Les manoeuvres la nuit

Posté par : Bernard
08 December 2011 à 14h
Last updated 20 November 2014 à 07h
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Lundi 21 novembre

Latitude 20°20’59N

Longitude 26°53’29W

 

Quand j’ai pris mon quart, à minuit, tout allait bien. Tam-Tam avançait bien sous grand-voile haute et génois tangonné, en ciseaux. Le vent d’Est soufflait à 15 nœuds, la mer était peu agitée, le ciel étoilé.

Vers 1h, le vent a forci, avec quelques rafales à 18 nœuds. Des nuages noirs galopent dans le ciel. Les étoiles ont disparu.

Je le réveille ? Je le réveille pas ? Bon, restons zen. Je réduis le génois, avec l’enrouleur, c’est facile.

Et puis, des feux sont apparus sur tribord, à 30°.Un cargo ! Zut ! Nous n’en avons pas vu depuis des jours. Feu blanc… et rouge. Pas de chance ! Celui-là, c’est sur, si je continue ainsi, dans dix minutes, je l’ai devant le nez. Certes, je suis prioritaire, mais il est nettement plus gros que nous, et avec mes voiles, en ciseaux, je ne suis pas manoeuvrante.

Je l’appelle ? Je l’appelle pas ? Bon, pas de panique !

Et l’anémomètre qui monte à 18…20…22 Nœuds, et tout à coup, départ en surf, speedo à 8,5 Nœuds, et là, j’assure plus du tout. Et je crie, fort, pour qu’il monte, et vite.

En moins d’une minute, il est là, en ciré et harnais, et d’un calme olympien !

« Ok, on prend un ris. »

Je suis soulagée, même si la prise de ris au milieu de la nuit, franchement, je ne  suis pas fan.

Le décor ? nuit noire, mer noire avec de l’écume qui court à la crête des vagues, éclairage blanc assuré  par le feu de pont. Bruitage ? sifflements du vent, vagues qui éclatent, grincements du bateau, et autres…

Bernard est au pied du mat, moi à la barre. Je dois remonter au vent pour soulager sa manœuvre. La bonne grosse houle qui venait de l’arrière devient beaucoup plus agressive quand on la prend sur le travers. Les vagues nous baladent, éclatent sur le pont. L’écoute de grand-voile et le hale-bas sont choqués et la bôme balaie le pont, les voiles claquent. Le vent siffle plus fort.Ca tape, ça bouge, ça fait du bruit, ça mouille.

Et moi, je m’accroche à la barre pour essayer de maintenir le bateau dans le lit du vent, en faisant des prières pour que Bernard ne prenne pas un coup de bôme sur la tête et ne tombe à l’eau, mais de toutes façons, il a plus confiance  dans son harnais que dans mes prières, et il l’a fixé au balcon du pied de mât.

J’ai hâte que tout cela finisse. Et lui, tranquille, il étarque sa grand-voile, son ris, love ses drisses, range proprement le pied de mat, le pont!

Ouf ! c’est fini !

« Ca va mieux comme ça ? »

Oui, ça va mieux

Mais finalement, l’idée de la grand-voile à enrouleur ne me parait plus si hérétique que ça

Marie

 

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