Bernard MOITESSIER est enterré au Bono à coté de chez moi.
Si j'admire les performances du marin, j'apprécie beaucoup moins l'homme.
Sa conduite avec sa femme Francoise et vis à vis de ses enfants est proprement inqualifiable, et cela n'a pas toujours été mieux
avec celles qui ont suivi.
Sa conception de la navigation est tout de même particulière : il s'est souvent comporté comme un clochard de la mer vivant aux
crochets des autres, n'hésitant pas à tuer des oiseaux de mer protégés assurer sa pitance. commettre de petits larcins sous
prétexte que voler aux riches ce n'est pas voler, ... Faire aujourd'hui le tiers de ce qu'il faisait et c'est la tôle immédiatement
Il doit tout à de généreux donnateurs sans qui il n'aurait rien pu faire, mais que leur a-til rendu ?
Moitessier reste pour moi un excellent marin mais aussi le champion du monde toute catégorie de l'égoïsme et du pique-assiette
qu'un statut de pseudo-gourou lui permettait d'assurer.
Voilà deux interventions dont on peut à juste titre, me semble t'il, trouver de quoi être dubitatif.
En quoi connaissez vous parfaitement la vie intime de Bernard Moitessier et de sa femme pour porter un jugement aussi
expéditif ? Qui vous dit s'il n'y a pas eu commun accord.
Et surtout, comme toujours avec ceux qui marquent leur époque et laisse une empreinte éternelle, l'oeuvre laissée par
Moitessier, survole de loin ces acccusations qui ne servent à rien.
Ainsi, le peintre Vincent van Gogh, était est un personnage assez invivable, imprévisible, et difficile à "gerer".
Ceci est entré dans l'histoire et seul compte maintenant l'oeuvre immense qu'il a laissée.
Qu'on le veuille ou non, que l'on admire Moitessier ou pas, celui-ci a pris une importance considérable dans la marine de
plaisance. Et il restera LE nom dont on se souviendra quand les autres auront disparus.
Car par dela même le marin, mais aussi l'homme qu'il était, avec ses qualités et ses défauts, il représente un archétype
qui s'inscrit dans l'inconscient collectif des individus : la quête de la liberté et la recherche d'absolu. Le retour aussi
à l'élément primitif, et la plongée dans nos racines.
Son parcours dépasse ainsi le cadre de la mer pour s'inscrire dans celui de ces hommes d'exception qui jalonnent l'Histoire...
Avec tout le respect que l'on doit aux disparus...
Bernard a été "un" parmi d'autres, ces autres qui eux n'ont pas eu l'occasion d'écrire leurs aventures à une époque où toute
un population les attendait...
Tant mieux pour lui, les autres se sont débrouillés et ont continué leur sillage sans être aussi connus !
Une interrogation quand même sur le refus de Françoise d'apporter son témoignage dans le livre écrit par Véronique...
Il y a longtemps que j'ai lu "Le cap Horn à la voile", il me semble que Bernard parle bien plus de son bateau, de sa
navigation, des ses états d'âmes, que de sa compagne ?
Peut-être ne veut-elle pas entacher l'image du "gourou" !
