TRAVERSEE GRENADE/BONAIRE 400 MILES NAUTIQUES
TRAVERSÉE GRENADE/BONAIRE 400 MILES NAUTIQUES
L'heure est venue pour nous de laisser nos amis sur le quai, de larguer nos amarres pour continuer notre périple. Un dernier repas ensemble, la veille au soir sur la terrasse du bateau le "Phare Bleu" sur l'île de Grenade, les dernières étreintes, la promesse de se revoir et nous voilà partis pour de nouvelles aventures sur l'île de Bonaire en l'occurrence.Fin de repas au restaurant du bateau-phare avec Ulrich
Nous sommes le vendredi 8 juin 2017. Il est 10h30 du matin. L'intervenant de la marina a remis en place hier, les bouées du chenal. Elles n'y étaient pas lorsque nous sommes arrivés, ce qui m'a provoqué quelques suées ! Ces bouées facilitent le départ et l'arrivée sans risque d'échouage. Plus de questions à se poser, on vise entre la bouée verte et la bouée rouge. Contrairement à l'Europe, ici les couleurs sont inversées. En sortant d'un port ou d'une marina, les rouges se trouvent sur notre babord alors que les vertes sont sur notre tribord. C'est l'inverse en Europe. Mais, dans le chenal la mer est très agitée. Les différences de profondeur entre les hauts fonds et les bas fonds provoquent de belles vagues de plusieurs mètres qui viennent s'écraser avec fracas sur le devant du pont. Nous cherchons sur le GPS un passage au sud de l'île de Grenade sans avoir trop à descendre vers le 180°. En effet, nous ne souhaitons pas nous rapprocher trop des côtes vénézuéliennes. Nous trouvons une passe étroite avec 30m de fond qui fait notre affaire. Nous sommes très vent arrière. Nous installons uniquement le génois sur babord que nous tangonnons. Le vent est peu présent, autour de 7 noeuds et nous avançons péniblement dans cette mer hachée. La nuit arrive et je prends le premier quart de 21h00 à 01h00. Le vent monte un peu et nous pouvons étaler la consomations des batteries grâce au système ingénieux sur l'alternateur de l'arbre d'hélice. La mer est toujours cahotique et une houle de fond qui arrive par l'arrière du bateau a remplacé les grandes vagues du départ qui venaient de face. La situation est plus confortable. La nuit est très claire. On y voit pratiquement comme en plein jour. Nous faisons route au 275°. Notre position à 21 h : 12°06.750N et 062°28.880W à 30MN au dessus de toutes terres du Vénézuela afin d'évier d'éventuels problèmes.
Sur les coups de 23h00, j'ai un gros coup de barre. Je pique du nez sur mon siège ! Un petit coup en plein vent, la fatigue s'envole et la forme revient. A 01h00 du matin quand Max prend la relève, je peux lire un peu, avant de m'endormir. Un premier réveil à 04h04, puis c'est la sonnerie à 04h50 qui me tire d'un lourd sommeil dans lequel j'étais replongée. A 05h00, après le passage des consignes, c'est à nouveau à Max d'aller dormir. Durant son quart, il a vu quelques bateaux à l'AIS sur le GPS.
A 06h30, nous faisons route de collision avec un navire marchand "Atlantic Diana". Nous sommes plein vent arrière et la manoeuvre est limitée. Je descends de quelques degrés. Je sais que normalement je suis prioritaire mais je n'ai pas encore vu de gros navires qui changaient leur route face à nous autres voiliers. Mais surprise, le navire modifie son cap, nous sommes parallèle puis il infléchit sa route en passant derrière nous. J'ai failli le remercier à la VHF mais cela aurait certainement réveillé Max.
A 7h50 Max me fait coucou par le hublot qui donne sur le cockpit et quelques minutes après j'entends un gros bruit à l'intérieur auquel se mêle un gémissement de douleur. Je retrouve Max au sol ! Une vague l'a déstabilisé alors qu'il finissait de s'habiller : - j'ai besoin de mes 2 mains pour remonter ma braguette me dit-il ! Son front est allé heurté la poignée de la porte de la cabine arrière et, renvoyé sur l'arrière, son dos est allé violemment frapper l'encoignure du cabinet de toilette. Sur le front une jolie bosse de 6 cm de long sur 4.5 de large sur laquelle est incrustée en bleu/violet l'empreinte de la poignée et sur le dos des contusions à tribord depuis les dorsales jusqu'aux premières lombaires. Glace immédiatement, cachet, pommade et surveillance. A 10h00, je vais me recoucher un peu. Sa braguette est enfin remontée !
Dimanche 11 juin, le ciel est clair et le soleil est à son zénith. Le plus dur sera de trouver un peu de fraîcheur et d'ombre sur le bateau. A l'intérieur de "Légende du Val", c'est l'étuve. En navigation, pas question d'ouvrir les hublots sous peine de voir une vague inonder l'intérieur. Dans le cockpit, le petit taud n'est pas suffisant pour nous faire de l'ombre. La chaleur nous colle à la peau !
Nous avons réussi pourtant, l'un comme l'autre, à faire une petite sieste dans la cabine avant, c'est la plus fraîche avec 32°C.
Un peu tour sur le pont me permet de ramasser 3 beaux poissons volants. Petite consolation car le fil à la traîne n'a rien donné !
Le bateau glisse bien sur l'eau. Nous n'avons toujours que le génois sur babord. Max souffre toujours de sa chute ; Impossible d'installer le tangon sur tribord, il faut être 2 pour le faire. Mais, "Légende du Val" avance vite avec des pointes à 10 noeuds. Trop vite même ! Nous allons arriver dans la nuit à ce train là !
Avec le soleil, nos 3 panneaux solaires remplissent complétement leur fonction et rechargent les batteries. Je finis mon dernier polar (je lis beaucoup en navigation) et, dans la soirée, nous réduisons la voilure. Et, c'est avec un "mouchoir de poche" que Max s'amarrera à la Marina de Harbour Village de Kralendijk, capitale de l'île de Bonaire, le lundi 12 juin 2017 à 08h00 du matin.
L'océan Atlantique est maintenant derrière nous, nous sommes en plein coeur de la mer des Caraïbes.
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Trinidad51
12 Mayo 2018 - 1:52am
Traversée Grenade - Bonaire ou Curacao