Bonjour ami marin,

J'ai un voilier, parce que c'est mon goût, mais je ne méprise pas les motoristes pour autant. La mer, comme la terre, doit être un endroit de tolérance et chacun doit pouvoir vivre dessus comme il en a envie, sans se faire conspuer ou rejeter, tant qu'il respecte les autres (sécurité, courtoisie, solidarité,...) et les éléments. Il y a bien des bateaux à moteurs qu'ont porté secours à des voiliers et réciproquement.

Pour vous oter tout complexe, je ferais 2 constats :

Le possesseur d'un bateau à moteur pollue sans doute moins que celui qui utilise sa voiture quotidiennement pour aller au boulot, au supermarché, emmener ses gosses à l'école ou aller chercher son pain ou qui fait 100.000 km par an, pleine balle, avec sa voiture "bonussée écologiquement", etc...

Il y a eu un article recemment dans Multicoques qui vantaient la sobriété comparée des multicoques trawler, et un certain Laurent Bourgnon, voileux compétent et aimant la mer, s'il en est, est maintenant un adepte, et il fait le tour du monde avec un embarcation de ce type, CQFD.

Fort de mon expérience, je crois pouvoir dire, qu'il suffirait de faire une statistique sur le ratio compteur horaire des in-boards/miles parcourus des voileux de la méditerrannée pour remettre les pendules à l'heure. On constaterait que les bateaux à voiles marchent beaucoup au moteur, en tout cas c'est ce que je constate quand j'en croise, avec tristesse car j'aime voir un beau bateau sous voiles.  Ce plaisir ne m'est pas donné souvent, car y compris pour de magnifiques yachts, il y a soit pas assez de vent, soit il y en a trop, soit il n'est pas dans le bon sens, soit le bateau va pas assez vite, etc... 

Et je ne parle pas de la pratique intensive constatée des longs bords de portant balloté sous génois seul, qui sont à la navigation ce que la bouffe rapide est à la gastronomie, qui n'ont rien d'esthétique et qui doivent sans doute dégouter plus les équipières qu'un belle navigation sur une belle vedette à moteur cheveux au vent et soleil caressant.

Tant que ma condition physique me le permettra, je ferai de la voile parce que j'aime ça, après je ne sais pas...je naviguerais peut-être dansma tête en lisant les blogs des autres navigateurs. Alors, j'espère que vous pourrez nous parler de vos escales, patrimoine partageable de chaque marin, quelquesoit sa couleur de propulsion.

 aimer la mer, en être respectueux me semble être le plus important; Après que ce soit à la voile, au moteur ou à la rame ....

Bonsoir,

Le commentaire de Colyande est d'une grande subtilité et d'une grande lucidité. Passé "on the dark side" du voilier au trawler, il n'a rien que je ne trouve plus agaçant- pour ne pas dire mieux- que certains propriétaires - ou locataires - de voiliers qui vous toisent férocement, l'air plein de certitudes, alors que vous accostez gentiment après une journée de pétole sur la grande bleue dans le petit port qui va bien.Bon évidemment, ça fait un peu de bruit, avec les propulseurs et tout ça. mais bon, faudrait pas jouer les ayatollahs du chiffon pour autant. Surtout, que comme l'a remarqué fort judicieusement Colyande, en Méditerranée du moins, on croise plus de GV dans leur housse bien zippée que de gennakers et de spi gonflés à bloc.
Soyons sérieux, qui nous fera croire que quelques motoryachts de 9 à 40 mètres se baladant quelques mois par an entre Gibraltar et la Turquie vont compromettre l'avenir-de-la-planète-et-les-énergies-qui-vont-ou-allaient-avec? Je ne regrette pas le passage "du côté obscur de la Force" même si j'avoue m'emmerder un peu après des transits de six, 7 ou 8 heures à 8 ou 9 noeuds au moteur. Mais bon, dans un 42 à moteur , j'ai le confort d'un 50 à voile et je peux mener le bestiau tout seul, et à l'abri l'hiver et quand il pleut ,ce que je fis de Malte à la frontière  sans trop de soucis. Evidemment je préfère essuyer un 7 ou 8 sur mon ketch Fisher de ma jeune époque plutôt que la même sur mon trawler. Mais depuis, il y a des météos plus fiables et accessibles et pour faire un tour aux Antilles, y a le Dockwise et retour.
Concernant la monnaie, nerf de la guerre, je me suis "amusé" à faire les comptes: sur mon 42 swift trawler customisé "hauturier", je "brule" environ 15 à 16 litres à l'heure à 8 nds environ route fond quel que soit l'état de la mer.( les essuie-glaces peuvent en témoigner..). Sur un cata de 42', je ferais environ 2x 6 litres à l'heure mais consommerais une place de port coeff 1,5, idem pour un mono de 50'. Evidemment, c'est poser les termes en terme de "caravaning". Mais bon, un bateau, faut le déplacer, et on ne passe pas sa vie, hélas au mouillage.  
Pour ceux que ça chatouille quand même, le vrai hic de l'affaire, la différence avec le voilier - s'il est beau- c'est plus le sentiment de liberté totale - si l'équipage suit pour en découdre - et le rapport à la clé de 13 ou de 17. Car sur un trawler, il faut domestiquer sa salle des machines, nerf de la guerre et de la paix sur l'eau. J'ai par exemple surpris les charmants Beneteau Boys en leur expliquant que j'avais installé une centrale Reverso de traitement du gasoil, c'est évidemment vital même si on ne traverse pas l'Atlantique car on ne sait jamais ce qu'on vous vend quand on refuel même avec un voilier.
Pour les futurs convertis, n'hésitez pas à me joindre par mail...