Comme certainement la plupart d'entre vous, j'ai lu les bouquins de Moitessier et ne l'ayant jamais rencontré, je ne le connais
qu'à travers ses écrits. C'est déjà pas mal, mais c'est bien peu pour parler de lui ou même de ses intentions. Je m'exprimerai
donc en général, en tentant d'ouvrir une problématique qui nous concerne tous et qui par la même occasion pourra peut-être
nous permettre de nous glisser dans la fente et y voir un peu plus clair dans les choix certes discutables mais certainement
difficiles que Moitessier a fait au cours de sa vie. Il me semble qu'il ne faut pas prendre le problème par le petit bout de la
lorgnette, mais considérer que la liberté est qu'on le veuille ou non ce qui caractérise la condition humaine. Condamnés à être
libres disait Sartre. C'est tout à fait cela. La liberté n'est pas le joli champ de coquelicots où l'on danse jusqu'au crépuscule sans
se soucier du lendemain, mais plutôt l'abandon dans lequel on se trouve face au choix que nos vies nous somment de faire. Et
pour ce qui est d'une existence, le fait d'être marié ou pas, ne me semble pas résoudre le problème de lui-même. Face aux choix
cruciaux de notre propre existence on est seul. Et on ne peut faire ces choix graves que seul, car faire un choix en faisant
intervenir une tierce personne, on ne choisit plus vraiment et on risque de se perdre en regrettant de ne pas avoir usé de son
libre arbitre. Qu'en est-il alors de la responsabilité, des liens sacrés du mariage? Vous savez si l'on a une conscience aigue du fait
que l'on a que quelques décennies à passer sur cette terre (et ses mers et océans bien entendu), avant de retourner dans le
néant pour une éternité (qui n'existe même pas d'ailleurs), alors il faut bien tenir compte que ce qui était vrai hier, sera peut-
être tout autre demain. Les chemins se croisent, se suivent et se séparent. Les personnes évoluent différement, et il me
semble plus malhonnête et terrible de passer une vie entière avec quelqu'un en lui faisant sentir le regret que l'on a de ne pas
avoir fait le bon choix que de reprendre sa route seul en essayant de faire comprendre ce choix. Et choisir la solitude n'est pas
un choix facile. Mais qui a dit que choisir de vivre dans l'authenticité, pour se sentir exister un peu était facile? Alors pour en
revenir à Moitessier, grand marin certes, chanceux de toutes les aides qu'il a reçues ok, égoïste et profiteur, "pique-assiette",
pour reprendre les termes de l'un de vous, permettez-moi d'en douter un peu, même si j'ai pu moi aussi me poser la question.
Pour avoir lu attentivement et tenter même de lire entre les lignes, il me semble avoir compris que son choix de ne pas retourner
en Europe lui a donné bien du fil à retordre pendant des jours et des semaines lors de son tour du monde. Et l'on ne peut
vraiment comprendre ce choix que si on lit son autobiographie. Ne pas retourner en dans le monde occidental, ne pas se laisser
engrainer par tout ce bourbier que l'on est peu à pouvoir réellement quitter, donner un sens à quelque-chose qui dépasse
l'intérêt personnel, voilà ce qui me semble transpirer de ses lignes. N'oublions pas qu'après avoir trimé deux ans sur son
bouquin, il décide de céder ses droits au Vatican.Alors penser que ce type complexe et toujours angoissé de donner un sens à
sa vie et de relever un peu le niveau de la vie humaine, ne savait que prendre des deux mains avant de mettre les voiles pour
aller sous d'autres cieux sans dire merci, me semble un peu réducteur. Est-ce que je me trompe en pensant que la société est
autre chose qu'une meute d'individus qui marchent en parallèle, en prenant bien garde de recevoir d'une main ce qu'ils viennent
de donner de l'autre? Dites-moi si il est inconcevable de croire que ce que l'un m'a donné aujourd'hui je le rendrai à l'autre
demain. Parce-que c'est de ça quil s'agit: Moitessier n'avait pas oublié le geste du gars qui avait payé pour réparer Marie-
Thérèse qui prenait l'eau alors qu'il n'était qu'à Singapour, sans un sou. Une fois connu, sûr de faire un paquet de fric avec son
bouquin, il ne va pas trouver ce type pour lui payer sa dette. C'eût été minable en fait, puisque de là était parti tout ce qui est
venu après. Alors cette part d'humanité qu'il avait croisé ce jour-là, il y croyait tant qu'il a tout donné pour l'humanité. Vous-
souvenez-vous de la fin de l'histoire? Ah naïfs que nous sommes à croire importantes toutes ces questions de responsabilité face
à l'être-aimé quand cela ne regarde que les personnes concernées, alors qu'aujourd'hui en 2008 notre planète exangue ne sera
peut-être plus en mesure d'habriter nos petits-enfants, issus de couples responsables. S'il-vous plait laissons les questions
subalternes qui ne nous concernent pas et ne jetons pas la pierre à quiconque tente de sortir du troupeau... Bon vent à tous...
