Un dessalinisateur pour Teranga

Un dessalinisateur pour Teranga

Posté par : DANIEL
03 Junio 2025 à 21h
Última actualización 29 Junio 2025 à 09h
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Ca faisait très longtemps qu'il en rêvait, il l'a fait! Sur un bateau être autonome  pour la production d'eau est une  espèce de Graal.

On peut rêver et ne pas le faire: l'investissement (entre 6.000 et 10 000 € pour des productions entre 60 et 100 l/h) peut faire réfléchir très longtemps,  la fiabilité incertaine (il semblerait que les dessalinisateurs à récupération d'énergie soient difficilement réparables) peut aussi faire hésiter longtemps, le côté usine à gaz peut rebuter (il va falloir se creuser les méninges  pour  comprendre le fonctionnement de la bête et être  autonome pour au moins l'entretien de premier niveau, tout le monde ne préconisant évidemment pas les mêmes choses).....définitivement.

J'en étais là quand mon ami de navigation Olivier a installé il y a trois ans sur son bateau ( le même que Teranga, même année de construction!) un dessalinisateur Cape Mustang de 60l/h pour faire son tour de l'Atlantique. Au vu de son retour d'expérience, zéro problème, je me suis dis que c'était ce matériel ou rien.

Restait à  évaluer la réalité du besoin: en Méditerranée il y a toujours un point d'eau jamais bien loin pour refaire le plein.  Cela peut  obliger à aller dans une marina (ce qui représente un coût pour Teranga  qui passe sa vie au mouillage) ou dans un port avec  le sentiment d'être plutôt indésirable si on s'arrête juste pour faire de l'eau.  Dans les Caraïbes il y a aussi toujours de l'eau pas très loin (les anglo saxons ont toujours un tuyau d'eau à côté des pompes gasoil, très utile).

En 2024 en Grèce, j'ai fait le "plein" avec deux bidons de 10l pendant tout le séjour, bidons qui restaient au fond de l'annexe, toujours prêts et souvent remplis sur des points d'eau public sur les quais ou  dans des espaces verts aménagés. Ca marche et c'est presque toujours gratuit. 

Pendant les traversées (25 jours maximum), comme Teranga n'a que deux personnes à bord, la consommation tourne entre 10 et 15l par jour, et le réservoir de 400l est largement suffisant.

Pas vraiment nécessaire donc jusqu'au jour où deux petits enfants de 8 et 10 ans ont embarqué pour une semaine en plein été à Porquerolles.  La consommation est montée à 60 l jour  en raison des multiples rinçages des enfants tout au long de la journée. Les 400l devenaient subitement insuffisants pour tenir la semaine!

Cela a été l'évènement déclencheur avec le fait qu'on allait du coup supprimer aussi les corvées bidons.

Cape Mustang donc, et un premier entretien téléphonique avec Bernard (l'assembleur-créateur du bébé) qui a duré une heure pour arriver à la conclusion qu'il fallait que je me déplace à Lyon pour mettre au point le besoin, alors que dans ma tête je croyais savoir ce que je voulais. Et bien m'en a pris car en dehors de l'accueil très chaleureux de la personne, j'ai eu le temps d'approfondir le sujet dans tous les sens et je suis reparti à la fin de la journée avec plus que des réponses.  

En prime j'avais pu voir tous les matériels à installer, apprécier leurs volumes et évaluer les contraintes de branchement. Tout   est en stock dans l'atelier car l'achat des composants se fait directement chez les fabricants donc avec des quantités minimales à chaque commande, et des prix compétitifs.

Quinze jours après j'avais tout le matériel  à bord de Teranga et il a fallu recogiter dur pour optimiser l'utilisation de  l'espace. Comme pour l'installation du chauffage la faisabilité était acquise mais les positionnements définitifs restaient  à arrêter.

Mon ami navigateur avait choisi de l'installer sous la couchette avant de son boat. Pour Teranga le volume du coffre avant était trop précieux et la solution a été cherchée dans la cabine  arrière tribord, volume  moins optimisé.

