On boucle la boucle

Posté par : Christine et Yves
08 Agosto 2022 à 19h
Última actualización 18 Agosto 2022 à 11h
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Nous en étions donc à Portree, amarrés à un coffre dévolu aux visiteurs (moorings), à l’issue d’une navigation cotière « parfaite » depuis Staffin Bay, par un temps de demoiselles nous permettant d’admirer les falaises de la côte est de Skye.


Superbes falaises,  cascades. La côte est de Skye.


La baie de  Portree vue de l'hôtel

La ballade à terre nous amènera jusqu’à l’hotel surplombant la baie (photo). Avant de regagner le bord, nous sacrifions au rite du « queuing » (sous la pluie !) devant l’unique « fish an ships » ouvert, sur le quai, les autres étant exceptionnellement fermés ce jour là. Y compris l’église. Car de nombreux édifices religieux ont été reconvertis en lieux d’activités profanes. Intéressant.


Belle échoppe  !


Après la pluie, un instant suspendu...

Le lendemain, nous quittons le mouillage tardivement pour passer les « Narrows of Raasay » avec le courant, un détroit entre Skye et l‘île de Raasay, puis faire de même, plus loin, avec le « Skye Bridge » reliant depuis fin  1995  l’île de Skye à la terre. Nous passerons une nuit tranquille au fond d’un improbable loch, le Loch Na Beiste, en pleine nature, ignorant totalement l’activité du port de Kyle of Lochalsh pourtant de l’autre côté de la colline.


Narrows of Raasay


Narrows of Raasay toujours : un château    comme nous en   verrons souvent.   Le château en Ecosse n'est pas un mythe !


Le Skye Bridge

Nous partons tôt le lendemain, une fois n’est pas coutume, pour passer le Kyle Rhea (encore un goulet) avec le courant  et profiter de ce dernier le plus longtemps possible. Temps calme, mer plate et – hélas – moteur. En fin de matinée, nous entrons dans le port de Mallaig, escale qui nous plaira beaucoup, car il allie l’accueil bon enfant des plaisanciers, une vraie activité de pêche et un intense trafic de ferries.
De plus une véritable boulangerie trône sur le port, proposant du « vrai pain » et des viennoiseries, denrées dont nous sommes privés depuis longtemps !
Pour nous dégourdir les jambes, peu actives à bord, nous empruntons ce qui semble être l’unique chemin à proximité. Il grimpe vers les collines proches et nous pouvons voir Mallaig d’en haut. Nous poursuivons sur le sentier qui traverse des terrains gorgés d’eau. Difficile de ne pas patauger.


Le port de Mallaig, face aux îles de  Eigg (à gauche) et de Rùm (à droite). 


Que d'eau que d'eau ! La terre écossaise en est gorgée.

Au retour, nous assistons à une scène étonnante : des pêcheurs nettoyant leur bateau lancent quelques petits poissons dans l’eau du port. Evidemment les goélands se précipitent. Mais ils ne sont pas les seuls : trois phoques sont venus quémander leur part. Ils restent ensuite longuement à surveiller le bateau et à faire le tour des pontons, au cas où …


"Rien pour moi ?"

Nous avons réalisé que nous sommes à l’autre bout de la ligne du train à vapeur reliant Fort Williams à Mallaig, mais l’affluence des estivants  impose de réserver très à l’avance. 


Et le quai 93/4 ?


Non ? Vraiment pas de place ?


Les voies et les quais sont  envahis par les goélands. Ici un jeune  et une boite de hamburger. Gaffe à l'obésité  !

Nous nous replierons donc sur le train classique et sur le bus au retour. Tant pis pour le charme désuet du « Poudlard express ».
Le paysage sera le même, superbe - comme nous le vérifions dès le lendemain matin.


Surprise : on croise le train à vapeur ! Belle locomotive avec ses authentiques "chauffeurs".


Et voilà les voitures de première classe.

La visite de Fort William ne nous fera pas forte impression, mais nous permettra, en passant à Corpach (entrée du Caledonian Canal), de réaliser que nous avons pratiquement fait le tour de l’Ecosse.

 

Les réflexions  de Christine :

Juste une petite bafouille avec quelques pensées en vrac, je laisse à Yves le soin de raconter la chronologie. 

Depuis que nous sommes revenus vers le sud, c’est-à-dire depuis Stornoway, et qu’un bateau ami a promis de nous monter du soleil de Bretagne (si, si !!), et qu’ils l’ont fait, et bien ça va mieux. La température est devenue très supportable et nous avons de temps en temps une belle journée avec du soleil. Et on profite enfin de belles navigations, même si les rafales sont manifestement une spécialité locale, et de belles balades à terre. Mais le choix est cornélien : faut-il profiter des belles journées pour naviguer ou pour descendre à terre découvrir ?

