Bilan des échanges entre un bateau et une école
L'animatrice du projet pédagogique Argonimaux (CNES) et moi-même (responsable CSO STW) avons essayé de mettre en place des échanges entre des enfants qui naviguent au long cours sur un voilier avec leurs parents et les enfants d’une école dont le programme pluridisciplinaire porte sur l’étude des océans.
Le projet Argonimaux est destiné aux scolaires, du primaire au secondaire, et permet d’étudier le mode de vie et les déplacements dans tous les océans d’animaux marins équipés de balises ARGOS et suivis en direct par satellite, tels que manchots, éléphants de mer, ours polaires, tortues marines etc...Un ensemble de données recueillies par satellite sur le climat ainsi que sur les courants, température, salinité des mers du monde est mis à disposition des enseignants de façon à leur permettre de mettre en œuvre un projet pédagogique pluridisciplinaire.
Nous vous rapportons ici les échanges intervenus au cours de l’année scolaire 2015-2016 entre les enfants du voilier KATALI et l’école de Sahorre dans les Pyrénées Orientales.
Présentation de l’Ecole de Sahorre (Pyrénées Orientales)
L’école de Sahorre se compose de 2 classes, une de la maternelle au CP, et l'autre de CE1 au CM2. Ces deux classes, une cinquantaine d’élèves au total, ont l'habitude de mener ensemble les mêmes projets pluridisciplinaires à dominante scientifique. Pour l’année scolaire 2015-2016, l’école a proposé une pédagogie innovante sur le thème de l’eau intitulée "des berges de la Rotjà au 7ème continent". Ce projet était commun aux deux classes, c'est-à-dire que les élèves travaillaient sur le même objet d'étude mais à des degrés différents évidemment, et était porté par Florence Marecat, l’enseignante de science.
La première partie du projet a consisté à découvrir le milieu aquatique, ce qui le compose et notamment l'observation des bioindicateurs ainsi que la pollution de l'eau.
Ensuite, la relation avec les enfants qui naviguent devaient permettre d’étudier le rôle central que jouent les océans dans la régulation des climats et prendre conscience des conséquences complexes du réchauffement planétaire sur les océans.
Il s’agissait d’un travail pluridisciplinaire nécessitant un esprit coopératif où petits et grands travaillent ensemble, chacun amenant "sa pierre à l'édifice". Le souhait des enseignants de cette école était avant tout de pouvoir correspondre avec des enfants au plus près du milieu qu’ils allaient étudier. Les élèves de l’école ne connaissent pas vraiment la mer, l'océan, ce qui la peuple, si cela est sale, pollué....les températures, les vents...
Cette correspondance devait être profitable en termes de développement de la curiosité, de l'éveil et devait permettre aussi de renforcer les compétences langagières...
Présentation de KATALI
Matthieu et Soizic naviguent depuis 12 ans. Depuis 2014, ils naviguent sur Katali, un grand catamaran Looping 50, leur troisième bateau. Ils ont 3 enfants de 10, 8 et 5 ans, nés au fil des croisières. Lola (CM2), née à Papeete, a passé les 6 premières années de sa vie sur la mer. Timéo (CE2) est né à Tahiti et a appris à nager au milieu des requins du lagon de Fakarava. Et enfin, Maël, le dernier monté à bord, à Panama en 2011, lors d’une escale prolongée. Les parents leur font l'école à bord avec le CNED, et de temps en temps, au gré des longues escales, les enfants fréquentent des écoles par ci par là (la dernière, 2 ans à Pondichéry, en Inde, pour accompagner la construction de KATALI).
KATALI est actuellement aux Philippines, d’où les enfants ont pu échanger sur leur vie et leur environnement avec les écoliers de Sahorre.
Le Bilan de l’enseignante
« Pour nous cela a été très profitable. Les élèves se sont éveillés à beaucoup de choses tellement inédites : course de bernard-l'hermite, comparaison des aigles maritimes à nos rapaces locaux.
Même la maîtresse principale a pu constater les progrès réalisés par les enfants en lecture, compréhension des textes et écriture.
