h - El Hierro
El Hierro , le 8/10/17
Départ de Tazacorte à La Palma à 8h en direction d'El Hierro à 53 milles . Nous sommes au moteur car il n'y a pas de vent . Une magnifique journée s'annonce , soleil radieu . La mer est d'un calme plat pour une fois . J'aperçois un souffle de baleine à 500 m. au large , son dos devient visible , c'est la première que l'on en voit aux Canaries ! Nous scrutons l'horizon avec persévérance et intérêt . Lorsque nous naviguons , quel plaisir de voir une de ces petites ou grosses bêtes hors de l'eau . Arrivés à mi-parcours , La Palma reste visible derrière nous , La Gomera sur bâbord alors qu'El Hierro se dresse devant nous . C'est notre dernière navigation entre les Iles des Canaries avant la traversée vers le Cap Vert . On croirait retrouver la mer entre Hoedic et Arzal , mer calme , houleuse légèrement , un léger souffle de vent de quoi faire apparaître de petites risées sur l'eau , rien de plus . Seize heures , aucun bateau depuis ce matin à l'horizon , seuls quelques oiseaux sur cette immensité d'eau . Pascal s'est découvert l'âme d'un lecteur , moi je continue sur ma Kindle qui ne me quitte plus lorsque l'on navigue . C'est la désolation ! Pas un poisson à l'hameçon depuis notre arrivée dans l'archipel et pourtant il y en a ! Nous sommes bredouille encore aujourd'hui . Arrivés par la pointe Nord-Est de l'île, nous apercevons sur les hauteurs Valverde , la capitale d'El Hierro , elle se situe entre 600 et 700 m. d'altitude . La " verte vallée " , d'où vient son nom " valle verde " , c'est la seule capitale insulaire des Canaries à ne pas être située en bord de mer . La piste de l'aéroport où un avion décolle est juste devant nous à quelques mètres de hauteur au dessus du niveau de la mer . Les cinq éoliennes sur l'île tournent lentement malgré le peu de vent . Après 10 heures de navigation au moteur , nous sommes accueillis par un agent de la Police portuaire qui fait office de marinero . Port de La Estaca super tranquille , ce n'est pas un village , il y a juste l'embarcadère pour le navire de la traversée vers Ténérife . Il y a seulement un ponton de quinze places pour les bateaux de plaisance , sinon les petits bateaux de pêche ont leur espace .

El Hierro , en Espagne , on l'appelle l'île du " bout du monde ", ce que tout le monde croyait jusqu'à ce que Christophe Colomb démontre le contraire . C'est à la fois la plus méridionale et la plus occidentale des Canaries . El Hierro désigne " le fer " , toutefois , ce minerai est absent de l'île . Elle ressemble à une petite pyramide d'à peine 270 km2 avec son point culminant à 1500 m. C'est la plus petite des 7 Iles principales et la plus isolée . Plus jeune des îles de l'archipel, elle constitue la partie émergée d'un volcan bouclier ayant connu plusieurs effondrements de ses flancs qui lui ont donné sa forme triangulaire. La seule éruption des temps historiques a eu lieu entre le 10 octobre 2011 et le 5 mars 2012 avec l'émission sous-marine de lave au sud-ouest de l'île. Elle a été le cœur d'une crise sismique qui a débordé cette période . El Hierro a une population de 10 587 habitants en 2015 , c'est la septième île des Canaries par la population et donc la moins peuplée de l'archipel. C'est également la septième île des Canaries par la surface . Au niveau énergie , en juin 2014 , El Hierro est devenue la première île du monde, de cette taille et non interconnectée à un quelconque réseau, à obtenir la capacité d'être ponctuellement autonome en électricité grâce à la mise en fonction d'une centrale hydro-éolienne originale . Ce système est composé de cinq éoliennes de 2,1 MW chacune , d'une usine de dessalement de l’eau de mer , d'une centrale hydraulique . Forte de tous ces atouts ( richesse géologique , variété et beauté des paysages , zones protégées ) , l'île a été déclarée géoparc mondial par l'UNESCO en 2014 .
El Hierro est restée en dehors du courant touristique , pas de complexe hôtelier grandiose , les quelques hôtels se fondent dans le paysage .
Après avoir loué une voiture au port même nous nous dirigeons vers le Sud pour la visite de l'île , en premier vers La Restinga où nous avions envisagé de venir au port mais après avoir échangé avec des navigateurs , nous avons changé d'avis car le port est tout petit et très houleux . Il faut se mettre le long du quai et bien souvent le bastingage ou les parre-battages s'en souviennent à cause de la houle qui rentre dans le port .
Sur notre chemin , le paysage est très aride , de petits champs entourés de murs de pierres de laves en font le décor .

Quelques vaches sur la hauteur de la route attirent notre curiosité .

Au Sud , la lave aux formes capricieuses , a tellement de formes tortueuses qu'on dirait parfois des racines d'arbres entremêlées .

Nous arrivons à la La Restinga , petit port de pêche et village de la plongée par excellence . En 1996 a été créé la réserve marine Punta Restinga . Ses fonds abrupts abritent des grottes et des forêts sous-marines . Le port est très petit , très peu de place au ponton par contre un grand quai décoré de façon original où deux voiliers sont adossés , ils ne bougent pas car depuis quelques jours il n'y a plus de vent et la mer est très calme .