Je crois que nous n'avons pas à juger si telle ou telles autres choses qu'il a fait était correct ou pas. Moistessier était un gars
blessé par son adolescence, il n'avait plus vraiment d'identité. Certes il était français de par ses parents, mais dans sa tête il
n'était pas plus français que moi. L'indochine n'existait plus alors qui était-il. À partir de là j'ai l'impression qu'il a cherché toute sa
vie à faire son nid et à proner la liberté. Qui de nous feraient ses navigations avec les moyens qu'il avait à l'époque,
probablement aucun! Regardons ce que nous avons sur nos voiliers comparé à ce qu'avait ce pauvre homme. Il avait un
bateau, un sextan et à peu près rien d'autre. Je n'ai pas à juger l'homme je ne le connais pas, mais je sais que le marin en était
tout qu'un! Régis
pour avoir croisé moitessier a tahiti en 83 , il ne parlait a aucun autre navigateur , et poutant a l epoque ont avaient des
bateaux tres simple , de toute les lectures de ses livres il en resort un grand egoisme de sa part , par contre grand marin c est
sur
Je ne vois pas pourquoi on devrait reprocher à Bernard Moitessier d'avoir été un vrai solitaire.
Qu'il n'est pas eu envie de côtoyer ces congénères, c'est un choix à respecter.
Et puis il laisse une ?uvre et une empreinte que seul quelques marins ont su produire.
ce qui me fait pardonner de lui tout ce que je peux entendre qui vient ternir son parcours.
Pour moi quand j'ai commencé à naviguer au début des années 80, il y avait deux modèles. Tabarly et Moitessier. Tabarly
représentait l'image de la compétition, de la combativité, de la pugnacité. Celui qui allait au bout de ses courses et qui ne
renonçait pas en route. Moitessier représentait le beatnik, celui qui vivait sur le dos de la société tout en la critiquant, celui qui
crachait dans la soupe en s'engageant dans une régate et en l'abandonnant au moment de la gagner, celui qu pensait
révolutionner le monde avec quelques idées marginales (apprendre comment mieux vivre à des polynésiens qui n'en avaient rien
à faire) Pour moi il n'y avait pas photo, le héros était le premier, Tabarly, celui qui a bouclé la boucle, qui après une vie de
régatier, après avoir apporté maintes innovations qui servent aux voiliers que nous utilisons, est revenu naviguer sur Pen Duick
le bateau de son père qu'il avait conservé toute sa vie et restauré.
Après des années pendant lesquelles j'ai passé mes WE et mes vacances à faire de la croisière, puis dix ans à faire de la régate,
aujourd'hui, l'âge de la fin d'activité professionnelle étant arrivé, je vis et je navigue sur un bateau de grand voyage.
j'ai lu Tamatave et mieux accepté son auteur.Mais aujourd'hui, il n'y a toujours pas photo. Tabarly restera le plus grand.
s'il faut être un clodo égoïste et assisté perdant ses bateaux de bric et de broc sur les cailloux pour être un grand homme
et un grand marin, je me contente bien d'être tout petit
Heureusement qu'on a des Tabarly sponsorisé par l'armée pour redorer notre blason ...
Les "Clodos" a la Moitessier, ca fait tache ..dans l'univers des yachtmen en pantalon blanc et les docksides à la mode....et en
plus ya meme pas une marque de claquos sur son bateau....
Moitessier était sans aucun doute un homme génial au regard de ce qu'il a fait en matière de navigation, de vie, et d'écriture. Ses livres ont fait planner des milliers de personnes, dont je fais partie, et ont déclenché des vocations, pas seulement de marins, mais aussi de liberté. Pour cette raison et en ce qui me concerne, il a même prit part à la création de ma boite (lien ci joint) , alors Merci Bernard !
Toutefois... Force est de constater que ce n'est pas très reluisant coté morale, surtout pour ce qu'il fait subir à Françoise qu'il "oublie" en métropole en oubliant également les trois enfants qu'il a adoptés en l'épousant... On a beau adorer les livres de Moitessier, comprendre qu'il a un peu débloqué pendant son tour du monde virgule 5... On aurait apprécié que dans Tamata et l'Alliance, il y ait un peu plus de reconnaissance sur la peine qu'a pu causer un comportement irresponsable et immature, et des excuses appuyées sur le sujet.
Il y a chez cet homme une part géniale et une autre lamentable, que chacun dosera en fonction de ses propres valeurs
Je retiendrai de MOITESSIER une grande revélation qui a nourrit l'imaginaire de génération de futur navigateur: c est le premier navigateur poète et peut etre le seul qui a navigué heureux d'être au grand large pendant des mois, celui qui a ressentit la poèsie du grand large et qui a su le dire dans ces livres, celui qui a refusé le retour vers l europe et ses contraintes pour aller encore plus loin au bout de ses rèves.....biensur les rationalistes de tout bord ne peuvent pas s'en satisfaire mais qu'importe.
