Les Canaries (1)

Posté par : Alain
20 July 2012 à 00h
Last updated 31 December 2014 à 14h
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Bonjour,
enfin de nos nouvelles !
Internet n'est en effet pas encore disponible dans tous les mouillages ...

Reprenons le fil de nos aventures : nous devions partir lundi 09 juillet à 6 heures du matin afin de profiter d'une météo clémente et de ne passer qu'une nuit en mer.
Mais ... la bouteille de gaz que nous avions mise à remplir à la capitainerie a du retard. Devant être livrée au départ le vendredi elle nous est promise le lundi à 10 heures et n'arrivera finalement qu'à 15 heures.

Donc départ le lundi 09 juillet à 15 heures.

Le vent est régulier en direction (Nord Est) et s'établit à 15 noeuds. Nous passons entre les deux îles "Deserdas" puis nous prenons notre cap définitif et installons notre régulateur d'allures.
La houle est désagréable hachée, forte et de travers. Elle nous arrose régulièrement, nous sommes vite trempés.
Le temps est mitigé un peu de soleil mais beaucoup de nuages.
Dans la nuit le vent forcit et s'établit entre 20 et 25 nœuds. Les quarts sont très pénibles, essentiellement à cause du froid (vivement les tropiques) et des paquets de mer qui se déversent sur le cockpit.
Je n'ose pas organiser ces quarts à l'intérieur du bateau sans pilote et avec un vent et une mer aussi forts.
Le lendemain l'équipage n'est pas en grande forme. En particulier Colette a très mal au dos, presque bloquée et moi pas loin.
Le capitaine essaye de remonter le moral de l'équipage sans grand succès.

Qu'est-ce qu'on fait dans cette galère, en plus on y est de notre plein gré !

Comme prévu, malheureusement la météo s'aggrave : le vent forcit au dessus de 30 noeuds et ne s'affaiblira pas avant notre arrivée.
Nous finirons avec la voile complètement affalée et le génois enroulé au tiers à une vitesse de 6 à 7 noeux dans une houle de travers de 4 à 5 mètres. Impressionnant !

We did it !

Trempés, fatigués, nous serons contents d'arrivés au mouillage de la belle "playa Francesa" (baie des français !) sur l'île de Graciosa.

1 mouillage playa Francesa.jpg

Les côtés positifs : le régulateur d'allures à bien fonctionné et je commence à bien connaître le bateau et ses réglages.
Le côté négatif : il va falloir convaincre l'équipage qu'un jour il fera beau et chaud, qu'un jour les traversées seront des formalitées avec vent et houle raisonnable.

Y a du boulot !

En attendant, nous décidons d'attendre une météo plus favorable à ce mouillage à priori tranquille.
Quand je dis tranquille, je veux dire sauvage avec sa belle plage surplombée par un petit volcan mais par contre il semble très venté (en ce moment entre 20 et 25 noeuds de Nord Est) mais pas rouleur.

Rangements, lessives, lectures, films seront nos occupations pour ces quelques jours.

Ce matin lundi 16 juillet nous profitons d'une petite accalmie pour partir vers Lanzarote après quatre jours de mouillage très décevants.

Il y a en effet tromperie sur la marchandise : on nous avait dit que les Canaries c'étaient déjà les tropiques, et bien non, c'est plutôt la Bretagne.


Certes le paysage est idyllique ce qui justifie sans doute le passage journalier de deux ou trois "promène touristes" qui déverse leur cohortes de "toutous". Mais le clîmat ! 19 degrés la nuit et 21 le jour, une eau à 21 degrés, un vent qui n'est jamais descendu en dessous de 20 noeux avec des pointes à plus de 30, un temps gris avec du crachin quelquefois et souvent de la brume !

Où est donc le climat "subtropical" des Canaries ?

Tout est dans le "sub" .

Eh là, c'est la quatrième dimension : après 5 heures de navigation musclée car le vent est revenu à plus de 20 noeuds et qu'avec le froid les pulls et les cirés étaient de rigueur, nous atteignons la côte Sud de Lanzarote.
Il y fait chaud : plus de 30 degrés, le vent est nul ou faible venant du Sud et l'eau est à 24,5 degrés. Mystère ...

Les microclimats sont de mise au Canaries.

Après avoir tenté le mouillage que les guides indiquent à l'entrée du port de Playa Blanca,

2 mouillage playa blanca.jpg

nous en sommes chassés pour cause de "sécurité du trafic" vers un mouillage plus sauvage un peu plus à l'Est devant la Playa das Mujeras.

3 mouillage playa mujeras.jpg

Fréquenté le jour mais désert la nuit, il se révèlera très agréable mais légèrement rouleur.


Je profite de l'occasion pour couper les cheveux de Colette qui a trop chaud. Eh oui ...


Ces conditions estivales nous permettent ensuite un bronzing et une petite baignade suivi d'une nuit très agréable.

Colette avant la coupe de cheveux.

4 bronzing playa mujeras.jpg

Le lendemain 17 juillet, nous partons vers 8 heures en direction de Fuerteventura où nous longeons sa côte Ouest.

La côte est assez monotone et ressemble partout à ça.

5 cote sud Fuerteventura.jpg

Encore une fois, les conditions météo sont curieuses. Comme dit Colette, on alterne la Bretagne en hiver et la côte d'azur en été. On passe de 20 à 30 degrés de température ambiante ; le vent tourne à 180 degrés en une heure et passe de 4 noeuds à 40 noeuds en dix minutes !


