Avant de partir, je m’interrogeais sur ma capacité à supporter la durée de cette traversée : 25 jours, peut-être plus…25 jours et 25 nuits  rythmés par ce petit moment d’anxiété qui m’envahit juste après le  coucher du soleil, quand la pénombre s’installe , 25 navigations de nuit, dans l’attente de l’aube .

Mais la vie en mer a profondément modifié ma perception du jour et de la nuit, et du temps qui passe.

A terre, quand le soleil se couche, c’est comme un arrêt sur image. Silence. On dort.

En mer, la vie continue, comme si de rien n’était. Le soleil passe le relai aux étoiles, qui s’allument les unes après les autres, puis à la lune, qui veille. Le vent continue à souffler. Les nuages galopent dans le ciel. Le bateau poursuit sa route, toutes voiles gonflées, l’eau glisse le long de la coque, et nous veillons, jusqu’à ce que le ciel palisse, rosisse, et s’illumine  à l’Est. Et ce mouvement immuable, d’Ouest en Est, m’a fait perdre le compte des jours, et le fil du temps qui passe.

Marie