Et comme j'estime que tu as manqué de respect vis à vis de ma parole, je restitue le dialogue :
Hélies22 : "Rationaliste... ben voyons ! Vous avez oublié un énorme détail : on ne peut pas refaire l' histoire même si on est poête ou rêveur."
Lorenzo : "L'histoire, qu'est ce que vous en savez de l'histoire ?"
Hélies22 : "Moi rien je ne connais rien de l' histoire de cet homme, en plus j' aime pas la mer, j' aime pas les bateaux, j' aime pas les rêveurs, j' aime pas les poêtes et pire encore je déteste la musique... comme j' ai payé mon abonnement à STW alors je reste !"
Lorenzo : "La vie personnelle des écrivains, des artistes, des voyageurs/poètes/philosophes m'intéresse très peu.
Seul compte ce qu'ils laissent derrière eux."
Hélies22 : "Voilà j' ai enlevé tous mes messages je te laisse avec ton Dieu... amen !"
Moitessier etait forcément comme tout à chacun, avec des qualités et des défauts, les unes ne masquant pas les autres mais formant un ensemble de personnalité qui raisonnent différement en fonction des sensibilités de ceux qui le lisent....
On n'attend pas d'une oeuvre qu'elle soit élligible qu'à la condition d'avoir été produite par un homme parfait, sans quoi tout serait à jeter dans toute la litterature... Et puis celui qui écrit le livre se donne forcément le beau rôle, voici une petite anecdote à propos de Bernard Moitessier qui le montre :
- Tout le monde connait son bateau Joshua...
- Un jour, j'écoute une interview de Françoise Moitessier concernant son livre de 60.000 miles etc.. qui commence par une partie où elle raconte sa vie avec Bernard. Le journaliste lui pose quelques questions sur son ex Mari, et elle lâche à propos du futur bateau de Bernard "figurez vous qu'il voulait l'appeler Marie-Thérese 3, du nom de sa première fiancée, alors que nous venions de nous marrier !, S'en est suivi une dispute homérique car que m'y suis formellement opposée, le menaçant de ne jamais mettre les pieds dessus s'il persistait"
- Ce qui donne écrit par Bernard : J'ai "choisi" de l'appeler Joshua en hommage au grand navigateur Joshua Slocum....
Mon propos n'est pas de blâmer, je n'ai sans doute pas le talent d'écriture pour me faire bien comprendre.
J'adore les livres de BM, ils m'ont fait planner et naitre des envies et vocations qui ont compté dans ma vie.
Le fil de démarrage de ce message était "que pensez vous de l'homme, n'est il pas lamentable par son comportement humain ?", et je tente de m'inscrire dans cette réponse en disant qu'effectivement lorsque l'on creuse un peu derrière les livres, tout n'est pas reluisant, mais ce n'est que la nature humaine, ni plus ni moins... et il y a une différence entre l'oeuvre, et une pseudo perfection que serait à attendre de l'auteur.
Le blame, je ne le voyais pas forcément dans ton esprit, why not, mais comme une réaction possible chez tout à chacun, à la découverte de cette anecdocte.
****
Il y aurait cette tendance à vouloir qu'un homme tende vers l'exemplarité à partir du moment où il est devenu public.
Où est le seuil de l'inacceptable ?
L'écrivain Céline serait peut être de l'autre coté du seuil.
Et pourtant, "voyage au bout de la nuit" reste un roman extraordinaire.
Il serait dommage de passer à coté de sa lecture.
De même Fiodor Dostoïevski était antisémite.
Henri de Monfreid a fait du commerce d'esclave.
Charles Trénet a continué de chanter sous l'occupation.
Et j'en passe…
Bernard MOITESSIER est enterré au Bono à coté de chez moi.
Si j'admire les performances du marin, j'apprécie beaucoup moins l'homme.
Sa conduite avec sa femme Francoise et vis à vis de ses enfants est proprement inqualifiable, et cela n'a pas toujours été mieux
avec celles qui ont suivi.
