De Nantucket à Mystic et Montréal.
15/09/2017
Nous commençons à recevoir des mails pour avoir des nouvelles… Je pense qu’il est grand temps de mettre le blog à jour ! Nous nous sommes quittés à Nantucket en septembre et depuis nous n’avons pas chômé… Nous sommes aujourd’hui (14/11/17) entre Bruxelles et Nice, le parcours le plus long (8h15) qu’on puisse faire en TGV, alors j’en profite pour prendre la plume. Souvenez-vous, mi-septembre, nous quittons Nantucket dans un brouillard à couper au couteau.
Après une courte escale à Martha’s Vineyard pour attendre la marée suivante et des courants favorables, nous retrouvons nos amis Marianne et Paul du bateau POLLUX (http://castorpol.over-blog.com) à Newport, où se déroule le boatshow. Ensemble nous dégustons un délicieux bluefish pêché la veille. Mais les retrouvailles sont de courte durée car il faut partir. L’ouragan José s’est transformé en tempête tropicale et menace le Sud de la Nouvelle-Angleterre. Nous décidons de rejoindre rapidement Mystic où nous serons plus à l’abri. Nos amis vont trouver refuge un peu plus loin, dans une mangrove de la Connecticut River. Notre dernière navigation de la saison se fait comme les précédentes, au moteur et dans le brouillard. L’air chaud poussé par l’ouragan plus au Sud depuis plusieurs jours sur une mer froide explique ce brouillard persistant. Nous arrivons au ponton de Fort Rachel Marina 3 jours plus tôt que prévu. Le pont est rangé, le taud d’hiver ferme le cockpit et les amarres sont doublées en prévision de vents forts et de pluies diluviennes. Finalement le vent ne dépassera pas 30 nœuds et la pluie ne sera pas très abondante, tandis que l’île de Nantucket est balayée par des vents de 50 à 60 nœuds et la mer qui va avec…
Les semaines qui suivent sont bien remplies. Il nous faut hiverner Orpao. Ça commence au ponton : nettoyage et réparation de l‘annexe, rinçage et vérification de la chaîne de mouillage, rinçage des cordages, des poulies et des voiles qui sont séchées puis rangées à l’intérieur, démontage des panneaux sur la capote pour refaire leur étanchéité, rinçage et protection contre le gel des moteurs diesel et hors-bord. Les conditions météo après le passage de la dépression sont idéales : le soleil brille et la température est de 25°C.
Nous retrouvons aussi nos amis Pamela et Roger qui partent faire une croisière en Méditerranée pendant que nous faisons du home et dog sitting chez eux. Cela tombe bien car continuer à vivre et dormir à bord devient difficile, le bateau doit être débarrassé de tout ce qui peut geler : conserves, bouteilles, condiments, produits d’entretien, cosmétiques… Etonnant de découvrir tout ce qui gèle…nous ne nous étions jamais posé ce genre de question !!
Les circuits d’eau douce, d’eau de mer, le wc et le chauffe-eau doivent être purgés et remplis d’antigel, les réservoirs d’eau vidés et séchés… et il ne doit pas rester une seule goutte dans le bateau. L’hiver ici est rigoureux avec des températures de -15°C et des tempêtes de neige. Le pont est recouvert d’une solide bâche et une entreprise spécialisée pose un shrinkwrap (une protection en plastique thermo rétractable) tendu au-dessus du cockpit. Les panneaux solaires sont bâchés, les batteries de service débranchées, celle du moteur démontée et rangée avec le dessalinisateur et tout ce qui craint le gel dans un local chauffé.
En parallèle, divers travaux sont effectués : démontage de la transmission (problématique car il faudra découper l’accouplement à la sortie de l’inverseur !) pour remplacer la bague hydrolube, vérification de l’arbre et entretient de l’hélice, remplacement des anodes, démontage pour révision de l’échangeur du moteur et du vérin du pilote automatique, réparation (ponçage et peinture d’apprêt) du capot du moteur hors-bord très abimé (coincé sous un ponton à la Martinique) et… surprise quand nous croyons avoir terminé, la découverte de grosses cloques de peinture dans les réservoirs d’eau douce… et sous ces cloques, des traces de corrosion ! Il nous faut donc gratter la peinture qui ne tient pas, nettoyer et sécher ces réservoirs qui sont structurels et démonter 4 capots inaccessibles, en place depuis la construction du bateau en 2004. Et c’est reparti pour 2 jours de travail… ! Les réservoirs resteront ouverts pour être traités et repeints au printemps. Voilà en gros ce qui nous a occupés pendant 1 mois… Je vous épargne les mille petites choses de la to-do list d’un bateau qui navigue beaucoup et qui n’a plus vu un chantier depuis les Canaries début avril 2016.
Après avoir fait les sacs pour 6 mois – et surtout ne rien oublier ! – il nous reste une bonne semaine pour rendre visite à un cousin de Fred qui habite près de Montréal, à environ 600 kms au Nord de Mystic River. Nous traversons ainsi en voiture le Connecticut, le Vermont et le New Hampshire avant d’arriver au Québec. Le fameux été indien se termine et c’est la pluie qui nous accompagne sur le parcours. Nous arrivons un peu tard pour voir les couleurs de l’automne, la plupart des feuilles sont au sol. L’hiver est proche et nous le ressentons lors de la visite de Montréal où il fait nettement plus froid que sur le littoral.
Eric et Lise, qui vivent dans une grande maison à la campagne et sont très sensibilisés aux enjeux écologiques, nous font découvrir les environs avec leur voiture électrique. La densité de population y est faible, nous voyons à perte de vue des plaines et des lacs entourés de forêts. Les routes croisent des pistes de skidoo et la signalisation routière met en garde contre la traversée de caribous et d’orignaux. La nature est omniprésente et ressourçante après ce mois de bricolage…
Le retour vers Mystic se fera par les White Mountains et ses stations de sports d’hiver, le Maine où nous ferons une étape à Portland, le Massachusetts où nous longerons la côte de Boston à Plymouth, Rhode Island où nous passerons enfin sur le grand pont que nous avons tant admiré à Newport et pour finir, le Connecticut.
De retour à Mystic, nous retrouvons nos amis et aidons Roger à résoudre un problème récurrent d’infiltration d’eau de pluie sur son bateau. Le lendemain, après une soirée moules-frites à la Belge, nous les quittons à l’aéroport de Boston où ils nous ont gentiment déposés.
Après une courte escale à Rome, où nos bagages en soute n’ont pas eu le temps de changer d’avion, nous arrivons à Bruxelles. Nous sommes heureux de retrouver nos proches à Bruxelles, Paris et Nice, et comptons bien profiter des six mois qui viennent pour visiter nos amis.
Retour prévu sur ORPAO le 30 avril 2018 pour remonter tout ce que nous avons démonté et mettre ensuite le cap au Nord vers la Nouvelle Ecosse, Saint Pierre et Miquelon et Terre Neuve.
Rendez-vous dans 6 mois pour de nouvelles aventures !!