De Gibraltar à Fréjus ou les caprices d'Éole
Transat 2014 - 10
19 juillet :
Un flux vigoureux de sud-ouest se maintient, avec une houle de 2 à 3 m. Vitesse de croisière 11 nœuds grand largue, temps chaud et ensoleillé.
Fraîchissement jusqu'à 31 nœuds de vent au passage du cap Gata : Shrubb bat de loin son record de vitesse avec un surf à 16,6 nœuds ! Nous voyons la côte de Murcie défiler à toute allure et ne boudons pas notre plaisir.
La houle de courte période grossit, le pilote ne peut éviter quelques autolofées : après réflexion, peut-être était-ce à cause des dérives incomplètement relevées.
Certaines pièces d'accastillage montrent des signes de fatigue et sont sous surveillance.
La bordure victime de ragage, doublée par une estrope en Dyneema. Attention aux poulies de bôme de rechange
Dans la nuit, tout tombe brutalement et nous finissons au moteur.
20 juillet :
Route au moteur, sous voiles bâbord amures, au moteur, sous voiles tribord amures, du travers au grand largue, et on recommence...
Le dessalinisateur n'a pas pu tourner depuis Barbate : trop de mer, la pompe avalait de l'air et désamorçait sans arrêt. Nous allions être à court d'eau douce lorsqu'un bref créneau de quelques heures plus calmes nous permet de refaire le plein des réservoirs.
Les prévisions météo redeviennent fiables, et nous surveillons un coup de mistral prévu sur notre dernière étape, qui pourrait retarder notre arrivée maintenant toute proche.
21 juillet :
Les vacances. Après avoir doublé Ibiza dans la nuit, petit force 4 au portant, idéal bain de soleil le long de la côte orientale de Majorque.
L'île Cabrera, au sud-est de Majorque
C'est nouveau : un hélicoptère cible AIS
Pendant ce temps, mistral et tramontane se déchaînent et nous barrent la route des côtes françaises. A terre, mon Armelle me transmet les bulletins de Météo France ; sur place la radio espagnole émet ses alertes par VHF, tout cela s'ajoutant aux gribs habituels captés par Iridium.
La météo sur le Golfe du Lion
Il est urgent de nous abriter dans un mouillage de repli en attendant que cela se calme et nous jetons l'ancre à 23h dans la cala Son Aparets sur la côte sud de Minorque.
Mouillage de nuit au radar
22 juillet :
Les vacances (suite).
Jolie cala, mais très fréquentée le jour venu...
Toujours pas d'accalmie sur le golfe du Lion. Nous quittons notre mouillage pour passer sur la côte nord de Minorque, ce qui me vaut le grand plaisir de revoir Fornells avec halte obligée au restaurant El Pescador !
Le "cap nord" de Minorque
La rade de Fornells
23 juillet :
Tout est tombé. Départ dès le lever du jour dans la pétole, avec la triste perspective d'une traversée de 220 milles au moteur...
Un Lagoon 560, rescapé du coup de tram à 40 nœuds sans dommage
Les efficaces services à terre d'Armelle nous ont réservé une place pour le 24 au soir à Port-Fréjus.
24 juillet :
Le vent, à part quelques fugaces sursauts, ne dépasse guère 5 nœuds. Morne traversée au moteur, en alternant bâbord et tribord.
Au petit matin, à proximité des îles d'Hyères, nous passons dans une nappe de brouillard.
Un bateau croisé juste dans la purée de pois : vive le radar !
Pour notre distraction, nous avons droit à la sollicitude des Douanes : repérage la veille par avion au large, montée à bord d'un commando de 4 gabelous dès l'entrée dans les eaux territoriales, fouille complète du bateau y compris les cales moteurs et démontage des crash-boxes, inspection sous la coque par plongeurs... au demeurant tout à fait cordiaux et me proposant de vérifier l'état des coques sous l'eau ; suggestion bienvenue et acceptée avec intérêt ! On est quand même heureux d'être en règle...
À 16 heures nous sommes au ponton carburant de Port-Fréjus (il était temps !) et peu après amarrés.
Jonction avec l'équipe à terre : Armelle nous attendait avec Pascale et Gérard
Dernière acrobatie d'Alain : montée au mât pour vérification de l'étai
Fin de l'aventure en juste 5 semaines pour 4515 milles (8362 Km) depuis St Martin, dont 7 jours d'escales. Shrubb a tenu ses promesses de rapidité et fiabilité et, à part le remplacement de quelques pièces, est prêt à repartir... ce qui ne saurait tarder !
La trace GPS complète
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