Sa conception de la navigation est tout de même particulière : il s'est souvent comporté comme un clochard de la mer vivant aux
crochets des autres, n'hésitant pas à tuer des oiseaux de mer protégés assurer sa pitance. commettre de petits larcins sous
prétexte que voler aux riches ce n'est pas voler, ... Faire aujourd'hui le tiers de ce qu'il faisait et c'est la tôle immédiatement
Il doit tout à de généreux donnateurs sans qui il n'aurait rien pu faire, mais que leur a-til rendu ?
Moitessier reste pour moi un excellent marin mais aussi le champion du monde toute catégorie de l'égoïsme et du pique-assiette
qu'un statut de pseudo-gourou lui permettait d'assurer.
Claude
Voilà deux interventions dont on peut à juste titre, me semble t'il, trouver de quoi être dubitatif.
En quoi connaissez vous parfaitement la vie intime de Bernard Moitessier et de sa femme pour porter un jugement aussi
expéditif ? Qui vous dit s'il n'y a pas eu commun accord.
Et surtout, comme toujours avec ceux qui marquent leur époque et laisse une empreinte éternelle, l'oeuvre laissée par
Moitessier, survole de loin ces acccusations qui ne servent à rien.
Ainsi, le peintre Vincent van Gogh, était est un personnage assez invivable, imprévisible, et difficile à "gerer".
Ceci est entré dans l'histoire et seul compte maintenant l'oeuvre immense qu'il a laissée.
Tu as parfaitement le droit, Hervé, d'exprimer tes pensées sur Moitessier.
C'est ça la liberté d'expression.
Qu'on le veuille ou non, que l'on admire Moitessier ou pas, celui-ci a pris une importance considérable dans la marine de
plaisance. Et il restera LE nom dont on se souviendra quand les autres auront disparus.
Car par dela même le marin, mais aussi l'homme qu'il était, avec ses qualités et ses défauts, il représente un archétype
qui s'inscrit dans l'inconscient collectif des individus : la quête de la liberté et la recherche d'absolu. Le retour aussi
à l'élément primitif, et la plongée dans nos racines.
Son parcours dépasse ainsi le cadre de la mer pour s'inscrire dans celui de ces hommes d'exception qui jalonnent l'Histoire...
bonsoir,
ne serait-ce pas un peu exagéré?
bonnes navigations
JF Perrouty
Avec tout le respect que l'on doit aux disparus...
Bernard a été "un" parmi d'autres, ces autres qui eux n'ont pas eu l'occasion d'écrire leurs aventures à une époque où toute
un population les attendait...
Tant mieux pour lui, les autres se sont débrouillés et ont continué leur sillage sans être aussi connus !
Une interrogation quand même sur le refus de Françoise d'apporter son témoignage dans le livre écrit par Véronique...
Il y a longtemps que j'ai lu "Le cap Horn à la voile", il me semble que Bernard parle bien plus de son bateau, de sa
navigation, des ses états d'âmes, que de sa compagne ?
Peut-être ne veut-elle pas entacher l'image du "gourou" !
Phil de Tudo Bem
Comme certainement la plupart d'entre vous, j'ai lu les bouquins de Moitessier et ne l'ayant jamais rencontré, je ne le connais
qu'à travers ses écrits. C'est déjà pas mal, mais c'est bien peu pour parler de lui ou même de ses intentions. Je m'exprimerai
donc en général, en tentant d'ouvrir une problématique qui nous concerne tous et qui par la même occasion pourra peut-être
nous permettre de nous glisser dans la fente et y voir un peu plus clair dans les choix certes discutables mais certainement
difficiles que Moitessier a fait au cours de sa vie. Il me semble qu'il ne faut pas prendre le problème par le petit bout de la
lorgnette, mais considérer que la liberté est qu'on le veuille ou non ce qui caractérise la condition humaine. Condamnés à être
libres disait Sartre. C'est tout à fait cela. La liberté n'est pas le joli champ de coquelicots où l'on danse jusqu'au crépuscule sans
se soucier du lendemain, mais plutôt l'abandon dans lequel on se trouve face au choix que nos vies nous somment de faire. Et
pour ce qui est d'une existence, le fait d'être marié ou pas, ne me semble pas résoudre le problème de lui-même. Face aux choix
cruciaux de notre propre existence on est seul. Et on ne peut faire ces choix graves que seul, car faire un choix en faisant
intervenir une tierce personne, on ne choisit plus vraiment et on risque de se perdre en regrettant de ne pas avoir usé de son
libre arbitre. Qu'en est-il alors de la responsabilité, des liens sacrés du mariage? Vous savez si l'on a une conscience aigue du fait
que l'on a que quelques décennies à passer sur cette terre (et ses mers et océans bien entendu), avant de retourner dans le
néant pour une éternité (qui n'existe même pas d'ailleurs), alors il faut bien tenir compte que ce qui était vrai hier, sera peut-
être tout autre demain. Les chemins se croisent, se suivent et se séparent. Les personnes évoluent différement, et il me
semble plus malhonnête et terrible de passer une vie entière avec quelqu'un en lui faisant sentir le regret que l'on a de ne pas
avoir fait le bon choix que de reprendre sa route seul en essayant de faire comprendre ce choix. Et choisir la solitude n'est pas
un choix facile. Mais qui a dit que choisir de vivre dans l'authenticité, pour se sentir exister un peu était facile? Alors pour en
revenir à Moitessier, grand marin certes, chanceux de toutes les aides qu'il a reçues ok, égoïste et profiteur, "pique-assiette",
pour reprendre les termes de l'un de vous, permettez-moi d'en douter un peu, même si j'ai pu moi aussi me poser la question.
