Grèce: mer Ionienne

Grèce: mer Ionienne

Posté par : Philippe
31 Octobre 2015 à 16h
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Après notre première "salade Grecque" la nuit fut plutôt agitéé... Le vent se lève un peu, je sors voir... Rien de bien méchant mais je double deux amarres, au cas où... Un autre voilier est arrivé dans la nuit, il est amarré 30 m devant. 
Une heure après la houle se met à rentrer d'un coup dans le port. Le bateau vient s'écraser sur le quai toutes les 20 secondes et les défenses nous protége du béton mais j'ai mal à chaque fois. La situation est intenable! Départ immédiat, Vanessa monte, allume les moteurs et je me retrouve en slip et tee-shirt à enlever les amarres! Deux sont totalement récalcitrantes et je les coupes avec le gros couteau à poisson sans aucun remord! J'y vois comme en plein jour avec tous les éclairs. Je pousse le bateau le plus loin possible du quai mais contre le vent mon  efficacité est douteuse... Vanessa monte les tours des moteurs, le bateau commence à s'éloigner du quai... Je monte juste... Un bruit type craquement m'indique que l'arrière a du toucher un peu... Je vais voir, rien de méchant, un peu de gel coat rayé et écorché... On s'en sort pas trop mal! Sur l'autre voilier il y a aussi de l'agitation, des hurlements qui semblent être en Russe. Vanessa commence à tourner dans le petit port, un peu étroit de nuit avec le vent. Elle se débrouille super bien. Je fais le tour du bateau pour vérifier qu'aucun bout ne traîne dans l'eau, c'est vraiment pas le moment de s'en chopper un dans les hélices...
L'autre bateau essaie aussi de se dégager, mais se retrouve bloqué par une amarre récalcitrante... Je dois entendre tous les gros mots russses existants... car cela crie très fort! Ils ne doivent pas avoir de couteau à poisson... Et je ne peux vraiment pas aller leur passer le notre!
Ma tenue étant un peu ridicule et la congélation me guettant je vais revêtir la tenue de combat: un slip sec, salopette, polaire, veste de quart et bottes ! Vanessa tourne toujours, les Russes se sont libérés et tournent avec nous... Je relève Vanessa à la barre.
Il est 2h30, on tourne à deux dans un tout petit bassin soit en se frôlant, soit en rasant le quai, pas bon comme situation... Alors je décide de quitter le port et d'aller directement à la prochaine escale, c'est au sud de l'île, la grande ville, à 4 heures maximum. Enfin je veux surtout sortir de ce merdier!
Le problème est juste de sortir du port car même avec le temps calme l'entrée a été très près des cailloux... Alors la nuit sous la pluie...Certes on est comme en plein jour avec les éclairs... Je grossis la carte au max sur l'écran, j'essuie mes lunettes qui dégoulinent et je prends un peu de vitesse pour être manoeuvrant. Ma trace d'entrée est toute belle, un beau trait rouge sur l'écran et je me colle dessus, je la suis le plus possible... Les rafales de vent nous déportent de notre route, puis ce sont les vagues de travers... Dés fois on se demande vraiment ce que l'on fout là!!!!Voilà les cailloux immergés sont passés... On se fait un peu balloter mais rien de méchant à côté du quai. Vraiment chaud!!!! Et toujours aussi soudain!!! Une bonne leçon sans trop de frais...
L'orage cesse aussi soudainement qu'il est apparu... Juste pour faire ch...!!! Bon on continue au moteur, je me fais un café, Vanessa retourne se coucher avec Adrien qui n'a strictement pas bougé, heureusement il aurait été difficile à gérer...
Quatre heures plus tard nous arrivons à la ville de Zakynthos. nous n'avons pas le guide car j'ai bien acheté celui de la Grèce mais il y en a deux... Ce que le venduer ignorait sans doute aussi... Donc le téléphone et la tablette reprennent du service, Vanessa est devenue experte pour trouver une marina! Après avoir erré dans les deux bassins du port suite à un contact radio qui ne répond plus Vanessa arrive à trouver un numéro de téléphone. C'est OK pour nous recevoir, quelqu'un arrive dans cinq minutes, il faut aller près des voiliers! Effectivement peu de temps après nous voyons quelqu'un qui nous fait des signes. On se dirige vers lui, il nous indique la place, heureusement très large. En Grèce il n'y a pas de pendille sur le quai (amarres attachée au quai et qui servent à attacher l'avant du bateau) et il faut jeter l'ancre en reculant... Bien j'ai un vent de travers, 14 noeuds environ... Tant bien que mal on y arrive, Vanessa à l'ancre et aux amarrres, Adrien attaché à la banquette du cockpit (pauvre gosse!) et moi aux manettes. Voilà, on est amarré, pour une première pas trop mal mais il faut prendre le coup. Deux autres voiliers arriveront après nous et s'y reprendrons à deux fois... Mais ils avaient moins de place que moi.