Première contrainte l'installation de la pompe HP  qui doit être horizontale pour assurer un bon barbotage dans son huile. Rien n'étant horizontal dans les fonds d'un bateau en alu, l'assise pour la pompe a été créée avec des cornières en alu  faites à la demande par Icome Inox mon fournisseur attitré pour toutes les fournitures inox et alu (l'entreprise est équipée pour  découper et plier n'importe quoi dans toutes les dimensions) .

  voilà la pompe, 25 kg et  un moteur électrique surdimensionné qui va demander 45A, entouré d'un refroidissement à l'eau de mer pour surtout diminuer le bruit (et  réduire l'échauffement).

 

Deuxième contrainte, l'installation de la membrane qui est positionnée dans un tube d'un mètre de long en plastique très épais pour  résister tranquillement aux  57 bars nécessaires pour un fonctionnement optimum. Ici pas de contrainte d'horizontalité, à cette pression n'importe quelle position peut convenir.

 la membrane, moins lourde que la pompe mais plus encombrante .

 

Troisième  contrainte le positionnement de l'ensemble vis pointeau-manomètre pour le réglage de la pression dans la membrane . Pendant le fonctionnement du dessalinisateur, pouvoir jeter un coup d'oeil facilement de temps en temps était un impératif pour Teranga. Tout le "bazar " étant sous la couchette (celle qui en plus est la préférée des équipiers), il fallait éviter de tout soulever pour accéder à cette surveillance névralgique pour le bon fonctionnement. J'ai donc imaginé une installation pour que tout soit accessible (y compris les vannes) sans avoir à toucher à la couchette.

 Et voilà pour le poste de commande.

 

Le reste est plus facile, des tuyaux d'eau de faible diamètre, des câbles électriques  aussi  maniables. la dernière contrainte forte est la nécessité de conduire l'eau de mer de sa prise (ici c'est la même que celle pour l'évier) toujours sous le niveau de flottaison jusqu'au préfiltre puis à la pompe de gavage (son installation optimale et son bon fonctionnement  est à soigner  car au dire de Bernard c'est le maillon faible de l'ensemble!). Elle aussi chauffe et elle est entourée d'un tuyau d'eau de mer pour maximiser son refroidissement.

Ensuite il faut fixer les deux filtres   20 microns (optionnel) et 5 microns (à droite sur la première photo). Ils sont équipés de débulleurs automatiques car la membrane a horreur de ces petites bulles qui vont la détruire  lentement mais sur sûrement.

Après c'est un fastidieux travail de plomberie avec la suppression des inévitables fuites au montage (quelques pas de vis plastiques ont fini dans la résine époxy, ça règle définitivement la question de l'étanchéité).

Le positionnement du tableau électrique est réalisé juste à gauche du manomètre HP, on met en route le bazar en activant dans un premier temps le disjoncteur de la pompe de gavage pour faire circuler l'eau et chasser au maximum les éventuelles petites bulles. Dans un deuxième temps c'est le disjoncteur de la pompe HP qui est activé.

Comme Teranga a choisi de terminer tous ses cycles par un rinçage de la membrane à l'eau douce (pour cela il  faut remplacer l'arrivée eau de mer par une arrivée d'eau douce et attendre que la pression  passe des 57 à 30 bars, ce qui prend environ 5 mn) il faudra un peu de temps pour que manomètre remonte à 57 bars.

Avec l'équipement optionnel vanne VR semi-automatique   (fabrication Cape Mustang!) un seul réglage de la pression est à réaliser à la mise en service avec la vis pointeau. Ensuite la  vanne assure une pression constante à 57 bars  (stabilité  de la pression étonnante) indépendamment des variations de la tension électrique à l'entrée de la pompe, fonctions du parc de batteries qui sur Teranga est de 400AH. Cette vanne est très pratique et surement favorable à  une meilleure longévité de la membrane . 

Enfin la membrane n'aimant pas vraiment le chlore , l'eau douce qui sort du réservoir passe   dans un filtre à charbon afin de minimiser les dégâts! L'eau du robinet est refiltrée dans un filtre combi Katadyn qui a toujours assuré une eau sans goût à bord, très important pour le thé et le pastis!

La prise de tête est terminée et ça marche, magique!

Et bon courage aux amateurs!

 

 

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