Notes de lecture :

Ce livre magnifique nous ouvre à deux battants la porte d’accès à un minuscule canot, à une double traversée de l’Atlantique nord à l’aviron, en 2021 et dans les deux sens, et à la personne de Guirec Soudée, un tout jeune marin-aventurier déjà connu pour un tour du monde par les deux pôles, en cinq ans, dont quatre mois d’hivernage sur la banquise. Une écriture rapide, précise, joyeuse, mais qui, l’air de rien, va rapidement à l’essentiel, nous entraîne irrésistiblement au cœur de ce bateau lilliputien confronté à un Océan infini de puissance et de forces négatives, au cœur de ce petit humain armé de ses seuls bras, mais aussi d’une prodigieuse vitalité nourrie par de solides racines d’amour, profondément reliées à la mer, aux réseaux familiaux et amicaux, et à la confiance.

Si le récit épuré des deux traversées successives constitue un fil conducteur bienvenu, celui-ci est habilement jalonné d’ouvertures sur l’histoire de Guirec, les galères, les réussites et les risques, le précieux nid familial de sa petite île bretonne, le lien avec le père trop vite disparu, l’affection réciproque qui le lie à la poule Monique qui l’a longtemps accompagné, le soutien de l’équipe de copains, l’amour d’une compagne discrètement évoquée. Ce tissage subtil et léger laisse au lecteur le bonheur de la découverte d’une belle personnalité, d’une aventure extraordinaire, et de ses ressorts.

Jean-Michel Sautter pour la commission Livres De Mer

Après son tour du monde par les deux pôles, et un hivernage au Groenland, Guirec Soudée décide à l’aube de ses trente ans de se lancer dans une nouvelle aventure : traverser l’atlantique à la rame. Cette fois-ci Monique, sa poule ne fera pas partie du voyage, elle restera en poulailler de retraite à Yvinec.

Son rameur mesure  8m de long pour 1,6m de large, et est construit en contreplaqué. Il est insubmersible (si toutes les écoutilles sont fermées bien sûr) mais non auto-redressable.

Guirec aura subi 2 dépressions, 2 retournements, et plus de 10 jours à la dérive, sur ancre flottante, enfermé dans 1,5m2 habitable où le manque d’air et l’humidité intense n’aura rien facilité. Il ne s’en plaint pas, c’est ce qu’il vient chercher dans ce type d’aventure.`

Et en mettant pied à terre à St Barthélémy le 26 février, Guirec, qui a perdu 9 kilos, annonce tout sourire qu’il compte bien faire le retour par l’Atlantique nord pour ramener lui-même son bateau en Bretagne, à la rame !

C’est le récit de cette aventure que nous découvrons dans ce livre. On y entre en lecture avec l’envie de ne pas le reposer avant d’en avoir terminé l’aventure à ses côtés. La détermination, le courage, l’humilité de Guirec nous touchent. La deuxième partie de l’aventure se révèle être bien plus difficile, vents contraires retournements, douleurs. Nous souffrons à ses côtés… et sommes admiratifs devant tant de courage. Il arrivera que quelques bateaux lui proposent de le prendre à leur bord, mais Guirec est fier et jamais n’acceptera. Il arrivera non sans difficultés, exactement là où il a décidé de toucher terre, dans sa Bretagne, via Ouessant.

Brigitte Eude pour la commission Livres de Mer