Pour nous, ce qui compte c'est naviguer.. Nous avons navigué des années en "moteur" avant de passer à la voile et bien que nous préférions la voile, nous ne dénigrerons jamais les "moteurs" pour autant.
Certains voileux trouvent que la navigation sur des motor yachts est bien plus facile, personnellement nous savons qu'il n'en n'est rien et quand on avance à plus de 20 kn les obstacles et les dangers arrivent bien plus vite, la navigation côtière devient moins cool qu'à la voile à ces vitesses là.
De plus, la gestion des flaps, des trim et des commandes à distance n'est certainement pas toujours une partie de plaisir pour bénéficier d'un confort acceptable à une vitesse élevée.
Qui n'a pas connu les vitesses de décrochage des coques planantes, ne peut pas se rendre compte que la motonavigation peut être "sportive" même si on n'a pas d'écoutes en main.
Maintenant pour ce qui est de ne rien connaître à la voile, ça se soigne bien et quand on s'y intéresse, on se rend vite compte que ce n'est pas si compliqué que certains voudraient le faire croire.
Et pour tout ce qui est mouillage, manoeuvres et vie à bord, un bateau reste un bateau : un support permettant de vivre sur ce lieu hostile à l'homme mais pourtant si passionnant qu'est la mer.
Quelle que soit la discipline que l'on pratique (vélo face aux piétons,paramoteur face aux parapentistes, moto face aux automobilistes,motonautisme face aux voileux, etc...) on trouvera toujours des gens pour dénigrer l'activité voisine, si proche malgré ses différences, alors que le but recherché est souvent strictement le même...
Dans les airs, sur l'eau ou dans d'autres situations pour lesquelles l'homme n'est pas tout à fait à sa place, nous ne sommes pas grand-chose et il serait bon de trouver des solidarités entre pratiquants des mêmes milieux. 
Lorsque je faisais ma formation de skipper, j'avais un instructeur complètement hostile aux "motoristes" et qui ne leur faisait jamais signe par principe...
Il pensait qu'un conducteur de ces engins motorisés n'avait besoin d'aucune connaissance, comparé aux voileux, qui étaient presque des surhommes..
Nous avons connu également des amateurs de motonautismes qui n'appréciaient pas les voileux, il y a des bons partout...

En tout cas une chose est sûre, quand un coup de chien sème la zizanie dans un mouillage, que l'on soit sur un voilier ou un motor-yacht, on a les mêmes soucis... La mer a cette faculté de mettre à plat instantanément ces différences que l'on instaure parfois à tord.

Les voileux navigant au moteur sont nombreux en effet et c'est bien dommage car en voilier c'est assez déprimant d'utiliser le moteur sur de grandes distances car on n'a que des inconvénients et en plus la vitesse n'est pas au rendez-vous comme sur un motor-yacht.
Il y a certainement beaucoup de plaisanciers qui, pour diverses raisons (permis, moyens, idéologie, etc) se sont mis à la voile mais auraient mieux fait de passer au moteur car ils en tireraient plus de satisfactions, voire de partage avec leur famille.
Le bonheur d'être sur l'eau ne se mesure ni en hauteur de mât, ni en chevaux, ni en pieds ; c'est une notion que chacun illustre à sa manière en fonction de ses propres aspirations qui sont à respecter, comme la mer qui accueille tout ce petit monde de plaisanciers.
Bonne mer à tous, quel que soit votre support.

Aprés avoir eu 3 voiliers, je suis passé au trawler et je n'éprouve aucun complexe par rapport à beaucoup de pseudo "voileux" intégristes et rétrogrades, surtout qu'en Méditerranée, je les vois souvent au moteur soit presqu'il n'y a pas de vent soit pour remonter au vent pour éviter de tirer des bords.
Avant tout, nous aimons la mer, il ne reste plus qu'à se respectuer mutuellement.

En effet...que tu sois pour le vélo ou la moto...respectons nous les uns les autres sur la route !