TRAVERSÉE BARBATE (Espagne)-GRACIOSA(Canaries)

TRAVERSÉE BARBATE (Espagne)-GRACIOSA(Canaries)

Posté par : Sylvie et Patrick
02 Mayo 2022 à 13h
Última actualización 02 Mayo 2022 à 18h
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Jeudi 28 avril 2022-8 H - Lundi 2 mai 22 - 10 H. 

Jeudi 28 avril: LES ORQUES AU RDV

Deux orques sont venues chahuter nos bateaux à 10 milles de BARBATE,  2 heures après notre départ. Elles se repèrent de loin avec leur aileron dorsal noir. Les mâles pèseraient de 4 à 9 tonnes et les femelles de 1, 5 tonnes à 3,5 tonnes

À 4 reprises, elles déplacent avec leurs flancs, nos coques comme si c’était un fétu de paille. Ça secoue! 

Dans la vie des Orques, se caresser les flancs serait un instinct social très fort qui influence l’état moral , la durée de vie et la santé! Vous mesurez combien nous sommes …honorés de contribuer à leur bien être!!!

Nous avions protégé Croix du Sud le mieux possible: dérives et hydrogénérateur relevés pour qu’elles ne s’en servent pas d’appui, moteurs à 3000 T pour que les hélices les dissuadent  d’aborder les safrans et barre en direct pour ne pas dérégler notre pilote en cas d’impact sur la direction.

Grâce? à cet environnement peu ludique, « peu satisfaisant socialement », nous  les voyons s’éloigner vers le Nord Est à peine 5  mn plus tard sans avoir toucher aux safrans.Ouf!!!

 

En fin de matinée, un PANPAN sur la VHF nous informe qu’un voilier à l’entrée du détroit de Gibraltar n’a plus de safran…

 

LES 35èmes: quelques 60 NM…Tranquilles

Petit temps: Notre navigation dans les 35èmes, c’est à dire de la latitude 35° 59 ‘ 999 à la latitude  35 00’ 000 s’étire ensuite 14 heures: (du jeudi 28 de 10h à 0H30 le vendredi) à la vitesse de 5 à 8 noeuds.

Pour vous situer : Les 35èmes parallèles passent à la hauteur de l’extrême pointe de l’Espagne ( Tarifa) à hauteur de la pointe Nador, marocaine.

La pointe Nador, un petit estuaire (parfaitement inconnu) est repérable la nuit par son un feu isophase de 2 éclats par minute, si l’on est dans ses 26 NM de portée. Ce qui n’était pas notre cas puisque nous naviguions à plus de 50NM de la côte marocaine. Rien donc pour se repérer « en visuel ».

Première nuit: Comme lors de notre traversée vers les Baléares, nos quarts de nuit, de 2 heures, se passent dans le carré où nous avons aménagé une couchette pour celui  ou celle qui se repose et que l’on réveille dès que l’on doit sortir du cockpit, capelé et attaché.

 

LES 34èmes: quelques 60 NM…De rêve

De la hauteur de la pointe Nador, à celle de Rabat, ce sont les 34èmes parallèles. 

Nous naviguons à 50 NM de la côte avec le GPS, l’AIS et le radar. 

Un gros cargo le Robusta en route pour l’Afrique du Sud s’est aimablement détourné d’un mille 1/2 de notre route.

Vendredi 29 avril: Navigation de rêve dans la journée,

Nos plus grandes voiles d’avant déployées, nous alternons les siestes et les repas au soleil… jusqu’à 16H UT (18 heures en France), heure de notre entrée dans les 33èmes.

 

LES 33èmes: quelques 60 NM…Agités

25 noeuds s’y établissent progressivement avec des rafales à 28. La houle reste longue, agréable, en dehors des hauts fonds.

Même avec 2 ris dans la GV, pris bien avant la tombée du jour, 2 puis 4 tours dans le foc,  nous n’arrivons pas à freiner plus CROIX DU SUD, allègre à 9 noeuds. Picota avec 3 noeuds de moins est distancé progressivement sur l’AIS.

Le point d’orgue pour se faire secouer est à hauteur de Casablanca (22H U.T.) où les lignes de sonde des 4000, 3000, 2000 et 1000 mètres se rejoignent sur un haut fond de 400m que nos bords de largue peinent à éviter. 