Formalités avec un agent très sympathique, Georges, mais qui nous soulage quand-même d'un bon nombre de billet de 10 Euros, les seuls qui nous restent. Il nous faut acheter le droit de naviguer en grèce, le DEPKA, 30 euros annuel qu'il faut présenter dans chaque port, et 15 euros de taxe portuaire. Ici les places de marina sont beaucoup plus abordables: nous payons 15 euros par jour et l'eau et l'électricité en plus, environ 7 Euros jour. On va pouvoir aller plus souvent dans les ports.
Je dors un peu puis nous descendons à terre. Très jolie petite ville, avec un centre piétonnier qui est plutôt une piste à booster... Ils passent à fond, sans casque... qui est un objet totalement inconnu ici. Les magasins sont superbes, la ville est très propre, un vrai plaisir de se promener jusqu'à la tombée de la nuit. Vanessa déniche son premier comptoir à kebab. Nous serons de fidèles clients pendant notre escale... Nous ferons un petit restaurant typique Grec, 23 euros avec du vin, les prix changent aussi... 
Nous resterons 4 jours dans cette petite ville en attendant que le coup de vent passe. Cela me permet de faire un peu de gel coat... pour réparer le petit accroc de l'autre nuit... Les vagues se fracassent sur la jetée derrière nous et le bateau se retrouve couvert d'une couche d'algues et de sel... Nous rencontrons Thomas, le creazy Suisse et ses amis qui sont nos voisins. Nous passerons une superbe soirée ensemble bien arrosée et bien tardive... 
Après une journée de nettoyage, de courses et de visite de la zone industrielle de Zakynthos où je découvre le café "grec", servi avec une paille dans un grand pot. J'aspire pour goûter et le je me retrouve avec une espèce de pâte  brûlante dans la bouche qui  vient se coller sur mon palais... C'est juste le café moulu qui est au fond du pot qui m'a détruit la moitié du palais... Je finis d'enlever avec la langue les lambeaux de palais qui pendouillent... Bien sur Vanessa est morte de rire... Moi un peu moins! 
Nous rencontrons en ville Myriam et Mario, professionnels du camping-car, à la retraite. Nous passons la soirée ensemble. Il est intéressant de comparer ces deux façons de voyager: le camping-car et le bateau. Chaque mode a ses avantages et ses défauts... Mais c'est la même envie de découvrir, de rencontrer, d'être le plus libre possible...Nous repartons le lendemain vers Killini un peu tard à mon goût, en direction du canal de Corinthe; Thomas devrait y être aussi.
Toujours le vent dans le nez, on commence à être habitué mais on avance pas plus pour autant! La mer n'est pas trop formée mais on se prend de bons coups de butoir sur les séries de vagues. On arrive dans le mouillage de Killini à la tombée de la nuit juste en-dessous du fort construit par Geoffroy Villehardouin en 1220... On jette l'ancre à la limite du port, c'est assez protégé. On voit Thomas passer, il va direct au quai. Je n'ai pas osé... On est un peu traumatisé du quai après notre dernière aventure... Mais vers minuit bien sur le vent tourne et cela devient très inconfortable... Vanessa aux manettes, je relève l'ancre et je me retrouve avec un filet de pêche entortillé dans la chaîne d'ancre... J'avoue que je ne cherche pas trop à comprendre, de plus je n'ai pas le choix car on se fait secouer comme un prunier: le couteau à poisson reprend du service sans aucune pitié... et je libère la chaîne de cet embroglio de fils de nylon qui bloquait tout! On se déplace de 400m et le calme revient... On retourne se coucher et l'on dort. 
Le lendemain nous voyons une dizaine de barques relever les filets autour de nous et nous ne les regardons pas trop... On est loin du lieu du crime...  Finallement ils s'en vont tous... Il y en au moins un qui ne doit pas être très content... Thomas passe nous voir en partant et nous quittons aussi le mouillage. Départ toujours au près... Navigation entre les bouffées d'air qui passent de 8 à 25 noeuds constament... Nous naviguons entre des montagnes, souvent pelées et elles doivent chauffer vite au soleil provoquant des effets thermiques, ce qui explique ce vent pour le moins original "original"... J'essai de régler le bateau au mieux à chaque nouveau changement et j'y passe la journée. Vanessa et Adrien en sont à deux films sur l'ordinateur... Nous finissons par un bord d'une heure au moteur car je ne veux pas arriver de nuit. Dans la journée nous avons progressé de 25 milles en ligne droite mais on a du en parcourir le double...
