La couleur des étoiles (11 février 2014)

La couleur des étoiles (11 février 2014)

Posté par : CSO
13 February 2014 à 00h
Last updated 22 October 2014 à 14h
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1559690757[1].jpgSi la froide clarté d’Orion illumine le ciel d’hiver, attardons-nous un instant sur la couleur de ses deux éléments les plus brillants, Betelgeuse et Rigel. Dans une note précédente, j’avais posé les jalons pour retrouver ces deux astres de première grandeur. La première est nettement plus rouge que la seconde et cela peut se remarquer malgré la pollution lumineuse de nos villes.

Mais enfin, si le ciel ne ment jamais, les étoiles savent parfois très bien le faire. Betelgeuse… avec un B comme bleu et Rigel avec un R comme rouge ? Justement non, au contraire, la bleue, c’est Rigel. Ce nom vient d’une mauvaise translittération de l’arabe Al Rijl, "le pied", par les traducteurs au Moyen Age.

Image1.jpgCertains astres sont donc colorés. Ce phénomène est connu depuis l’antiquité. Ainsi la tablette ci contre exhumées lors des fouilles de la bibliothèque d’Assourbanipal dans la ville de Ninive compte sept Tipkis (teintés). Ce document est important car il en existe plusieurs copies, et cela permet d’en reconstituer le texte corrompu par les irréparables outrages du temps.

Ces sept Tipkis ne sont pas toutes visibles en ce moment, mais nous pourrons également noter l’éclat orangé d’Aldebarran, dans le Taureau. Sept est un nombre sacré, on dénombre aussi sept Mashû (doubles), dont bien sur les Grands Jumeaux (mas-tab-ba-gal-gal ), Castor et Pollux. Cette dernière se distingue par sa nuance rougeâtre.

Enfin, les sept Lumashi indiquent par leur apparition à l’aurore le moment des solstices et des équinoxes. Ainsi Sirius, nommée ici KAK.SI.SA, "La Flèche" se levait-elle à l’aube au début de l’été, annonçant alors la crue du Nil et le retour de la mousson.

La couleur de Sirius, justement, fit couler beaucoup d’encre.

En effet, notre découpage des constellations fut définitivement fixé au troisième siècle avant notre ère par Aratos. Son poème, Les Phénomènes, connut un succès immense il fut traduit en latin par de nombreux auteurs, et non des moindres, comme l’empereur Germanicus Cæsar, Hyginus… et Cicéron ! Ce dernier était probablement meilleur juriste qu’astronome, et sous sa plume "l’extrémité de sa mâchoire remarquable à une étoile ardente que les hommes appellent Sirius" devint "Stella rubrum cum lumine claret" (L’Etoile [du Chien] brille d’une lumière rouge).

Par la suite, et jusqu’à la Renaissance, les copistes européens vont retrouver cette étrange coloration dans la livrée de Sirius. Et pourtant, nous le voyons bien cet astre si lumineux est blanc ! Cela fut, on s’en doute, à l’origine de bien des spéculations dans le monde des astrophysiciens. Mais en réalité, les savants musulmans qui ne connaissaient que la version originale, des traités grecs n’incluent jamais Sirius dans leurs listes d’étoiles colorées.

Le ciel ne ment jamais, certes, encore faut-il prendre le temps de l’observer !

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