La mondialisation du Pacifique - Mickaël Rémond - Editions Zéraq - Notes de lecture

La mondialisation du Pacifique - Mickaël Rémond - Editions Zéraq - Notes de lecture

Posté par : LIVRES DE MER
07 October 2023 à 06h
676 vues
Flux-RSS

Notes de lecture :

La maison d’éditions Zeraq (du nom du quart le plus dur, de zero à quatre heures, car on n’a un temps de sommeil suffisant ni avant, ni après) est connue pour ses publications de bons livres de mer. Celui-là est d’un excellent niveau d’Histoire maritime. Appliqué aux explorations du XVIème siècle, le terme « mondialisation » avait été employé par le regretté historien André Lespagnol dans son dernier ouvrage. Mais l’ouvrage de M. Rémond traite moins de ces découvertes que de la recherche de la route de retour , la Tornaviage, depuis les Moluques (actuelle Indonésie), îles des épices. Outre les vents et courants déterminants pour les routes maritimes à ces époques, le traité de Tordesillas du pape Alexandre VI Borgia (1431-1503) en 1494 avait réparti les routes entre Espagnols et Portugais. Toutefois ce traité ne précisait pas si les Moluques étaient espagnoles ou portugaises ; ce ne sera tranché au profit du Portugal qu’au traité de Saragosse en 1529 sur la position de l’antiméridien de Tordesillas. L’objectif des Espagnols était alors d’éviter les eaux attribuées au Portugal pour atteindre le Pacifique sans contourner la pointe australe de l’Afrique dont le premier passage est attribué à Vaso de Gama en 1497. Il fallait donc trouver le passage vers l’Ouest entre le Pacifique et l’Indien en contournant cette barrière qu’était le continent américain que Christophe Colomb, en 1492, avait pris pour les Indes. Cette même quête conduira plus tard à la découverte du Horn (le passage du Drake) attribué à W.Schouten en 1616 à moins que ce soit Francisco Hoces en 1525. La figure illustre de cette quête d’une nouvelle route maritime fut Magellan, Portugais au service du royaume de Castille, qui passa en 1520 le détroit qui devait porter son nom mais fut tué avant le retour en Espagne. Avec une grande rigueur, le livre de M. Rémond, officier de marine marchande et donc avec une vraie vision de marin, ne se limite pas à Magellan mais évoque les autres expéditions moins connues de ce milieu du XVIème siècle. Une très riche bibliographie et des tableaux de synthèse très clairs ainsi que des cartes satisferont les chercheurs. Un livre incontournable pour comprendre ces routes maritimes dont les vents, les courants, le scorbut (un mort tous les deux jours à la fin de l’expédition de Espinosa en 1522), les fantaisies de la cartographie aussi bien que les financements et les querelles politiques ont fait l’histoire.

Jacques de Certaines pour la commission Livres De Mer

Voici un livre extrêmement intéressant car il fait le point sur la découverte d’une route maritime majeure bien que peu connue : la route du retour dans le Pacifique : celle du fameux galion de Manille. L’auteur détaille les 45 années qui séparent les premières tentatives infructueuses du succès et les peines inhumaines endurées par les équipages.

Il faut saluer ce travail remarquable qui synthétise et fait connaître au lecteur francophone cette aventure incomprise et non enseignée dans nos manuels scolaires.

Cependant, on aurait aimé plus de cartes de détail et générales pour situer Cebu et Ternate par exemple. De même certaines liaisons entre les voyages sont difficiles à suivre, comme si l’auteur avait eu l’obligation de condenser son texte. Cependant c’est exactement le livre qui convient dans la bibliothèque de bord pour tous les amoureux de l’aventure maritime.

Maurice Bénichou pour la commission Livres De Mer

Vous devez vous identifier pour laisser un commentaire : cliquez ici pour vous connecter .

The offshore cruisers community...