Un magnifique retour
Et voilà. (/Yves)
Nous quittons Gigha le 09 août au matin, par tout petit temps, avec le courant et avec le projet de contourner la péninsule du Kintyre vers l’île de Arran. Bien qu’un peu tristes de quitter les Hébrides, nous profitons du beau temps et du soleil (enfin !).
En début d’après-midi, nous contournons le « Mull of Kintyre » (chanté par Sir James Paul McCartney !) avec un parfait petit vent de sud … qui s’estompe vite alors que nous passons le « Sanda Sound ». Nous renonçons donc à rejoindre Lamlash, au SE de Arran et décidons de nous arrêter à Campbeltown, au SE de la péninsule de Kintyre, au fond d’une rade fermée par un îlot.
Nous y resterons le lendemain, sans vent, et en profiterons pour louer des vélos et explorer la côte, au nord puis au sud de la rade.
Balade vers New Orleans (sans blague !)
Des vaches des Highlands, tout de même, pour saluer notre départ...
Kintyre - Scilly : notre plus longue traversée
11 août - Repartis à la renverse, le petit temps nous pousse à renoncer à rejoindre Arran. Nous mettons donc le cap au sud-est vers l’île de Craig, étonnante car presque parfaitement ronde et ressemblant de loin à une yourte.
Nous somme même obligé de faire quelques heures de moteur pour ne pas nous laisser emporter vers le nord par le courant.
Tout petit temps... après dissipation des brumes matinales
... et même plus tard !
La curieuse Ile Craig
Par ce temps nous jugeons que nous ne prenons pas grand risque en hissant - pour la première fois - notre spi (symétrique). Effectivement, tout se passe à merveille, sans cafouillage, et nous en découvrons les couleurs… mais rien à faire pour le gonfler ! Nous l’amenons donc assez vite.
La nuit tombe et un petit vent de NNW s’installe. Bientôt il forcit un peu (15 nœuds, parfait !) et c’est nuitamment et voiles en ciseaux que nous franchissons le « North Channel » et quittons l’Ecosse.
12 août - Il nous faut profiter de cette météo pour avancer et nous décidons de ne pas nous arrêter à l’Ile de Man, que nous craignons en outre de trouver bondée. C’est peut-être dommage…
Notre prochaine escale devrait alors être les îles Scilly, aboutissement de la plus longue traversée que nous ayons faite, même si il ne s’agit que de « semi-hauturière » puisque nous ne nous écartons guère des côtes, hors de vue tout de même la plupart du temps.
Le vent tourne au nord en faiblissant un peu (10kn) et nous naviguons légèrement sur la « fausse panne », grand voile légèrement au vent, pour que notre génois, qui mesure presque le double de la surface de cette dernière, porte au mieux, frein de bôme en place pour limiter les effets d’un éventuel empannage involontaire. Nous serons tout de même amenés à empanner et, pour rester en ciseaux, allure que Petrel affectionne, nous tangonnons un moment le génois, jusqu’à la tombée du jour, pour n’avoir pas à l’amener de nuit si le vent tournait et/ou forcissait.
Vent arrière, voiles en ciseaux.
13 août – Toujours voiles en ciseaux, par vent du nord de 10 à 12kn, nos quarts – de 3h30 pour avoir trois heures de sommeil - s’enchainent tranquillement, sans fait marquant particulier sinon le passage à proximité de quelques cargos, navires à passagers (les plus rapides) ou chalutiers se rendant au petit matin sur leur lieu de pêche. En début d’après-midi, le vent faiblissant (5 à 10kn de NNE) et notre vitesse chutant, nous décidons d’envoyer le spi. Mais, est-ce la fatigue de deux nuits consécutives en mer, Yves enchaine les bourdes et illustre la plupart des erreurs à ne pas faire… "Encore heureux qu’il ait fait beau" comme le dit la chanson ! Mais finalement le résultat est là et le vent remonte à 10 puis 12kn. Petrel , accompagné par une légère houle de l’arrière fonce à 6 voire 7 ou même 8 nœuds par instants, sous pilote, sans que nous ayons à intervenir. L’allure est royale !
C'est mieux, non ?
Mais un peu avant 19h le vent forcissant (18kn), nous affalons le spi, ce que nous aurions de toute façon fait avant la nuit. Nuit qui s’écoule, tranquillement, comme la précédente, si l’on excepte le fait que nous somme dans le St George’s Channel, ses courants et ses « rails » (ou Dispositif de Séparation du Trafic), sortie de la Mer d’Irlande.
14 août – Le petit matin nous trouve au moteur, abandonnés par la brise et souhaitant rester manœuvrants compte tenu du trafic, même peu dense.
Plusieurs fois nous tentons de remettre à la voile, mais c’est peine perdue : trop peu de vent, nous n’avançons pas.
Au moteur ... et au soleil !
Et ce sont les Scilly, par le nord. A droite le phare de Round Island.
Nous approchons des îles Scilly dans l’après-midi, avec un fort courant traversier portant à l’est, et vers 19:30 Petrel se repose au mouillage dans St Helen’s Pool, bien plus vaste à marée haute qu'à marée basse ! Beaucoup de monde dans ces mouillages, à nos yeux ! Ce n’est pas un retour à la civilisation, mais nous retrouvons la civilisation des loisirs… de masse ! D’ailleurs un gros navire de croisière mouillera peu après en face de St Mary.
Les Scilly...
15 août – La météo est incertaine. Une perturbation approche par l’ouest. Le vent devrait cependant rester encore faible quelques heures, mais sa direction paraît instable.