Pour avoir lu attentivement et tenter même de lire entre les lignes, il me semble avoir compris que son choix de ne pas retourner
en Europe lui a donné bien du fil à retordre pendant des jours et des semaines lors de son tour du monde. Et l'on ne peut
vraiment comprendre ce choix que si on lit son autobiographie. Ne pas retourner en dans le monde occidental, ne pas se laisser
engrainer par tout ce bourbier que l'on est peu à pouvoir réellement quitter, donner un sens à quelque-chose qui dépasse
l'intérêt personnel, voilà ce qui me semble transpirer de ses lignes. N'oublions pas qu'après avoir trimé deux ans sur son
bouquin, il décide de céder ses droits au Vatican.Alors penser que ce type complexe et toujours angoissé de donner un sens à
sa vie et de relever un peu le niveau de la vie humaine, ne savait que prendre des deux mains avant de mettre les voiles pour
aller sous d'autres cieux sans dire merci, me semble un peu réducteur. Est-ce que je me trompe en pensant que la société est
autre chose qu'une meute d'individus qui marchent en parallèle, en prenant bien garde de recevoir d'une main ce qu'ils viennent
de donner de l'autre? Dites-moi si il est inconcevable de croire que ce que l'un m'a donné aujourd'hui je le rendrai à l'autre
demain. Parce-que c'est de ça quil s'agit: Moitessier n'avait pas oublié le geste du gars qui avait payé pour réparer Marie-
Thérèse qui prenait l'eau alors qu'il n'était qu'à Singapour, sans un sou. Une fois connu, sûr de faire un paquet de fric avec son
bouquin, il ne va pas trouver ce type pour lui payer sa dette. C'eût été minable en fait, puisque de là était parti tout ce qui est
venu après. Alors cette part d'humanité qu'il avait croisé ce jour-là, il y croyait tant qu'il a tout donné pour l'humanité. Vous-
souvenez-vous de la fin de l'histoire? Ah naïfs que nous sommes à croire importantes toutes ces questions de responsabilité face
à l'être-aimé quand cela ne regarde que les personnes concernées, alors qu'aujourd'hui en 2008 notre planète exangue ne sera
peut-être plus en mesure d'habriter nos petits-enfants, issus de couples responsables. S'il-vous plait laissons les questions
subalternes qui ne nous concernent pas et ne jetons pas la pierre à quiconque tente de sortir du troupeau... Bon vent à tous...
Je crois que nous n'avons pas à juger si telle ou telles autres choses qu'il a fait était correct ou pas. Moistessier était un gars
blessé par son adolescence, il n'avait plus vraiment d'identité. Certes il était français de par ses parents, mais dans sa tête il
n'était pas plus français que moi. L'indochine n'existait plus alors qui était-il. À partir de là j'ai l'impression qu'il a cherché toute sa
vie à faire son nid et à proner la liberté. Qui de nous feraient ses navigations avec les moyens qu'il avait à l'époque,
probablement aucun! Regardons ce que nous avons sur nos voiliers comparé à ce qu'avait ce pauvre homme. Il avait un
bateau, un sextan et à peu près rien d'autre. Je n'ai pas à juger l'homme je ne le connais pas, mais je sais que le marin en était
tout qu'un! Régis
pour avoir croisé moitessier a tahiti en 83 , il ne parlait a aucun autre navigateur , et poutant a l epoque ont avaient des
bateaux tres simple , de toute les lectures de ses livres il en resort un grand egoisme de sa part , par contre grand marin c est
sur
Je ne vois pas pourquoi on devrait reprocher à Bernard Moitessier d'avoir été un vrai solitaire.
