15'120 milles en 311 jours, check !

15'120 milles en 311 jours, check !

Posté par : Michael
13 Février 2015 à 20h
Dernière mise à jour 12 Mars 2015 à 17h
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Colonia del Sacramento, terminus ! tout le monde descend …

C'est sur les rotules qu'on est arrivé tout au fond du Rio de la Plata en Uruguay, mais quel atterrissage. La dernière étape d'Igamor on a long long trip nous a menés de Punta Arenas la patagonne, de retour dans l'Atlantique et droit vers le Nord en suivant le bord de la plaque continentale à travers toute une série d'isothermes.

Le guide a su nous mettre l'eau à la bouche avec un très efficace : « worst conditions a yacht is incline to encounter ». Raison pour laquelle on a sauté sur la meilleure fenêtre météo possible, sans forcément prendre le temps de bien se reposer après ces deux mois intenses en Patagonie.

On n'attendait de cette navigation hauturière seulement qu'elle nous amène à bon port en toute sécurité, mais l'esprit de l'aventure ne nous a pas lâché aussi facilement et c'est à plus d'une occasion qu'on a été surpris, effrayé et émerveillé.

On parle d'une dépression tous les jours et demi, avec des fronts froids à 40-50 nœuds ... on n'en a pas eu une seule en 12 jours et l'anémomètre a atteint son plafond avec un mini pampero dans le Rio de la Plata à un petit 27 nœuds !

Le retour dans l'Atlantique a été marqué par la découverte de magnifiques dauphins blanc et noirs qui nous ont suivi pendant des heures (toninas overas, voir les photos). On a adoré revoir la faune du large, avec ses oiseaux et également un rorqual commun curieux venu à seulement 20m du bateau. On a été étonnés de voir qu'il y avait encore des manchots et des lions de mer à quasiment 100 milles des côtes.

Le fait divers qui a fait frissonner nos mamans s'est produit un des premiers soirs, alors que pour je-ne-sais-quelle-raison on avait décidé d'aller barrer au clair de lune. Quelques minutes plus tard j'entends : « y a le feu au moteur, de la fumée sort des bouches d'aération ! » Le moteur était éteint depuis quelques heures déjà, mais j'ai empoigné l'extincteur et ouvert le capot de la descente pour éteindre les flammes. C'était un court-circuit provoqué par un petit panneau qui a rompu ses attaches, qui a mis le feu à l'huile qui suinte de partout. Après avoir coupé le coupe-circuit et ouvert les hublots pour aérer, on n'avait plus qu'à laisser notre peur s'écouler lentement … on a eu une chatte monstre !

Sans moteur, on n'a pas eu d'autre choix que d'endurer les calmes. C'est ainsi que pendant quatre jours de suite on n'a pas réussi à aligner 100 milles par 24h et qu'il a fallu se battre avec les risées pour avancer.

Au large de l'Argentine et des Malouines, à des centaines de milles des côtes, il y a une zone où l'AIS se remet soudainement à crépiter frénétiquement. Il y a là des dizaines et des dizaines de bateaux de pêche de toutes les nationalités qui viennent profiter des eaux poissonneuses. J'avais déjà vu des bateaux de pêche, mais ici ils font en moyenne 60m et sont accompagnés de cargos frigorifiques qui conditionnent le poisson sur place. On a traversé, comme invisibles un groupe de bateaux chinois qui semblent pêcher avec plus de 100 lignes chacun et équipés de tellement de lumière qu'on les voit de derrière l'horizon ! Ecoeurant.

Une fois Mar del Plata atteint et en vue, on se croit déjà arrivé, mais ce sont surtout les 40èmes qui sont derrière et d'agréables 20 degrés qui nous font jouir de plaisir. Il faut encore trois jours pour remonter le delta du Rio de la Plata avec les cargos qui suivent leur étroit chenal dans cette immense étendue d'eau profonde de seulement 5m ! Juste le temps de réparer le moteur et profiter de dormir sous les belles étoiles et sous voiles :-D.

Colonia, un petit joyau aux ruelles pavées et à l'architecture coloniale portugaise ; une bien plus douce transition que d'arriver directement à Buenos Aires par exemple.

On dort 12 heures par nuit et l'après-midi c'est sieste, autant vous dire qu'on avait accumulé un peu de fatigue. Donc pour ceux qui disaient que faire 15'120 milles en 311 jours c'était impossible, ben non c'est possible, mais faut prévoir des vacances après ;-)

Bientôt il sera temps de voir comment on vit après un tel voyage ou si la fondue moitié-moitié et le foie-gras de canard ont toujours le même goût. Sûrement pas, mais ça c'est une autre histoire.

Igamor va bravement rester tout seul ici un moment, le chanceux ! Peut-être que quelqu'un voudra l'acheter pour l'emmener faire un autre voyage magnifique (il est partant, contactez-moi) ou sinon il m'attendra pour continuer le voyage vers le Nord un autre jour.

Merci à vous de nous avoir suivi, c'est un plaisir de partager tout cet émerveillement et ça nous a bien aidé dans les moments moins faciles.

On vous embrasse très fort, à bientôt pour ceux qui sont par chez nous et bon voyage aux autres !

Michael

P.-s. Le douanier de Colonia me demande mon numéro de licence de capitaine, je lui dis que j'en ai pas, il me rétorque que si j'en ai pas, j'ai pas le droit de naviguer … j'ai ri.

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