LES MARQUISES - EIAO - MARS 2022
Chers amis,
Notre vidéo : https://youtu.be/X9al1EHbJ9A
L’île d’Eiao est inhabitée et classée réserve naturelle depuis 50 ans. Il faut donc demander l’autorisation pour y aller, qui nous est donnée par la direction de la circonscription des îles Marquises à Taiohae, avec entre autres recommandations celle de « respecter le nombre d’animaux abattus en cas d’abattage »…
Ah, le mythe de l’île inhabitée ! On a tous en tête un îlot de sable avec quelques cocotiers, que l’on rêve en paradis. En fait, l’état sauvage, c’est souvent l’enfer !!! Mon fils Pierre se souviendra de cet ilôt à Cuba où nous n’avions même pas pu débarquer tellement il y avait de taons sur l’île et d’oursins sous l’eau ! En septembre 1962, le journaliste Georges de Caunes en fit aussi l’expérience en se retirant à Eaio en compagnie de son chien, d’un chat et d’un rossignol. Seul, en complet isolement, il entendait vivre l’aventure de Robinson Crusoé et la relater chaque jour à la radio. « Eiao est déserte parce qu’inhumaine. Désireux de sortir du troupeau des humains, je me retrouvais donc mouton parmi les moutons, à la recherche de ma pâture, susceptible de retomber dans le lot commun de ceux qui attendent de la mort leur délivrance… ». Au bout de quatre mois, il abandonne, chassé par les nonos. Dans la même veine, nous avons lu avec plaisir les aventures du « Robinson des mers du sud », le récit d’un homme qui s’isole sur une île au nord desTonga. Si vous êtes tenté, n’hésitez pas à le lire !
Le temps de navigation ayant été plus long que prévu, nous arrivons un peu tard le soir, vers 19 h à la nuit tombée, ce qu’on évite en général sur des mouillages inconnus. Tandis que la côte au coucher du soleil est d’une pure beauté, notre première impression en entrant dans la baie (de nuit donc) est plutôt un environnement hostile : 3 barrières rocheuses sombres, une vague qui se casse sur des rochers noirs… bref, il faudra attendre le matin pour découvrir un peu plus de douceur (mais pas tant que ça) dans le paysage. L’eau où nous mouillons est verte et on voit à peine le bout de nos palmes. Bien sûr elle n’est pas polluée, mais dense en éléments qui attirent tout autant les bancs de poissons que les frégates et les fous de bassan (vous savez que les frégates ne pêchent pas, mais qu’elles volent les poissons dans la gueule des fous, ce qui donne lieu à un ballet incessant). Au sortir de la baie où l’eau a tout du grand bleu, quelle richesse sous-marine ! Des bancs de poissons très denses, des requins et des raies très curieux de nous voir (pour la première fois, Dom va avoir la frousse et se dépêcher de sortir de l’eau !).
L’accostage sur la plage est compliqué, on commence à s’y habituer, et il faut installer une bouée sur ancre pour mettre l’annexe, puis finir à la nage jusqu’à la plage avec nos affaires dans des sacs étanches. Il arrive que des bateaux viennent jusqu’ici et repartent aussitôt car la houle peut empêcher tout accostage. Nous visitons la cabane où viennent s’installer les chasseurs et les pêcheurs, où il y a l’eau courante et même un wc ! Mais en ce moment, point de cochons ni de moutons en vue, en revanche des nonos en quantité qui vont nous dévorer pendant quelques jours (on comprend De Caunes !).
Sur le plateau, à 400 m d’altitude (où seuls Paul et Jess iront), on découvre un paysage d’une pure beauté. C’est juste époustouflant, et rien que pour ça, ça valait le coup de venir.
Le 22 mars, notre dessalinisateur tombe en panne. Nous voici provisoirement à court d’eau douce et il va falloir adapter la suite du voyage pour rejoindre des points d’eau potable (il y en a pas mal aux Marquises, mais certains sont plus « abordables » que d’autres) et entamer la corvée des bidons (nous avons 2 bidons de 20 l et 1 bouteille de 5 l, plus toutes nos bouteilles d’1 l). Cap donc dès le 23 sur Anaho dans un premier temps, puis Taiohae ensuite pour que Paul tente de réparer. C’est aussi le moment de nous quitter avec nos amis d’Aquarius qui eux retournent vers les Tuamotu.
Cette étape à Eiao laisse à Paul la sensation d’une petite musique inachevée (l’air du bourdon nono ?) car la chasse au mouton et au cochon sauvage n’a pas abouti. Au moment de lever l’ancre, des bêlements se font entendre pas loin de nous sur la côte, légèrement narquois nous semble-t-il…
Arrivés à Taiohae, nous reprenons les affaires en cours. Pour le dessal, il faut changer les membranes, les commander en Espagne, passer par un transitaire… A suivre donc…
Amitiés, bises, bon courage pour la pression que vous subissez. Et au plaisir de recevoir de vos nouvelles.
Dom et Paul
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