Poursuivis par Eole, Peloponnèse 2020
Début septembre 2020, après pratiquement un an au port sans sortir, Mimosa avait l’intention de mettre le cap sur les Sporades par le golfe d’Eubée. Le confinement et l’épidémie du COVID-19, ainsi que les relations tendues avec la Turquie du président Erdogan, nous ont empêchés de mettre le cap sur Izmir et Istanbul. Mais aussi ce programme de substitution a dû être modifié. Eole fâché à son tour en a décidé autrement. Nous avons passé deux semaines à fuir le mauvais temps ou à se planquer ! Étant un peu optimistes au début, et avec un équipage très expérimenté, Michel, Nadine et moi-même, nous sommes partis vers l’est, de Faliro au Pirée. Après l’ilot de Fleves à 10 miles du Pirée, nous sommes obligés de prendre déjà 2 ris. Arrivés au cap Sounion on mouille par 42 nœuds de vent dans les rafales en attendant une accalmie pour partir vers Tzia ou Kea. Il est même difficile de se baigner accrochés au bateau qui tourne autour de son ancre. On croit faire du ski nautique !
Nous avons atteint Tzia, par des vents de 25-30 nœuds au près bon plein après la tombée de la nuit et on a mouillé à Vourkari dans la baie de Ag. Nikolaos. Alors que le vent se déchaine à la sortie du port, le mouillage est très calme et donne la fausse impression que tout est fini. Nous épluchons les cartes météo et il nous semble qu’une fenêtre jouable se profile dans l’après-midi du 11 septembre pour remonter vers Marmari sur la côte d’Eubée. Il n’en est rien. Le vent est réellement de face et avoisine les 30 nœuds, nous avons un courant contraire estimé à 1,5 nœuds et des vagues pas loin de deux mètres. Le coin est fidèle à sa réputation, le fameux Cavo Doro, et nous décidons de renoncer de monter vers le Nord. Alors on ira vers le Péloponnèse, beaucoup plus tranquille en principe. Changement de cap, retour sur nos pas et on ira passer la nuit au mouillage à Fleves.
Fixés sur la météo du sud de l’Eubée, nous négligeons celle du mouillage. De toute façon ça ne peut pas être pire que celle qu’on a eu. Mais Eole nous joue des tours. Dans la nuit le vent bascule du NE au NW, pas beaucoup 10-15 nœuds, mais la houle rentre dans la baie et Mimosa fait des sauts de 1m, tout près de la côte. Il est 1h30 du matin, tous sur le pont, on lève l’ancre et on trouve refuge en face dans la baie de Vouliagmeni que nous atteignons une heure après. Les cartes signalent une interdiction de mouiller dans cette baie mais on retrouve pas loin de 10 bateaux à l’ancre !
Samedi 12 septembre, cap sur Poros. Vent au ¾ arrière pas plus de 15 nœuds, le soleil nous réchauffe la mer est plate. Les vacances commencent. Poros a été le premier foyer important de COVID-19 en aout et tout le monde avait fui la ville. Je n’avais jamais vu cette ville très touristique aussi vide ! Tout semble à l’arrêt, les quelques passants portent le masque et changent de trottoir pour ne pas nous croiser. Dans la soirée le port se remplit quand même, et nous dinons juste devant le bateau dans un restau quasiment désert.
De Poros escale à Spetses une de mes iles préférées de l’Argolikos. Nous prenons une place payante à quai juste devant la station d’essence, au fond du vieux port. Pas d’eau ni électricité, l’employé du limeniko tameio (organisme public qui gère les ports), ne passera jamais, il est vrai qu’il est dimanche. Je fais découvrir le bord de mer et les belles demeures de Spetses à mes amis. Nous ne resterons qu’une journée, puisque notre but est le sud du Péloponnèse, Elafonisos et Kythira.
Par le même vent du NE et une importante houle nous arrivons le lundi 14 septembre sur la côte est du Péloponnèse dans la baie de Kyparissi. C’est une grande baie très ouverte aux vents du N et Est, mais il y a deux mouillages un peu abrités, l’un au nord l’autre au sud. On ira au nord. Le cadre est très joli, les montagnes aux alentours sont boisées et abruptes. Au centre de la baie se trouve le très joli village de Kyparissi.
