Un plan de lutte contre les bactéries du GO
publié le 26 Mai 2013 22:41
Bonjour,
J'ai été victime de bactéries dans le gasoil, qui ont stoppé net mon moteur, heureusement dans des circonstances clémentes. Les bactéries étaient d'ailleurs beaucoup moins dans le réservoir, assez propre, comme constaté après ouverture, que dans les conduites de gasoil. Après avoir beaucoup lu toutes sortes d'informations sur les forums français et américains, j'essaye de faire le point sur la façon d'empêcher l'incident de se reproduire.
Le problème est le suivant : les 160 CV du moteur ne consomment pas beaucoup. Ce vénérable engin avec ses trente-cinq ans emmène les 22 tonnes de mon fifty (coque en acier, donc poids important) à 6-7 noeuds sans consommer beaucoup plus que 4 à 8 litres à l'heure, car le moteur tourne très lentement, moins de 1500 tr/min pour du 7 noeuds. Bien sûr, financièrement, la faible consommation est une (très) bonne nouvelle, mais avec un réservoir de 1100 litres, difficile de renouveler le carburant rapidement. Ou alors il faut vider totalement ou partiellement le réservoir, ce qui est déconseillé, car le risque de condensation et donc de bactéries est alors supérieur. Et au fait quand on vide quelques centaines de litres, on en fait quoi ?
A titre de précaution, un dispositif magnétique de lutte contre les bactéries avait été installé, mais il ne peut évidemment pas fonctionner quand le gasoil ne circule pas - et la question n'est pas celle de son efficacité : il est présent, point barre. Mais avec un hiver particulièrement long, même en Méditerranée, le moteur n'a pas beaucoup tourné depuis l'automne dernier. D'où la panne mentionnée.
L'idée est donc d'installer un dispositif complétant le filtre primaire, le décanteur à bol transparent et le filtre secondaire.
Juste avant le filtre primaire, une vanne trois voies sera installée, suivie d'une pompe de gavage électrique d'une capacité horaire inférieure à celle du filtre du décanteur. Tout de suite après cette pompe, une autre vanne trois voies repiquera sur le circuit normal de fonctionnement du moteur. Donc la pompe est en parallèle du circuit normal, mais sur une distance aussi faible que possible.
Après les filtres, une autre vanne trois voies permet au gasoil de suivre soit son circuit "normal" vers le moteur, soit de retourner au réservoir par un passage à percer dans le haut de la trappe de visite du réservoir, via un tuyau qui le fait redescendre suffisamment bas dans le réservoir pour ne pas faire mousser le gasoil, l'oxygéner et éviter d'aider les bactéries dans leur développement.
Lorsqu'elle est en marche et que les vannes sont dans la bonne position, la pompe fait circuler le gasoil par le circuit normal, le forçant donc à être filtré. Pompe arrêtée, vannes dans la position inverse, le gasoil suit son chemin habituel et le moteur tourne.
Juste après la vanne trois voies qui est en bout du circuit de filtration, une vanne deux voies sera installée. Quand les filtres sont en cours de changement, cette vanne peut être fermée, évitant ainsi que le carburant qui est entre les filtres et les injecteurs ne "redescende". Il devient donc très facile de réamorcer le circuit, en se mettant sur le mode "filtration", pour remplir tout le circuit, puis en basculant les deux vannes qui sont le plus loin dans le circuit ; ensuite, il faut couper la pompe et rebasculer les deux vannes qui sont de chaque côté de celle-ci.
Sur le dessus du réservoir, se trouve une grande plaque en inox (carré d'environ 30 cm de côté) bloquée par une cinquantaine de boulons, dont certains difficiles d'accès sur la partie arrière de la trappe. Pas très facile pour faire une inspection rapide, car tous les désserrer, ôter la plaque et les resserrer prend beaucoup de temps. L'idée est donc de fixer une petite pièce amovible en perçant la trappe, permettant soit de faire passer le tuyau de retour du gasoil filtré, en temps normal, soit, en déposant le tuyau, de passer un entonnoir. Celui-ci permet alors, sans devoir déposer la trappe, de verser des additifs directement au coeur du réservoir, et non pas, comme c'est le cas habituellement, par le nable de remplissage du réservoir, où les additifs risquent beaucoup plus de stagner sans rejoindre le réservoir. Fin du fin, on peut aussi passer une petite caméra endoscopique pour voir de quoi a l'air le gasoil dans le réservoir.
Avantages de tout ça : le gasoil circule à la demande de temps en temps, et quand de l'additif est ajouté, il va être beaucoup plus brassé dans tout le réservoir et le circuit. Comme le gasoil en cours de filtration utilise pratiquement tout le circuit "normal" utilisé lorsque le moteur fonctionne, la probabilité que les bactéries colonisent les tuyaux dans du carburant immobile devrait donc être diminuée. Si la pompe est en panne, pas de souci, elle n'est pas vitale pour le fonctionnement de l'alimentation.
Bien entendu, la consommation de filtres devrait augmenter. Mais s'ils sont sales, c'est bien qu'il y avait quelque chose à nettoyer, donc ce n'est pas de l'argent perdu... Et le dispositif décrit ci-dessus ne devrait pas être trop coûteux.
La pompe devrait être en 12 volts même si le circuit du bateau est en 24 V, car la pompe est utilisée principalement quand le bateau est à quai, et il est assez facile de trouver un petit transfo 220-12 volts. Ce n'est pas le cas d'un 220-24. Les batteries sont donc épargnées même si la pompe fonctionne longtemps et souvent. En parallèle, un convertisseur existant 24-12, dont je dispose déjà, permet de basculer sur la batterie si c'est vraiment nécessaire.
Voilà donc le plan. Si quelqu'un a des conseils ou des expériences à partager, y compris pour remettre en question ce plan, tous les commentaires sont les bienvenus ! Notamment sur le choix des vannes, de la pompe et de la pièce à fixer sur le haut de réservoir...
Merci !
Bonjour kraaya et bonjour à tous,
Ce qui gène la prolifération des bactéries et qui est souvent le plus facile à mettre en oeuvre, c'est de compléter le niveau dans le réservoir principal au fur et à mesure de la consommation à partir de nourrices.
Rester de longs mois avec un réservoir à moitié plein ayant une grande surface de condensation ne peut que favoriser l'apport d'eau de dans le gasoil.
Pour envisager une solution préventive, il faudrait connaitre les temps de fonctionnement du moteur entre 2 escales et vos possibilités de compléter en navigation les niveaux.
L'emploi d'un bactéricide et le renfort de la filtration sont des solutions curatives à n'utiliser qu'en dernier ressort car elles induisent d'éventuels nouveaux dysfonctionnements.
Cordialement
Bonjour Balder7,
Autre piste, la filtration du gasoil par centrifugation, très efficace sur les gros navires ?
Voir le lien ci-dessous d'un fournisseur de ce type de matériel
Cordialement
http://www.mecarun.fr/filtration-centrifuge-du-carburant/
Désolé, je n'avais pas lu qu'il s'agissait d'une centrifugeuse
voir l'article ci dessous
bacteries dans le gas oil
Pour ma part j'ai installé les aimants et la centrifugeuse ALGAE et lorsque j'ai un doute je mets du Mat Chem
Avec çà si je ne suis pas paré !
Mais si prends ce luxe de précautions, c'est que j'ai vu un GB 52 avec ce genre de problème; ce fût l'horreur pour le propriétaire car les canalisations et durites étaient complètement bouchées.
En France, nous avons du carburant traité pour 6 mois et très propre avec un bon débit de consommation; le risque serait parait-il très faible.