Pour cette 2ème nuit même à l’intérieur, nous restons habillés et capelés pour pouvoir intevenir vite au cas où. Je laisse Patrick dormir de 0H à 4H et lui fait son quart de 4H à 8H (heures françaises).

Au lever du jour, les éléments se sont calmés. 

Les panneaux solaires consciencieusement essuyés et la micro gym de dérouillage effectuée , Patrick se couche.

J’effectue seule la vacation radio du matin (8H-12H-16H-20H) sur le 11 avec Picota à 14 NM derrière nous.

Samedi 30 avril le lever du soleil nous trouve à la moitié de notre périple.

 

LES 32èmes: quelques 60 NM…D’attente

Pour vous situer: Le début des 32èmes parallèles correspond à la hauteur d’ Essaouira, et  la fin, à celle d’Agadir.

Nous y  entrons à 4H UT (6 heure en France) 

 

Un vent et une allure idéals 15 noeuds à 140 degrés du vent, température 24 degrés! 

Nous restons cependant sous toilé pour que PICOTA puisse nous rattraper. 

Nous en profitons au soleil, dans la quiétude, pour améliorer le système de prise du 3ème ris…mais Croix du Sud, poussé en plus par la houle, marche tout de même à 5-6 noeuds. La vacation de 20 heures devient inaudible. Picota disparaît progressivement de la portée du radar et de l’AIS et seul le 16 de la VHF le capte , mal 2/5. 

Nous semblons suivre le même cap.

La 3ème nuit est confortable avec 2 ris dans la GV, à 6 noeuds, au portant. Il fait doux…presque tiède!

Le pilote fonctionne en régulateur d’allure, un mode que Patrick affectionne pour suivre toutes les fluctuations du vent et maintenir l’efficacité du réglage des voiles . 

15 noeuds plaisants et une mer peu agitée.  Seul le Canarias Express nous double par bâbord vers minuit. Il relie Cadix à Arrécife.

 

LES 31 èmes  60 NM…D’interrogations

La latitude des 31èmes parallèles s’affiche au GPS vers 9 heures: 30° 59’ et 999 centièmes.

Dimanche 1er mai. Avec ses 2 ris, Croix du Sud se traîne et Patrick s’agace d’être sous toilé!

Si au moins nous marchions à côté du Lagoon, cela…sublimerait (!) notre …manque d’allure. 

A la mi-journée, il craque: c’est d’abord le 2ème ris qui est largué puis le Gennaker qui est envoyé. Avec un petit 11 noeuds de Nord reçu au 135 bâbord, notre catamaran se promène à la vitesse de 6 noeuds.

 

Les 29èmes  quelques 60 NM…Secoués

La 4ème nuit est difficile. Au manque de sommeil s’ajoute une navigation plutôt musclée. Avec 24 noeuds de Nord établis, une mer très agitée, une houle de travers arrière, nous sommes obligé, à plus de minuit, d’aller au mât prendre le 2ème ris. 

Sortir la nuit à l’avant du bateau: c’est ce que l’on cherche absolument à éviter pour minimiser le risque.

Mais le vent monte plus que les prévisions l’annonçaient.. Agir pendant que c’est encore jouable. On s’en sort tout de même avec la dernière latte carbone, celle de la corne de la GV, cassée!

 

Tout est bien qui finit bien

Lundi 2 mai 2022, matin

Aube magique, arrivant par le Nord, après avoir naviguer « tout dessus » depuis 2 jours, Picota réapparaît sur notre AIS à 7,5 NM…1 heure et demi derrière Croix du Sud seulement! Quelle joie!

L’entrée dans l’archipel est lunaire, martienne, bref d’un autre monde. Les nuages se déchirent un à un pour qu’un faisceau solaire souligne d’avantage l’étrangeté des lieux.

10 heures: Nous jouons les éclaireurs en explorant les 3 mouillages de la côte Sud de La Graciosa. Nous jetons notre dévolu …et la pioche devant la plage de sable la plus proche du village.

Picota, sans demander son reste, mouille à notre tribord à 12 heures.

Patrick s’endort, la fourchette à la main. Je me régale à finaliser cette newsletter pour la mettre en ligne avant également de rejoindre Morphée.

Nous sommes heureux.

Nous vous embrassons,

Les Croisés du Sud, Seniors Des Flots!

 

 

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