La descente vers Monemvassia le lendemain a été presque agréable mais dès notre arrivée le vent a forci plus de 20-25 nœuds de NE. Le port de Monemvassia est intenable avec ce vent-là, et nous préférons le mouillage au Vieux Monemvassia, 2 miles au Nord-Ouest. Là tout est calme. On visitera Monemvassia en longeant la côte avec le bateau !! Notre tentative de rejoindre le soir Gerakas a été interrompue, et pour cause on navigue au près par 20 nœuds de vent, bientôt il fera nuit et l’entrée au port de Gerakas est délicate. En plus on se persuade que Gerakas peut être un piège pour nous, compte tenu du vent NE très fort attendu et la houle qui se forme à l’entrée.
Les prévisions météo pour les jours suivants sont au moins aléatoires. Trois ou quatre modèles météo font des prévisions complètement différentes, signe d’une grande instabilité à mon avis. A midi du mardi 15 septembre, nous remarquons une dépression importante qui se forme sur le golfe de Syrte en Lybie. Ça rappelle trop la formation du medicane Zorba il y a deux ans. En même temps des amis navigateurs donnent déjà l’alerte. Cette dépression pourra donner un medicane. Et on verra vendredi que ça a été vrai. Nous passons la soirée de mardi à faire un plan A, un plan B ou C pour remonter rapidement au nord et trouver un abri.
Départ le lendemain mercredi 15, tôt le matin, au près par 20 nœuds de vent. On longe la côte du Péloponnèse en tirant des bords. Après Gerakas le vent tourne et Mimosa file au vent de travers qui nous abandonnera à la hauteur de Fokianos, avant la ville de Leonidio. Ici c’est le point pivot pour decider. Aller à Porto Heli ou Nauplie ? Le vent devra revenir du sud dans l’après-midi. Nous optons pour Porto Heli, la météo grecque commence à parler d’un possible medicane qui toucherait les ioniennes et peut être l’Argolide. A Nauplie le port est intenable par des vents du NW, Porto Heli est une baie protégée, le fond tient bien et nous y mettons cap par un bon vent du sud comme prévu. Arrivés le soir du mercredi 15 septembre à quai.
Jeudi 16, les prévisions se précisent. Le medicane Ianos, touchera vendredi les ioniennes et à Porto Heli, on attendrait des vents SE de plus de 50 nœuds. Pour l’instant tout est calme, et dans l’après-midi nous quittons le quai pour le mouillage au fond de la baie. On mouillera par 3m de fond de sable, on laissera filer 50m de chaine et 10m de bout. On range presque tout à l’intérieur, on s’équipe des pare battages, on prépare une 2nde ancre, on attend. Vendredi 17, Ianos fait des importants dégâts à Kefalonia, Zakynthos, Ithaque. A Porto Heli tout est calme. Vent 10-15 nœuds, le ciel est à la pluie mais rien de plus. Samedi 18, Ianos touche le centre nord de la Grèce et nous épargne. Il repartira finir sa course au sud de la Crète. Alerte terminée, on s’en sort très bien, mais des amis ont vécu l’enfer en mer Ionienne.
Après une escale à Ermioni et Egine où pour la nième fois je ne trouve pas de place au port. Mardi 22 septembre, Mimosa mouille dans son port à deux pas de Mikrolimano. Il nous reste une journée pour préparer le bateau pour l’hivernage. Malgré ma volonté de revenir en octobre, rien n’est plus incertain, compte tenu de la situation sanitaire autour d’Athènes. Impossible de savoir quand on naviguera de nouveau ! Drôle d’année !!!
Voilà notre parcours https://www.google.com/maps/d/edit?mid=1jD5rFNOLR_SZO2Wurqozw6tR13jsx9nD... . Nous sommes quand même heureux d’avoir navigué, malgré les circonstances.
Et pour ceux qui veulent plus de details au jour le jour, nous avons une page FaceBook dediée à nos voyages. Vous pouvez nous suivre ici https://www.facebook.com/VoilesMimosa
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