La fréquence des échanges a peut être déçu nos marins. Il y a une grande inertie dans le travail en classe avec des élèves de cycle 2. Découvrir le courrier, le lire, comprendre, s'interroger et faire des recherches avant de pouvoir répondre, écrire... Nous avons utilisé les délais entre deux courriers pour mieux découvrir l'endroit où étaient nos petits marins, faire des activités annexes; nous aurions eu du mal à produire plus. J'ai tout de même exploité la motivation des élèves de CM en sciences en leur faisant découvrir les lettres de nos marins. Ils ont aidé les petits dans la rédaction des lettres »
Le Bilan des parents sur KATALI
« De notre côté, l'expérience fut intéressante pour les enfants, même si le grand délai entre les réponses des uns et des autres ne créé pas de proximité (mais c'est de toute façon très difficile). Il était assez intéressant de faire le parallèle entre nos besoins (filtration de l'eau par exemple) et les expériences des enfants en classe. Toujours assez dur de mettre les enfants devant l'ordi pour répondre aux mails, mais enrichissant pour nos enfants.
Sur un bateau, les journées sont bien remplies. L'école prend du temps, c'est sûr, et écrire une lettre peut être pris comme un autre travail... Tout dépend aussi du caractère de chaque enfant. Envie de partager, timide ou pas... Il est plus facile pour un enfant de répondre à une question que de remplir une page vierge. »
CONCLUSIONS
STW et Argonimaux sont prêts à développer ces échanges et les étendre à d'autres partenariats ecole-bateau.
Le bateau qui acceptera cet échange devra bien prendre conscience que c’est un engagement qui devra être respecté, dans les limites des contraintes de la navigation bien sûr, donc une charge supplémentaire à celle du travail scolaire. Il serait donc souhaitable que les bateaux (les parents donc…) qui s’engagent aient déjà une année d’expérience du CNED et soient prêts à assumer une responsabilité supplémentaire. Ou que les enfants soient déjà suffisamment autonomes dans leur travail. Pour la mise en pratique, une correspondance internet peut suffire, peu importe la fréquence des courriers, un skype étant la cerise sur le gâteau!
ANNEXE: Les étapes de l’écriture d’une réponse aux enfants navigateurs par les écoliers de Sahorre
1/ LIRE
Comme pour un vrai texte de lecture, il faut découvrir la lettre envoyée par les navigateurs, chercher les" mots faciles", rechercher le son des lettres et le sens des mots ânonnés.
2/ TRIER LES INFORMATIONS
Il y a beaucoup de choses dans cette lettre, des informations sur leur vie, sur les animaux, des points de vue sur le réchauffement climatique...
D'abord, les enfants étudient avec la maîtresse toutes (ou presque !) les notions "scientifiques" en lien avec le projet. Bernard l'Hermite, différence poisson/mammifère marin, krill et autres planctons qui les fascinent.
3/ SE METTRE D'ACCORD
Il faut répondre. S'engage alors une discussion sur ce que doit contenir la lettre de réponse.
Quelques pistes sont retenues sur lesquelles les enfants vont travailler et produire beaucoup d’écrits.
4/ UTILISER LES TICE (Les technologies de l'information et de la communication pour l’enseignement)
Les enfants sortent de l'école pour prendre des photos pour montrer aux correspondants. C’est un travail coopératif, chacun à son mot à dire et la décision est collective. Même les petits, à qui on demande ce qui est important de montrer, peuvent contribuer. Dans la peau de reporteur photographe ! La lettre est faite sur l'ordinateur de la maîtresse avec son aide.
Ce travail a du sens pour les élèves qui prennent conscience que la maîtresse se donne beaucoup de mal pour faire ce projet. Celle-ci peut évaluer l'investissement de l'élève dans la tâche et les voit progresser dans leurs apprentissages.
UN EXEMPLE DE LETTRE ENVOYEE AUX MARINS
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mignonn
19 Avril 2017 - 12:32pm
TEMOIGNAGE ESTELLE à Maitre Marabout VODOUNNON Retour affection,