Nous entrons dans le chenal de Mesolongion qui est bordée de petites maisons multicolores en bois très originales, des marais salan à perte de vue. C'est une côte très plate, avec des sortes de lagunes sur 3 kilométres puis la montagne à pic. La ville est au bout du chenal qui fait deux milles. Vanessa est à la barre, sérieuse comme tout car le chenal fait 20m de large. Je mets à poste les défenses, les amarres... La marina ne répond ni au téléphone ni sur le canal VHF 16... Nous arrivons sur une sorte de petit lac circulaire avec la marina à l'Ouest. Une grande pancarte nous donne le canal radio: 69. Contact VHF et ils répondent... Il est vraiment tard... On est un peu chanceux sur ce coup! Place pas très simple à prendre surtout avec le vent de travers mais maintenant notre technique d'accostage commence à être au point: Vanessa se poste à bâbord, côté où je ne vois pas grand chose et m'indique les distances. Je bloque la barre et je fais toutes les manoeuvres avec les deux moteurs. Vu le vent il faut arriver en crabe, tourner le bateau bien avant la place où l'on veut aller, se laisser déporter puis accélérer d'un coup en marche arrière quand on est en face de la place attribuée! C'est quand-même toujours un peu chaud surtout avec 15 noeuds de vent en plein travers comme aujourd'hui... Mais à force de le faire... Aide des autres paisanciers, qui doivent surtout avoir peur pour leur bateau quand ils voient arriver cette masse de 100 métres carrés... Voilà, on est amarré sur pendilles ce qui me plait vu le coup de vent qui doit arriver... La nuit vient juste de tomber...
On découvre la ville le lendemain après les formalités à la marina, vieille ville piétonne pleine de charme, pavés partout et ville moderne insipide...On crève une roue de la poussette... Un marchand de vélo nous répare en deux minutes! Dure la vie entre le vent, les filets de pêche et les roues de poussettes! Mais il y a tous les autres bons moments moins rigolo à raconter mais tellement bons...
Kebab obligatoire après ces épreuves et on trouve un magasin de yaourt grec qui semble très alléchant. On goutte, super! 4 Euros le kilo... On fait le plein: 2,5kg de yaourt de lait de brebis absolument exquis et un gros morceau de fetta... La vie est plus belle d'un coup!! 
Le coup de vent annoncé arrive bien, il faut que l'on reste jusqu'à la prochaine fenêtre météo pour passer Patras puis atteindre Corinthe, coins réputés pour le vent violent... J'en profite pour bricoler un peu sur le bateau, toujours des choses à voir, à adapter... Apéro avec les Français de la marina, Marie-Aline et Bertrant  qui finissent l'hivernage de leur bateau et nous donnent pleins de tuyaux, merçi! 
Nous sommes vraiment très tard dans la saison... Il ne reste plus que 280 milles avant la Turquie mais ils risquent d'être un peu durs... Et l'on risque de se tapper quelques coups de vent, l'hiver semblant précoce. On a sorti les pulls... et on les met!
En attendant ballades en ville, petit resto typique délicieux où nous rencontrons Angélique et Dimitri avec leur petite fille. Rencontre sympathique de gens locaux. La langue est certe un problème mais les enfants permettent d'établir le contact, puis on arrive à s'arranger ensuite... Adrien est vraiment un catalyseur de rencontre...
Nous faisons vraiment une cure de yaourt de lait de brebis. Avec des raisins secs et du miel c'est délicieux. On va bientôt beller...
Le coup de vent annoncé est là, et ce n'est pas pour rire: 30 noeuds bien établis, rafales à 40 noeuds depuis deux jours. Même à la marina c'est impressionnant d'entendre les amarres se tendre, craquer... et c'est un peu long. au large il y aplus de 50 noeuds... Tout le monde surveille ses amarres, se ballade sur le pont réguliérement. J'ai rajouté une amarre latérale du côté du vent que l'on a en plein travers. On a plus qu'à attendre sans trop abuser des apéritifs et de l'Ouzo qui est une sorte de ricard local à 39°... C'est toujours servi dans les bars avec une petite assiette d'anchois, de tomates... enfin de quoi manger car cela arrache quand-même fort... surtout la première gorgée...
D'après la météo encore au moins deux à trois jours de vent... 

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