Connaissant mal les lieux (et en l’absence à bord du Guide Imray des Iles Scilly), nous préférons ne pas tenter le diable et, au matin, allons prendre un coffre devant Hugh Town. Ce serait trop bête de mettre Petrel sur un caillou maintenant…
Nous débarquons et, après une bonne douche, visitons un peu les alentours, ce que nous n’avions encore pu faire. En particulier, nous faisons le tour des remparts de la citadelle. La vue sur les îles est splendide et Christine nous offre un verre au bar … de l’hôtel installé dans les fortifications. Etonnant !
Hugh Town et ses deux baies opposées : on choisit selon la météo. mais celle de droite, au sud est fort exposée...
Visite de la citadelle : "Haut les mains !"
Hugh Town : mouillage calculé au plus juste ! Taille maxi de 12m pour s'amarrer à ces coffres. Rien de trop.
Et mouillage un peu "rouleur". Certains tentent d'improviser des systèmes d'atténuation...
16 août – Nous quittons Hugh Town assez tôt pour passer le Saint Mary’s Sound à l’étale et filer dès que possible vers l’est : la perturbation approche et nous souhaitons être loin avant son arrivée.
Un vent de NNE d’une bonne quinzaine de nœuds s’établit et, sous grand voile et génois, nous filons 6,5kn voire plus, vent de travers. Avec un peu plus de mer, envoyée par la perturbation, et craignant que le temps forcisse encore en soirée, nous passons prudemment sous GV à 1ris et trinquette en fin d’après-midi, pour une vitesse s’établissant à 5kn tout de même.
Dommage de réduire la voilure, non ?
La traversée de la Manche s’avèrera une formalité malgré le passage – toujours redouté et peu propice au sommeil – des rails. Le petit matin nous trouvera au large de l’Ile de Batz dans un vent faiblissant… puis s’évanouissant.
La vie du rail. L'AIS nous renseigne sur la route des navires : nous sommes (rond rouge) pile-poil sur notre route (bleue) et croiserons bientôt notre sillage de l'aller (jaune). Un cargo s'est dérouté pour nous éviter.
Vers 07:30 nous mettons donc au moteur et à 10h (pardon 11h locale !) nous nous amarrons à notre ponton, à Roscoff.
Un peu désemparés…
Tourisme à Roscoff : la fameuse estacade-embarcadère pour l'Ile de Batz. C'est étrange d'être de retour.
Le point de vue de Christine
L’épopée du spi
Depuis l’été dernier qu’elle est en place, la drisse de spi nous enquiquine. Elle encombre et bat sur le mât au moindre frémissement du vent, faisant un bruit important et nous obligeant à chaque arrêt ou mouillage à la fixer au balcon avant pour avoir la paix et pouvoir dormir.
A l’occasion d’un nœud de ladite drisse avec l’enrouleur de génois, nous sautons sur l’occasion pour tirer dessus et l’enlever, la laissant tomber à nos pieds avec soulagement. Effectivement, vu les conditions météo que nous avons, il ne nous semble pas flagrant que nous puissions, à deux, utiliser le spi.
Et puis la dernière quinzaine approchant, le temps s’améliorant, on se dit que c’est quand même dommage de n’avoir jamais vu la couleur du spi. Je me dévoue donc un jour pour grimper au mât, la remettre en place. Oui je sais, à mon âge c’est un peu puéril, mais je rêve de grimper au mât. Ni une, ni deux, on sort un harnais. Pas terrible. Il ne soutient qu’au niveau des fesses et encore pas très bien. Mais je suis psychologiquement prête et j’y vais, trainant la drisse derrière moi.
Hélas, arrivée au niveau des deuxièmes barres de flèches, je dois me rendre à l’évidence. Pas assez de force dans les bras pour passer lesdites barres et grimper jusqu’en haut. C’est donc dépitée et frustrée que je redescends.
Lorsque nous arrivons à Campbeltown, la météo se confirme. Pour la traversée de la mer d’Irlande, que nous prévoyons de faire en une seule traite (3 à 4 jours), on annonce un vent NNW, force 10-15, parfait.
Yves s’y colle et remet la drisse en place, pendant que nous sommes encore au port. Entre temps, nous avions retrouvé l’autre harnais, celui qui va bien. Je ne veux pas lui enlever le mérite, mais bon, avec ce harnais-là, sûr, j’y arrivais !
Et bien nous en a pris, car après une première étude de mise en œuvre par le capitaine, un moment sans vent, à l’arrêt, nous hisserons le spi le lendemain et ferons tout un après-midi sous spi. Super. Ça aurait vraiment été dommage de s’en priver.
Pendant cette traversée de retour, nous avons à nouveau la chance d’avoir la pleine lune. Alors que je suis de quart la première nuit, je vois s’allumer une barre de lumières rouges vif au loin, sur la ligne de crête de l’Ecosse. J’avoue me demander à quoi peut correspondre ce signal lumineux. Et puis quelques minutes plus tard, je comprends qu’il s’agit du lever de lune rouge écarlate, extraordinaire. Impossible malheureusement d’en faire une photo.
Et voilà, après une petite pause aux Scilly, retour à Roscoff, où nous ramenons la pluie avec nous !
Que dire ? Merci Mon Marin (référence pour ceux qui ont connu les Guignols de l’Info il y a… longtemps), mon capitaine, pour cette belle nouvelle aventure et merci à notre cher brave bateau qui a rempli sa mission sans faiblir ni rechigner (enfin quasiment pas). Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?
Epilogue :
Nous passerons quelques jours à faire nos bagages, ranger et nettoyer le bateau, mais sans pouvoir le rincer ou rincer les voiles : un arrêté préfectoral interdit l'usage de l'eau à cet effet, pour cause de sécheresse... Nous le comprenons évidemment mais avons du mal à le concevoir compte tenu des quantités d'eau (douce !) rencontrées en Ecosse !
(à suivre ?)
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