... et bien cette fois-ci on a tout eu: mouillage presque désert, une île désertée par les touristes d'un jour faute de navette, une plage de carte postale pour nous tout seuls, et l'eau, l'eau!!! Cristalline et à au moins 22 degrés, Anne-Sophie a même dédaigné l'annexe et nous a gratifiés d'un retour au bateau à la nage, et tout habillée, s'il vous plaît! Bon, le début du bain était un peu forcé, mais la suite est venue d'elle-même ;-) Tout ça grâce au vent de sud qui nous a bloqués pendant tout ce temps. Comme quoi toute médaille a son avers!

Après un tour des îles principales au moteur et une promenade enchanteresse à terre, nous quittons cet archipel de rêve, pour rejoindre Baiona, une très jolie petite ville médiévale que nous découvrirons pendant trois jours. A peine arrivés dans la superbe marina nichée au sein du système de défense du port, contrôle de police! Après la Guardia Civil à La Corogne et les douanes à Vigo, voilà une troisième administration qui vient nous saluer. Et pas qu'une fois, puisque le lendemain, rebelote! On n'avait pourtant pas souscrit d'abonnement ;-) Ceci mis à part, le centre historique a gardé tout son cachet, et le château-fort, défendant l'entrée du port et transformé en parador (hôtel de luxe géré par l'état), est magnifique!

C'est avec un pincement au cœur que nous quittons tout à la fois Baiona, la Galice et l'Espagne. Nous avons eu tant de plaisir à découvrir la cuisine, les paysages, les couleurs et l'histoire de cette région que nous regrettons de ne pas approfondir l'expérience, qui était ceci dit bien plus longue que prévu! Mais nous avons pris beaucoup, beaucoup de retard sur le programme initial, et il nous faut avancer vers notre prochaine étape: Porto!
Nous commencerons la journée en slalomant entre les barques de pêcheurs pour la terminer au slalom entre les casiers, et mouiller dans le port de Leixoes, au milieu de cargos et gaziers qui ont été des voisins très discrets ;-) En cinq minutes d'annexe, nous pouvons mettre pied à terre et rejoindre en vingt minutes de marche une ligne de métro qui nous amène directement au centre-ville.

Peu importe si vous aimez le vin éponyme, la ville vous enchantera! Coupée en deux par le rio Douro sur les flancs duquel croissent, en terrasses et sur une centaine de kilomètres, la soixantaine de cépages qui servent à fabriquer ruby, branco ou autres tawnies, la ville s'étage sur des rivages abrupts, en étalant ses couleurs, ses azulejos faïencés, ses balcons à moitié cachés par le linge qui pend, et vous invite à flâner même quand, comme pour nous, le temps n'est pas de la partie: malgré une pluie persistante, nous avons été charmés par son ambiance méditerranéenne. Cours d'architecture, d'histoire et inévitable visites de cave et autres musées sur le thème du vin local ont été évidemment au programme, le tout se terminant, histoire de bien ancrer tout ça, par l'incontournable dégustation, du Ferreira en l’occurrence!

Nous quittons Porto, direction le Sud. Figueira da Foz, si possible, pour pouvoir visiter Coimbra. Soixante milles à couvrir en une journée: une paille! Sauf que le vent est plus pointu que prévu, et on se retrouve au près, sur un océan bien formé, et plein de casiers tout autour... On ressort les seaux et les biscuits chocolatés ou secs, selon les goûts, enfin, on n'a quand même pas vraiment de goût pour quoi que ce soit, et après une trentaine de milles, c'est bon, on a compris: on va faire une pause, d'autant que le lendemain ne s'annonce pas meilleur, au contraire. Nous nous arrêterons donc à Aveiro, enfin, à côté, parce que les marinas, très petites, sont toutes rendues inaccessibles par des lignes à haute tension trop basses pour nous laisser passer. Après une entrée houleuse (c'est le cas de le dire: on a fait du surf, si, si!, dans quelques déferlantes barrant l'entrée du port), nous élisons domicile à côté d'une petite station balnéaire posée sur le banc de sable qui sépare la mer des lagunes et autres marais salants qui jouxtent Aveiro. Nous ne prendrons malheureusement pas le temps de visiter Aveiro même: la ville est trop éloignée et la météo trop peu engageante: on a bien essayé de la rejoindre en annexe, mais après quelques centaines de mètres, il nous restait trop peu de vêtements secs pour pouvoir en profiter décemment ;-)

Du mauvais temps s'annonce de nouveau, vent de sud pendant une semaine. Rester à Aveiro, tout ce temps, sous la pluie ne nous enthousiasme décidément pas. Il faut donc profiter des deux jours presque sans vent qui s'annoncent pour aller plus loin. Au moteur, on ne peut vraiment pas courir le risque de naviguer de nuit. Les casiers, bien sûr pas éclairés, représentent un danger permanent pour les hélices, et on ne peut se passer d'un équipier en veille permanente, et comme il doit pouvoir voir quelque chose, on doit naviguer de jour. Départ le lendemain, sous le crachin et au moteur, pour Nazaré. Soixante milles de nouveau, contre le vent. Pari tenu, cette fois! Après une sortie houleuse elle aussi - là on les a bien vu, les lames, bien raides et bien hautes, de face - suit une navigation sans histoire. Slalom (bis repetita non placent...) entre les casiers dans une houle de 2m de travers, le ciel finit par s'éclaircir, et nous arrivons finalement à Nazaré au coucher du soleil, splendide.

Nazaré... tout un poème! Une entrée houleuse - tiens, surprise ! - dans une entrée bien étroite, mais une fois à l'intérieur, on est très bien protégés. Le port est tout petit, on le partage avec de nombreux bateaux de pêche qui vont et viennent toute la journée... et toute la nuit. A chaque retour de bateau, la sirène retentit, histoire d'avertir le voisinage de son arrivée, et accessoirement de réveiller les plaisanciers du voisinage ;-) Arrivés le soir, sans Internet, sans électricité, avec des nuées de goélands et autres mouettes qui forment un nuage toujours menaçant au-dessus du bateau, une marina presque en friche et des chiens errants dès sortis des pontons, la semaine de mauvais temps s'annonçait glauque... Il faut partir! Et vite, avant de se faire piéger par le mauvais temps!
C'était sans compter le voisinage de ponton: entre un couple français avec un jeune garçon de l'âge de Soizic qui connaît le coin comme sa poche, et un bateau de Sud-Africains avec une jumelle de Maxence et une autre de l'âge de Théodore, ça se présente déjà mieux. Et puis Carlos, un Espagnol bon comme le pain qui nous apprend à nettoyer et cuisiner les sardines à main nues , et puis Luis, un papy gâteau qui tient le mini-marché-bar du port qui vend de tout mais n'en a qu'un exemplaire en stock, et puis les pêcheurs édentés dignes de Brel, et puis un cours d'éducation physique sur une plage de sable ocre dans les embruns de rouleaux dont le grondement assourdissant s'entend par-dessus les dunes... Sublime. On va quand même rester... Et puis, au-delà de Nazaré, il y a Fatima, Batalha,... Largement de quoi remplir une semaine de vent contraire!

PS: Pour un exemple des vagues de Nazaré: http://www.youtube.com/watch?v=49TxOTzs2v8 Elles ne sont pas aussi hautes pour le moment, bien sûr, mais trop pour se baigner... On ira à la piscine: premier bain en eau douce depuis de départ!