À El Hierro , la dernière apparition d'une activité sismique d'origine volcanique survient le 16 juillet 2011 . Les secousses d'une magnitude inférieure à 3 se produisent à une dizaine de kilomètres de profondeur au sud-ouest de l'île . Dans le même temps, un gonflement du volcan est enregistré . Ces manifestations sont interprétées par les volcanologues comme l'annonce possible d'une éruption . Le 24 septembre 2011, le gouvernement local place l'île en niveau d'alerte jaune préparant ainsi la population à une éventuelle évacuation . Fin septembre, les séismes qui se font plus puissants et beaucoup plus nombreux commencent à être ressentis par la population et le gonflement du sol atteint 3,5 centimètres . Le 10 octobre, la nature des séismes change avec l'apparition d'un trémor situé au large des côtes méridionales de l'île, signe d'une éruption sous-marine . Le niveau d'alerte passe alors au rouge pour le village de Restinga et une zone d'exclusion maritime est mise en place . Le 12 octobre, des manifestations de l'éruption atteignent la surface de la mer avec la coloration de l'eau en vert clair , avec la remontée de bulles de gaz et la suspension de fragments volcaniques dans l'eau . Le 5 mars 2012, l'éruption est déclarée achevée . Le volca se rapproche du niveau de la mer jour après jour et , actuellement , la pointe se trouve à seulement 70 mètres de la surface .
Au Centre , nous entrons dans la forêt de pins , presque plus de traces de laves car une épaisse couche d'aiguilles de pins recouvre le sol . L'air devient frais , 20 degrés . Le tronc des pins est noirci , le feu s'est invité il y a quelques années car les aiguilles ont repoussées .
Changeons de paysage , la côte Sud-Ouest est magnifique , nous longeons la mer par la petite route côtière très sinueuse . Les falaises abruptes plongent dans la mer et sont notre décor du moment .


Au Nord-Ouest , les parois des falaises ne plongent pas directement dans la mer et laissent un large rebord en pente douce pour laisser place dans une vallée fertile , à des champs de vignes , parmi les roches et la végétation . Autour d'un village , les cultures d'ananas , bananiers , manguiers changent le décor , plus de 10 % de la superficie de l'île sont cultivés .


Nous décidons de nous arrêter dans une coopérative de fruits qui se trouve sur le bord de notre route . Un 4/4 décharge sa récolte d'ananas , nous achetons 4 ananas entre 2 et 2.50 euros le kilo , pas donné , mais le prix en magasin sur l'île est de plus de 4 euros le kilos , cela est horriblement cher pour les îliens . Ici les produits alimentaires sont presque deux fois plus cher que par rapport aux autres Iles sauf le carburant , location de voiture et restaurants ( pour ce qu'on a vu ) .
Le Sud-Est , au-dessus du port de l'Estaca , le village de Tamaduste que l'on a vu en premier de la mer , abrite une crique de rochers de lave très bien aménagée pour laisser place à la détente . Le contraste de ses maisons blanches avec la roche noire basaltique est saisissant et nous rappelle un peu Lanzarote .

Plus au Sud du port , une route cul de sac mène à Las Playas , un paysage sauvage qui laisse place à l'immensité des falaises , nous apercevons des chèvres . Il faut savoir que le lait des chèvres d'El Hierro donne les fromages les plus réputés des Canaries . C'est l'île des Canaries qui a conservé le plus important volet agricole par rapport à sa population .


Le 10 octobre , journée préparatifs de départ en vue de la traversée vers le Cap Vert ; l'avitaillement en frais est complété , l'annexe dégonflée est installée sur le pont , les pleins d'eau et carburants terminés , reste la lessive de dernière minute et les contacts avec notre famille . Nous sommes fin prêt pour partir demain 11/10 vers midi pour 720 milles vers l'île de Sal . La météo s'annonce favorable pour ces 6 à 7 jours de navigation , la première aussi longue .
Voici notre appréciation sur les sept iles principales des Iles Canaries
- la plus authentique , la plus préservée ; il y en a deux en fait , Lanzarote et El Hierro
- la plus surprenante ; Ténérife grace au Teide
- la plus sablonneuse ; Fuerteventura
-la plus vertigineuse ; La Palma
- la plus bétonnée ; Gran Canaria
- la plus diversifiée ; La Gomera
- la plus magique ; Lanzarote
- Le mouillage le plus apprécié ; Papagayo au Sud de Lanzarote ( il faisait beau , il n'y avait pas de houle )
Si le parcours était à refaire ; on ferait le meme car commencer à l'ESt pour finir à l'ouest , dans le sens du vent , cela nous a aidés .

Partir d'El Hierro pour la traversée est un bon compromis car il y a moins de milles à parcourir pour aller au Cap Vert et surtout nous nous écartons des cotes donc des routes des cargos .
Partir d'El Hierro ; à condition de faire son avitaillement avant d'arriver sur l'ile car au port dela l'Estaca il n'y a pas de supermercado , la ville est à plusieurs kilomètres .
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