Nous tentons de gagner le mouillage de Gran Tarajal que notre guide nous conseille. Malheureusement celui-ci n'existe pratiquement plus. Des bouées de protection de la baignade ont été installées très au large et le peu de place qui reste au large est très venté (25 noeuds).


Nous rebroussons donc chemin vers l'Est pour un petit mouillage devant la plage de Las Playitas.
Repoussés par les bateaux locaux et les bouées de baignade, nous nous installons en face d'une petite plage à l'ouest du mouillage recommandé.
Tout va bien, nous sommes très bien abrité, l'eau est claire.

Joli mouillage en apparence !

6 mouillage las Playitas.jpg

Je fais une petite reconnaissance avec masque et tuba pour voir l'ancre et je constate que le fond est très mauvais : plein de rochers autour desquels s'est déjà entouré la chaîne.
Je suppute un départ difficile demain !


Mais dans la nuit c'est la catastrophe !!


Le vent a tourné et forcit (25 noeuds), plein Sud !! Une houle se lève assez forte et la chaîne est coincée très court.
Les chocs monstrueux sur celle-ci torde la main de fer qui la retenait et je dois lâcher un peu de mou pour ne pas perdre le guindeau et/ou casser la chaîne.

La main de fer tordue : quels chocs !

7 main de fer tordue.jpg

Le problème se reproduit plusieurs fois car la chaîne se coince court à chaque fois que je l'allonge. De plus la côte est de plus en plus proche, à marée basse, et le sondeur nous indique que nous nous rapprochons dangereusement du fond.


J'ai alors l'idée d'utiliser une astuce qu'Antoine indiquait dans un de ces livres quand il mouillait au milieu de patates de corail. J'attache un pare-battage à la chaîne et j'en lâche à nouveau 4 à 5 mètres : miracle cela fait office d'amortisseur sans crocher les rochers.


Par précaution, je couche dans le cockpit avec le moteur au ralenti.


Le lendemain, frigorifié par cette nuit à la belle étoile, le travail le plus dur et le plus dangereux reste à faire : libérer le chaîne.


Après avoir dégagé pendant une heure à la main et en apnée par 6 à 7 mètres de fond ce que je peux (mains en sang et épuisés) et donc après m'être fait très, très peur (les mains coincées par la chaîne m'auraient sans doute coûté la vie ...), une partie reste très fortement coincée sous un rocher et je doute beaucoup de pouvoir la dégager.


Heureusement plusieurs essais au moteur dans la bonne direction et c'est la libération ...


Nous n'avons perdu dans l'opération que la gaffe qui est sans doute passée à l'eau dans le feu de l'action.


Cette fois-ci nous décidons de gagner le port de La Palmas de Gran Canaria où nous devons retrouver notre fille le 24 juillet. Les mouillages des Canaries, ça suffit ...

De nouveau, c'est n'importe quoi le long des côtes (vents, houle et soleil à géométries variables) puis nous entamons la traversée vers Gran Canaria.


Et là, c'est le pompon : un vent qui ne descend pas en dessous de 20 noeuds et surtout une houle hachée et forte pratiquement de face ou de travers.
Nous sommes arrosés en permanence et arriverons trempés et gelés malgré nos cirés.

Nous aurons mérité notre arrivée au port.


L'installation sera difficile à cause d'un "marineros" du port qui croyant bien faire avec son zodiac me pousse à contre-temps (les pendilles ne sont pas passées loin de l'hélice).


Par contre la bonne surprise sera les prix du port : 126 euros les deux semaines !!!
Nous allons pouvoir préparer tranquillement le bateau pour la suite de nos aventures dans des endroits beaucoup moins civilisés.

8 continent port.jpg

Après une semaine difficile et une dernière journée riche en émotion, le retour à la civilisation est apprécié.

Colette avec sa nouvelle coupe de cheveux.

9 colette restaurant.jpg

Une petite reconnaissance vers la plage à côté de la marina (au fond sur la photo) pour accueillir notre petite fille Mina.

10 plage Palma.jpg


Puis repos, repos, repos ...

Avant de clore, je tiens à préciser pour ceux qui suivent nos aventures que même les moments difficiles que j'évoque dans ce blog deviennent des souvenirs enrichissants et positifs avec le recul.


A bientôt

Je vous conseille un restourant, ou je me suis trouvè tres bien, tipiqua Canarios, a las Palmas: El Heerno (l' habitant de hierro), a 5 minutos de taxi dal puerto, tous les taxis le connaissent, tre bonne cuisine et bons prix. Bonnes Canaries Mario

merci pour le tuyau !

Je vous admire tous les deux. Je pense que je n'aurai jamais le courage de faire ce que vous êtes en train de faire. Je me faisais du souci de ne plus avoir de nouvelles. Je pense beaucoup à vous et j'espère que tout se déroulera bien à l'avenir. Profitez bien de votre fille et de vote petite fille. Bisous.

Wouaou ! Bravo ! Je suis en admiration ! Je voyais votre voyage comme de belles "promenades" en mer mais je vois que ce n'est vraiment pas un long fleuve tranquille que vous affrontez. Bon courage et bonne continuation. J'aime beaucoup le "dédoublement de personnalité" de capitaine courage !

J'aime bien votre blog, il vous laisse cette remarque pour vous aidée à le maintenir à jour.

Je partage votre conseils du sujet, et je vous suis vraiment reconnaissant d'avoir donnée autant de renseignement sur votre blogging.

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