Les croisières de Milles: Plaisir, ou corvée ?

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Les croisières de Milles: Plaisir, ou corvée ?
sujet n°109391
Bonjour, Ce qui suit sont quelques souvenirs, constatations et remarques lors de mes croisières en tant que skipper, formation pour l'obtention du permis voile mer (CCS, Cruising Club Suisse). Les croisières de Milles: Plaisir, ou corvée ? L'équipage embarque, c'est la visite du bateau: instruments de navigation, documentation, pompes de cale, sécurité, pompe WC?. - Y a-t-il un GPS ?, interrompt un équipier. Je fais comprendre que la navigation se fera avec la méthode "classique": relèvements, documents nautiques etc., avec toutefois la possibilité de vérifier la position au GPS. Ouf! Soulagement! Puis: - ?mais, comment peut-on définir une position par relèvements si on ne connaît pas la région, demande un autre?! Navigation côtière oui, mais au GPS! Si la théorie de la méthode classique enseignée au cours (Cruising Club Suisse) a (peut-être) été assimilée, il semble, et ceci de plus en plus fréquemment, que certains candidats au permis mer sans expérience pratique, préfèrent se reposer sur le GPS pour n'utiliser la méthode classique que "comme exercice", une ou deux fois, pour vérifier le point GPS fait auparavant! "Je sais comment faire un relèvement, tu nous ennuies avec tes méthodes traditionnelles"! », (ici, dit poliment !) L' «avaleur" de Milles, assis, l'?il rouge fixé sur le loch, compte, additionne: 780?, 800? - Y arrivera-t-on?est-ce qu'on ne pourrait pas faire les 1000 Milles au moteur? Et, il attend! - Regardez-moi ce génois ! Ne pensez-vous pas qu'on pourrait le border un chouillat (un peu, dit en vaudois) ? Personne ne bouge. A quelques mètres de nous passe un super 50 pieds; personne ne semble bouger non-plus, pourtant ils viennent de virer de bord: les voiles sont bordées, mais au winch électrique! - Vous avez vu ? Ça, c'est génial", dit l'équipier. Puis, d?une manière lasse et ennuyée, il prend la manivelle du winch?. Qui fait la "nave"aujourd'hui? Le temps passe, la côte aussi. A la VHF, le CROSSMED annonce un BMS avec validité immédiate. Le vent fraîchit, la mer se creuse et la visibilité n'est que de 1 Mille. - Sais-tu où nous sommes?, demandé-je au navigateur du jour. - D'après le point GPS (d'il y a 1 heure), "à peu près" là; ça pourrait être le Cap? heu?le phare comment déjà ? Son ?il rouge tranche à présent dans un visage vert-pâle. - Peux-tu toi faire le point ?, demande-t-il à un co-équipier en serrant les dents. - Moi ? Tu rigoles ? Je ne descends pas à la table à cartes dans ces conditions, je ne tiendrai pas une minute; et, de toutes façons, Erica sait, elle, où nous sommes! Je lui demande : « Comment feras-tu lorsque tu auras ton propre bateau en mer ? » - Je ne sortirai jamais avec une météo pareille! On n'a qu'à? Ä Bonifacio, la tempête nous retient au port; l'anémomètre est au bout, 50, 60 n?uds. Trois jours de perdus! De mauvaise humeur, le candidat au permis boude, réfléchit, rumine. Le superbe coucher de soleil, une ballade sur les falaises, les bistros sympas, sur l'autre ponton, cette petite famille suisse prête à partir pour le tour du monde sur leur voilier, rien ne l'intéresse. - On pourrait aller tirer quelques bords, on n'a qu'à prendre des ris et pousser au moteur", dit-il. Puis il se tait à nouveau, car à côté de nous, deux bateaux man?uvrent péniblement pour trouver une place; leur grand ?voile est déchirée et le génois est en lambeaux. On ne triche pas en mer Navigation côtière de nuit. Le GPS éteint, nous utilisons les méthodes "classiques". C'est la relève du quart. Le skipper (moi !), hors-quart, «dort d?un ?il et regarde par le hublot du carré. Sur la carte, la position exacte a bien été reportée. Elle demande au navigateur quels en sont les amers relevés. L'air assuré et avec une certaine ironie il donne le nom de deux feux visibles sur la côte et va se coucher. Après vérification il se trouve que l'angle de relèvements des feux mentionnés ne correspond pas avec le point reporté sur la carte. Au matin la chose est tirée au clair: l'équipière qui était de quart avec le navigateur, un peu mal à l'aise avoue que, n'étant pas sûrs de l'identité des feux, un rapide point GPS a été fait et "transformé" en position par relèvements! Où sont-ils? Alors, je me demande: où sont les candidats au permis mer passionnés par la voile et la navigation, le compas de relèvement pendu au cou, les jumelles à portée de main, la carte remplie de positions exactes avec des relèvements faits quasiment toutes les demi-heures, par pur jeu pour pouvoir annoncer avec fierté que "dans 10 minutes on devra laisser telle cardinale sur bâbord" et que tel phare devrait être visible au 275°, distance (mesurée au sextant) 8 Milles..., et qu'à ce moment on pourra virer pour arriver d'un seul bord au mouillage. Un ?il sur les penons du génois et l'autre sur le compas de route, puis le regard scrute la surface de la mer, l'horizon où la moindre tache sombre, le moindre remous pourrait être celui d'un dauphin, d'une baleine. Navigation pas seulement pour faire tourner le loch mais par pur plaisir de faire durer, "d'y rester encore", avant de d'arriver - à la voile - dans cette superbe baie où le chant des cigales nous accueille, où les goélands - et les poissons - viennent nous manger dans la main. Port-Cros, Port-Man? on fête la fin d'une autre belle journée de navigation autour d'un apéro, servi avec des olives à la provençale, tout en débattant la question concernant le respect de la mer: oui ou non ?, peut-on jeter les noyaux par dessus bord! Si on se « marée » un peu! Je me retrouve amarrée à quai. A côté de moi arrive un super 54 pied, avec son propriétaire anglais et le skipper, un français. Le bateau, toutes voiles sur enrouleurs électriques, air conditionné, four à micro-ondes, TV, désalinisateur, jupe et passerelle électriques et j'en passe. Et, un ordinateur:"?Select disc number one, turn on? push right button?", annonce une voix digne d'un film science fiction. Pour s'amarrer, skipper et propriétaire essayent en vain de culer à quai. Rien à faire; à 5 mètres du quai le bateau ne bouge plus. D'accord, la place est étroite pour leur bateau; alors ils forcent, poussent, avancent, reculent, arrachent mes pare - battages, et recommencent. Rien n'y fait. Le bateau est planté. Je leur demande alors « quel est votre tirant d'eau » » « Euh? 2,30 m. » Sous la quille de Yamè (mon voilier), qui a 1,84 m, il reste 30 cm d'eau. J'en fais part au skipper qui traduit au propriétaire: chi sèze it is not inaff watère under ze? under ze?, wi must wait! Et ils ont attendu 4 heures. (Nous sommes donc en Méditerranée) Erica Humbert-Droz 1998
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