Qu'il n'est pas eu envie de côtoyer ces congénères, c'est un choix à respecter.
Et puis il laisse une ?uvre et une empreinte que seul quelques marins ont su produire.
ce qui me fait pardonner de lui tout ce que je peux entendre qui vient ternir son parcours.
Pour moi quand j'ai commencé à naviguer au début des années 80, il y avait deux modèles. Tabarly et Moitessier. Tabarly
représentait l'image de la compétition, de la combativité, de la pugnacité. Celui qui allait au bout de ses courses et qui ne
renonçait pas en route. Moitessier représentait le beatnik, celui qui vivait sur le dos de la société tout en la critiquant, celui qui
crachait dans la soupe en s'engageant dans une régate et en l'abandonnant au moment de la gagner, celui qu pensait
révolutionner le monde avec quelques idées marginales (apprendre comment mieux vivre à des polynésiens qui n'en avaient rien
à faire) Pour moi il n'y avait pas photo, le héros était le premier, Tabarly, celui qui a bouclé la boucle, qui après une vie de
régatier, après avoir apporté maintes innovations qui servent aux voiliers que nous utilisons, est revenu naviguer sur Pen Duick
le bateau de son père qu'il avait conservé toute sa vie et restauré.
Après des années pendant lesquelles j'ai passé mes WE et mes vacances à faire de la croisière, puis dix ans à faire de la régate,
aujourd'hui, l'âge de la fin d'activité professionnelle étant arrivé, je vis et je navigue sur un bateau de grand voyage.
j'ai lu Tamatave et mieux accepté son auteur.Mais aujourd'hui, il n'y a toujours pas photo. Tabarly restera le plus grand.
bonjour,
s'il faut être un clodo égoïste et assisté perdant ses bateaux de bric et de broc sur les cailloux pour être un grand homme
et un grand marin, je me contente bien d'être tout petit
Heureusement qu'on a des Tabarly sponsorisé par l'armée pour redorer notre blason ...
Les "Clodos" a la Moitessier, ca fait tache ..dans l'univers des yachtmen en pantalon blanc et les docksides à la mode....et en
plus ya meme pas une marque de claquos sur son bateau....
Les deux ne sont pas incompatibles.
Moitessier était sans aucun doute un homme génial au regard de ce qu'il a fait en matière de navigation, de vie, et d'écriture. Ses livres ont fait planner des milliers de personnes, dont je fais partie, et ont déclenché des vocations, pas seulement de marins, mais aussi de liberté. Pour cette raison et en ce qui me concerne, il a même prit part à la création de ma boite (lien ci joint) , alors Merci Bernard !
Toutefois... Force est de constater que ce n'est pas très reluisant coté morale, surtout pour ce qu'il fait subir à Françoise qu'il "oublie" en métropole en oubliant également les trois enfants qu'il a adoptés en l'épousant... On a beau adorer les livres de Moitessier, comprendre qu'il a un peu débloqué pendant son tour du monde virgule 5... On aurait apprécié que dans Tamata et l'Alliance, il y ait un peu plus de reconnaissance sur la peine qu'a pu causer un comportement irresponsable et immature, et des excuses appuyées sur le sujet.
Il y a chez cet homme une part géniale et une autre lamentable, que chacun dosera en fonction de ses propres valeurs
http://www.tamata.biz/livres-de-bernard-moitessier/
Je retiendrai de MOITESSIER une grande revélation qui a nourrit l'imaginaire de génération de futur navigateur: c est le premier navigateur poète et peut etre le seul qui a navigué heureux d'être au grand large pendant des mois, celui qui a ressentit la poèsie du grand large et qui a su le dire dans ces livres, celui qui a refusé le retour vers l europe et ses contraintes pour aller encore plus loin au bout de ses rèves.....biensur les rationalistes de tout bord ne peuvent pas s'en satisfaire mais qu'importe.
Philmarco
L'histoire, qu'est ce que vous en savez de l'histoire ?