Notre pavillon était neuf en partant. Certes, il est de mauvaise qualité, mais je trouve qu’il illustre assez bien l’ambiance du voyage.

A propos phoques : dans ces contrées où la pêche est très active, il faut faire attention aux casiers disséminés un peu partout et donc visibles grâce à leurs bouées de surface. La première fois que j’ai vu une bouée noire à la surface de l’eau, je me suis dit qu’elle était bien petite et bizarrement placée. Et puis la bouée a tourné la tête et j’ai découvert avec stupeur et plaisir un museau et toute une tête en train de reprendre sa respiration. Nous pensions voir nos premiers phoques couchés sur les rochers et ne nous attendions pas à les découvrir comme ça.

Port de Mallaig : rencontre avec un (jeune ?) phoque (et sa mère ?) dans le port.
La photo le montre : ce grand regard tendre venant du dessous de l’eau provoque une totale et immédiate empathie. Il y a quelques grands animaux marins, dauphins, phoques, baleines, tortues, qui ont un petit quelque chose qui nous attire et nous font nous demander comment ça se passe là-dessous. Il faudrait peut-être revoir le film Le Grand Bleu et la scène mythique vers la fin quand Jean-Marc Barr, alias Jacques Maillol, au fond de l’eau, tend la main vers un dauphin mais n’arrive pas à le toucher. Son autre main est encore accrochée au câble qui le relie aux humains. Il hésite entre les deux… Et lâche le câble.

Que d’eau ! Que d’eau ! Yves compare l’Ecosse qu’on a pu un peu expérimenter, grâce à ce qu’on voit depuis le bateau et à nos quelques virées à terre à la moyenne/haute montagne de chez nous, quand on arrive dans les alpages et qu’on commence à rencontrer de nombreux cours d’eau, des petits lacs, des cascades, que les chaussures commencent à faire floc floc dans des terres gorgées d’eau. Et bien on pourrait dire que l’Ecosse c’est ça, mais au ras de la mer. Ici l’eau ruisselle absolument partout, les cascades se jettent dans la mer, les herbages sont verts et trempés, etc.
Et pendant ce temps-là, la France a soif.

Peu parlé des rencontres humaines, mais il y en a eu de sympas. A Stornoway par exemple, nous avons hébergé pour la nuit un couple de cyclistes quinquas français routards qui ne savaient pas où dormir. Non pas qu’ils n’aient pas été équipés pour dormir dehors, ils faisaient l’Ecosse à vélo et avaient l’air d’avoir du métier dans ce genre de pratique. Mais une nuit à l’abri de la pluie, ça fait du bien et ça nous a permis aussi d’avoir de la compagnie, très sympathique, pour une soirée.

Ou ces deux cyclistes (encore) dont l’un portait un maillot avec comme slogan : René Socca, le maillot à pois chiches ! Et oui des niçois, et leur maillot nous a bien fait rire. Pour les non niçois, il faut savoir que la socca est « la spécialité » et que c’est une galette faite à partir de farine de pois chiche.

Quant aux gens d’ici, la plupart sont gentils et cools, mais leur anglais pas toujours facile à comprendre.

Nous avons vécu un vrai grand bonheur. 
Dans certains coins qui sont quelquefois à peine des villages et où il n’y a pas vraiment de port, si ce n’est une cale ou une digue pour les petits ferries locaux, les associations locales ou les habitants s’organisent pour installer des coffres à mouillage. On en trouve les modalités et le prix des nuitées dans les guides pour marins ou directement à l’arrivée. N’ayant souvent pas non plus de personnel permanent, nous sommes priés de déposer le prix de la nuit/des nuits au mouillage dans ce qu’on appelle une « honesty box » située à terre.


L'une de nombreuses "Honesty Box" rencontrées

Sur une ile que nous ne citerons pas, nous cherchions le café épicerie où nous étions sensés déposer notre obole, le prix de la nuit au mouillage. Nous trouvâmes le lieu, porte ouverte, y entrâmes, personne. Petit coin machine à café, épicerie, et puis grande ouverte devant nous sur le comptoir, la caisse. Pleine de billets. Un cahier sur lequel marquer les mouillages d’un côté, les achats de l’autre. Chacun prend ce dont il a besoin et paie. 
Quel plaisir de se voir ainsi faire confiance !  C’est tellement incroyablement démodé et apaisant. Ca nous change de la Côte d'Azur...

(à suivre)

 

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