nouvelle-Guinée. Grand-voile au premier ris et solent, le bateaufile 9/10  nœuds dans le lagon, en direction de Jomard Passage, une coupure nord/sud franche et profonde dans le long ruban de récifs qui s’étire d’est en ouest sur des dizaines de milles dans cette région. Ce chenal naturel est la seule route maritime sûre pour les navires quand il s’agit de doubler les dangers au large de la côte orientale de la Papouasie Nouvelle-Guinée, si l’on suit une route orientée nord/sud, comme celle qui relie par exemple le Japon à la côte est de l’Australie.

Jangada pendant la traversée de la mer de Corail

J’ai préféré tracer la route au large, à plusieurs dizaines de milles des côtes, pour éviter les risques de piraterie côtière. C’est que nous faisons route le long des côtes du pays des raskols, ces gangs qui font de la Papouasie Nouvelle-Guinée l’un des pays les moins sûrs du monde. La nuit, nous naviguons tous feux éteints. J’étais par ailleurs décidé à n’arriver que de jour à Port-Moresby, histoire d’avoir le temps d’apprécier le risque sécuritaire auquel nous pourrions éventuellement être exposés, et ensuite de verrouiller une situation acceptable à ce niveau avant la tombée de la nuit. Cap sur Port-Moresby donc, mais avec, pour moi, un bon niveau de vigilance chevillé à l’esprit. Information succincte mais suffisante donnée à Barbara et aux enfants, car pour autant, cela me semblait inutile de les abreuver d’informations alarmistes. J’avais néanmoins pris soin, lors de notre dernière connexion Internet au Vanuatu, de rechercher sur la toile les récits d’agressions, parfois extrêmement violentes, dont avaient été victimes des voiliers ayant pris le risque de faire escale sur les côtes de la grande terre de Papouasie. Une méthode toujours très instructive. Toutes avaient eu lieu sur le mainland, aucune dans les îles extérieures. Mon option consistait donc à rallier directement la capitale de Papouasie Nouvelle-Guinée depuis les Louisiades, et à n’en approcher que de jour.

Je suis néanmoins persuadé que la situation sécuritaire évoluera bientôt dans ce pays, qui connaît une croissance rapide et voit venir à lui d’importants investissements étrangers. Notre escale dans ce lieu pas encore charmant n’était motivée que par le débarquement de mon fils aîné, qui devait rejoindre la France pour ses études. Le plan ? Gagner directement, en milieu de journée (notre vitesse est adaptée en conséquence), l’enceinte de la marina, sécurisée (il paraît qu’il y a même des murs d’enceinte avec barbelés !) du Royal Papua Yacht Club, à peu près le seul et paraît-il très chic yacht-club que nous fréquenterons de tout notre voyage. Les premières images aperçues de Port-Moresby ne me font pas envisager d’y passer ma retraite, mais le boom économique qu’occasionne la récente exploitation des gisements de gaz naturel provoque visiblement du développement dans cette ville sans charme.

Port-Moresby, une escale sous haute protection…

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Le 22  juin en milieu de journée, Jangada se présente donc devant la passe de Basilisk, entourée de deux grands récifs coralliens. Dans le lagon, le vent se met subitement à grimper à 30 nœuds. C’est le début du coup de vent annoncé. Nous nous dirigeons vers le fond de la baie, en zigzaguant entre les navires à l’ancre, cargos, navires de pêche, supplies vessels. La ville s’est développée autour du port. La marina du Royal Papua Yacht Club se situe après le port de commerce, dans le quartier de Konedobu, au nord. J’appelle "Papa Yankee Charlie", l’indicatif du Yacht Club, sur le canal 84 de la VHF. Nous entrons dans la marina sous l’œil du gardien armé en uniforme qui, pour l’occasion, est sorti de sa guérite, installée au bout de la jetée. J’aperçois une caméra qui contrôle les entrées et sorties de la marina. Le gardien m’indique de prendre le seul coffre qui reste disponible, dans l’enceinte de la marina, à quelques dizaines de mètres des pontons, occupés par des bateaux locaux, sur lesquels aucune place n’est disponible. Nous comprendrons plus tard que le RPYC a pour politique de ne rien faire pour encourager le passage des voiliers de voyage. Les membres du Club, pour la plupart d’origine australienne, préfèrent à l’évidence rester entre eux, plutôt que de côtoyer des aventuriers à l’étiquette vestimentaire parfois douteuse, et au portefeuille généralement moins bien garni que le leur. Ceci dit, la mauvaise réputation de la ville dissuade d’elle-même les voyageurs au long cours de venir y tourner leurs aussières ! La marina et le Club sont faits pour les Blancs de Port-Moresby, point barre. Les bateaux de voyage sont à peine tolérés, et de toute façon relégués sur coffres (il n’y en a que quatre) ou, pire, au mouillage dans l’enceinte de la marina. On l’a compris, l’essentiel pour les bateaux de passage est bien de bénéficier, surtout la nuit, de la sécurité absolue de l’enceinte de la marina ceinturée de hauts grillages, du fait du gardiennage militarisé permanent assuré par le Yacht Club, aussi bien côté mer que côté terre. Bienvenue à Port-Moresby !

Avant la visite des autorités, appelées par le Yacht Club, nous profitons de la tolérance qui permet de débarquer sur les pontons et de pousser jusqu’au gigantesque club house. Le Royal Papua Yacht Club est un club à l’ambiance très british, encore que les purs british la trouveraient, avec un certain mépris, plutôt aussie ! Une atmosphère qui rappelle l’époque, pas si lointaine en Papouasie Nouvelle-Guinée, des colonies. L’indépendance date de 1975. Nul besoin de posséder un yacht pour en être membre : son bar, son restaurant, sa terrasse, sont parmi les endroits les plus courus de Port-Moresby. Au-dessus de la porte du hall d’entrée, évidemment gardée par des sbires, l’ancien pavillon de la colonie, celui d’avant l’indépendance, et le portrait de la reine Elizabeth II. Comme si le temps s’était arrêté. Sur le mur, les noms et portraits en noir et blanc des commodores qui se sont succédé à la barre du RPYC depuis le début du XXe siècle. Aucun n’était papou, apparemment....

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