La vie personnelle des écrivains, des artistes, des voyageurs/poètes/philosophes m'intéresse très peu.
Seul compte ce qu'ils laissent derrière eux.
La polémique sur Moitessier en dit bien plus long sur ceux qui la créent.
Voilà j' ai enlevé tous mes messages je te laisse avec ton Dieu... amen !
Je vois là une réaction excessive.
Moitessier n'est certainement pas mon dieu, d'ailleurs, je ne vois rien dans mes propos qui aillent dans ce sens.
Et comme j'estime que tu as manqué de respect vis à vis de ma parole, je restitue le dialogue :
Hélies22 : "Rationaliste... ben voyons ! Vous avez oublié un énorme détail : on ne peut pas refaire l' histoire même si on est poête ou rêveur."
Lorenzo : "L'histoire, qu'est ce que vous en savez de l'histoire ?"
Hélies22 : "Moi rien je ne connais rien de l' histoire de cet homme, en plus j' aime pas la mer, j' aime pas les bateaux, j' aime pas les rêveurs, j' aime pas les poêtes et pire encore je déteste la musique... comme j' ai payé mon abonnement à STW alors je reste !"
Lorenzo : "La vie personnelle des écrivains, des artistes, des voyageurs/poètes/philosophes m'intéresse très peu.
Hélies22 : "Voilà j' ai enlevé tous mes messages je te laisse avec ton Dieu... amen !"
Moitessier etait forcément comme tout à chacun, avec des qualités et des défauts, les unes ne masquant pas les autres mais formant un ensemble de personnalité qui raisonnent différement en fonction des sensibilités de ceux qui le lisent....
On n'attend pas d'une oeuvre qu'elle soit élligible qu'à la condition d'avoir été produite par un homme parfait, sans quoi tout serait à jeter dans toute la litterature... Et puis celui qui écrit le livre se donne forcément le beau rôle, voici une petite anecdote à propos de Bernard Moitessier qui le montre :
- Tout le monde connait son bateau Joshua...
- Un jour, j'écoute une interview de Françoise Moitessier concernant son livre de 60.000 miles etc.. qui commence par une partie où elle raconte sa vie avec Bernard. Le journaliste lui pose quelques questions sur son ex Mari, et elle lâche à propos du futur bateau de Bernard "figurez vous qu'il voulait l'appeler Marie-Thérese 3, du nom de sa première fiancée, alors que nous venions de nous marrier !, S'en est suivi une dispute homérique car que m'y suis formellement opposée, le menaçant de ne jamais mettre les pieds dessus s'il persistait"
- Ce qui donne écrit par Bernard : J'ai "choisi" de l'appeler Joshua en hommage au grand navigateur Joshua Slocum....
Bref, y'a les livres, et y'a le bonhomme
et même cette anecdocte me semble bien peu consistante, en tout cas pour blamer Moitessier sur ce sujet.
Qui n'a pas déjà menti à ce point ?
Mon propos n'est pas de blâmer, je n'ai sans doute pas le talent d'écriture pour me faire bien comprendre.
J'adore les livres de BM, ils m'ont fait planner et naitre des envies et vocations qui ont compté dans ma vie.
Le fil de démarrage de ce message était "que pensez vous de l'homme, n'est il pas lamentable par son comportement humain ?", et je tente de m'inscrire dans cette réponse en disant qu'effectivement lorsque l'on creuse un peu derrière les livres, tout n'est pas reluisant, mais ce n'est que la nature humaine, ni plus ni moins... et il y a une différence entre l'oeuvre, et une pseudo perfection que serait à attendre de l'auteur.
Le blame, je ne le voyais pas forcément dans ton esprit, why not, mais comme une réaction possible chez tout à chacun, à la découverte de cette anecdocte.
****
Il y aurait cette tendance à vouloir qu'un homme tende vers l'exemplarité à partir du moment où il est devenu public.
Où est le seuil de l'inacceptable ?
L'écrivain Céline serait peut être de l'autre coté du seuil.
Et pourtant, "voyage au bout de la nuit" reste un roman extraordinaire.
Il serait dommage de passer à coté de sa lecture.
De même Fiodor Dostoïevski était antisémite.
Henri de Monfreid a fait du commerce d'esclave.
Charles Trénet a continué de chanter sous l'occupation.
Et j'en passe…