Au vent des Kerguelen Christophe Houdaille

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Au vent des Kerguelen Christophe Houdaille
sujet n°78799
Christophe Houdaille est retourné à la voile passer seize mois aux îles Kerguelen pour y retrouver les albatros et les manchots, en arpenter les vallées et en sonder les baies. 336 pages, 91 photographies, 14 cartes, 2 similis. ISBN 2-913955-01-0, 21,34 euros. « Je regarde encore vers l'Ouest, vers cette partie de l'archipel de Kerguelen si peu visitée, si austère, tellement complexe. Ma poitrine se gonfle, mon coeur exulte. Je désire cette terre de toute mon âme. Elle me ressemble, elle est mienne, je veux tout savoir d'elle et lui consacrer ma vie. Oui, malgré sa démesure, ses caprices, ses violences et sa désolation, j'aime puissamment cet univers. Seul face à l'immensité minérale, j'ai envie de m'envoler tel un albatros pour embrasser ce dédale marin avec mon être tout entier; je veux m'unir définitivement à chacune des montagnes et chacune des vallées. » Voir quelques images de ce récit. Après trois mois de mer, Christophe Houdaille parvient aux Kerguelen à bord de son cotre Saturnin. Durant seize mois, il séjourne seul sur cet archipel, réalisant ainsi le voeu formulé cinq ans plus tôt lors d'un premier périple subantarctique. Saturnin devient son partenaire dans l'exploration du littoral, son abri dans les mouillages exposés aux humeurs de l'océan Indien et son confident dans les moments de doute. Connaître la côte ne suffit pas, aussi le navigateur s'engage-t-il dans d'incroyables courses hivernales, parcourant deux mille kilomètres à pied pour que rien ne lui échappe d'un détail géologique ou d'un vestige humain. Fasciné par la faune, il assiste aux combats des éléphants de mer, aux parades nuptiales des albatros et au rassemblement des manchots. Au fil des mois, au fil des pages, Christophe Houdaille nous ouvre les yeux sur la nature insoupçonnée de cet archipel des Cinquantièmes hurlants que le capitaine James Cook avait surnommé îles de la Désolation. L'auteur, confronté aux éléments, nous confie sa passion pour cette terre australe et antarctique où veillent les scientifiques de Port-aux-Français et où son courage l'a mené à tracer un chemin de liberté. Né en 1963, Christophe Houdaille a plus de quatre-vingt- dix mille milles nautiques à son actif. À bord de Saturnin, le voilier de onze mètres qu'il construisit en 1988, il a parcouru l'Atlantique et les mers australes. Il a ensuite hiverné en Géorgie du Sud et effectué un tour du monde en solitaire de huit mois sans escale.
Anonyme (non vérifié)
réponse n°69688

Au vent des Kerguelen, c’est bien sur une histoire de navigation en zone extrême, la griserie d’évoluer dans les vagues énormes que seules les mers australes produisent, mais c’est aussi le parcours intérieur de Christophe Houdaille, le solitaire qui recherche la compagnie de ses semblables tout en maintenant la distance des êtres forts.

Quand il part pour l’île de la Désolation ainsi nommée par Cook, il a déjà pratiquement 1 tour et demi de la planète dans son sillage avec le côtre qu’il a construit de ses mains : Saturnin. « Iles des quarantièmes, visions des navigateurs aux long cours » est son premier livre. Après la Géorgie du sud où il hiverne, Il a été fasciné par l’Archipel des Kerguelen qu’il souhaite explorer dans le détail. Les Damien sont à l’origine de ses navigations et l’on retrouve avec plaisir l’esprit de ces pionniers

Il souhaite aussi partir avec un équipier pour partager les joies de découvrir un monde encore partiellement vierge. Son équipier débarquera quelques jours après leur arrivée, et c’est seul qu’il va explorer cet univers minéral, sans arbre durant plus d’un an englobant l’hiver austral à la recherche de lui-même.

Il réalise des randonnées pédestres pouvant durer jusqu’à un mois en organisant des dépôts de vivres, portant un sac de 35 kg et profitant des cabanes que les chasseurs de phoques, les explorateurs divers puis les scientifiques ont construites au fil du temps. Il monte souvent sa tente réalisée de ses mains dans de la grosse toile à voile.

Le mouillage hivernal de Saturnin donne lieu à la recherche d’un site dans une zone à la cartographie incertaine où il lui faut sonder, vérifier chaque pouce de terrain. L’ancrage de son bateau est colossal afin de résister aux vents qui balayent la région à 150 kmh. A l’avant 2 ancres + 4 aussières à terre, même chose à l’arrière.

Il passera quelques courts séjours pour ne pas « s’incruster » avec les permanents de Port aux Français, pour prendre son courrier et faire de l’avitaillement. A titre d’échange, il partage plusieurs semaines avec les bergers de l’île longue et les aide pour le comptage et la tonte des moutons ainsi que pour la réfection des clôtures.

Christophe Houdaille écrit magnifiquement dans un style très fluide, très imagé, un vocabulaire riche et très accessible. L’iconographie est superbe. De nombreuses cartes présentent ses randonnées et ses navigations allant jusqu’en zone très exposée aux cinquantièmes rugissants de l’ouest ce qui motive son titre.

Un livre qui ne peut que marquer le lecteur contant une histoire et une force de caractère peu communes, hors des routes de croisières habituelles. Publié chez Transboréal, une Maison d’Edition à l’étique forte qu’il nous faudra explorer davantage car elle recèle de forts beaux ouvrages de voyages dont une partie maritime. Découvert plus tôt, il aurait certainement posé un problème de choix à la commission du Prix Albatros.

André

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