Petite et Grande Traversées

Petite et Grande Traversées

Posté par : Guylaine et Max
15 Diciembre 2016 à 02h
Última actualización 18 Diciembre 2016 à 13h
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D'ARCHIPEL EN ARCHIPEL, DES CANARIES AU CAP-VERT

Nous avançons à 6 noeuds ce mardi 6 novembre 2016 en logeant la côte Est de l'île de Ténérifé, archipel des Canaries.   La mer est belle, nuages et soleil nous accompagnent. 850 M nous séparent de l'île de Saõ Vincentes, archipel du Cap Vert au large du Sénégal. C'est, jusqu'à présent notre plus grande traversée. Nous espérons rester en mer une petite semaine avant d'atteindre la terre.

La première nuit, voiles en ciseaux, une des "position fétiche" de Max, la mer grossit et le vent forcit. Vent arrière, les pointes à 13 nds sont fréquentes et les départs au Lof également, quand soudain la bôme passe violement de babord à tribord. Un rivet du frein de bôme a cédé. Nous enroulons la GV et continuons uniquement avec le génois tangonné sur tribord. Nous nous apercevons peu après que le vit de mulet s'est cassé dans cet empanage ! La tête du vit de mulet a servi de "fusible". Nous attachons alors la bôme au mât avec des cordages et récupérons les morceaux !   Cap au Sud, le vent est bien présent et nous avançons bien. La nuit est claire et les suivantes le seront encore davantage. Les étoiles brillent et j'essaie en vain de retrouver quelques figures comme la Grande Ourse ou Cassiopée. C'est ainsi que nous courons sur les flots par vent arrière, uniquement avec le génois tangonné et cap au  Sud.La quatrième nuit  nous flirtons avec force 8. La mer est devenue grosse. Le bateau se comporte admirablement bien. C'est un plaisir de le sentir filer, de voir l'écume autour de sa coque, d'entendre l'eau bouillonner et de voir le speedo grimper !  13, 14 puis 15,8nds  dans un surf ! Notre record ! C'est grisant ! Moi qui souhaitait un bateau rapide je suis comblée ! Mais, par prudence je prends quand même un ris dans le génois. Au soir du 11 novembre, il nous reste 295M avant l'approche des îles du Cap Vert. Le dimanche 13 novembre un petit échassier blanc type "pique boeuf" est venue se poser à l'arrière du bateau dès le matin avant même le lever du jour. Il restera toute la journée avec nous. Coté navigation, le vent est tombé et nous nous traînons à 4 noeuds ! Nous remplaçons alors le génois par une grande voile d'avant de 100m2 de la famille des spi nommée "le code D", drôle de nom pour une voile  ! Nous reprenons un peu de vitesse jusqu'au moment où la drisse du "code D" casse et la belle voile passe à la mer ! Heureusement avec nos 4 bras nous récupérons tout et réinstallons le génois.  La journée se termine, l'oiseau est toujours là et je commence à avoir faim .

 

La tache blanche au  fond c'est l'oiseau !

 

Coté pêche, durant cette traversée, nous avons eu plusieurs touches qui se sont perdues à la remontée, certaines à quelques mètres du bateau au grand désarroi de Max. Mais, un poisson volant est venu s'échouer sur le pont. Il fera l'affaire pour l'apéro. Et, c'est sur les coups de minuit le dimanche 13 novembre que nous jetons la pioche à coté de la marina de Mindelo. Nous nous apercevrons le lendemain matin qu'une épave émerge à quelques mètres de nous !

 

épave à quelques encablures derrière nous ! mouillage de Mindelo

Lundi matin 14 novembre nous levons l'ancre pour nous rendre à la marina de Mindelo où Max a pris soin de nous réserver une place. En découvrant le port je suis surprise de constater que bon nombres de bateaux arborent le pavillon de l'ARC (Atlantique Race Cruising). Tous ces bateaux, adhérents à cette association commerciale, sont prioritaires dans les ports ainsi que pour les services annexes. Ils voyagent groupés  sous forme de course. Nous apprenons  que ces voiliers doivent partir jeudi.  Mais,  pour nous la priorité est notre bateau . Je commence par grimper une nouvelle fois au mât pour installer une nouvelle drisse et j'en profite pour dépoussiérer et lubrifier l'anémomêtre qui refuse de tourner malgré la présence de toutes ses petites aillettes. Le nettoyage et lubrifiage s'avéreront efficace ! Max dessine le plan du vit de mulet avec toutes ses cotes  qui sera refait une fois les bateaux de l'ARC partis. Nous otons le speedo qui s'est accoquiné avec quelques petits coquillages. Nettoyage et remise en place le jour J, jour du départ pour la traversée de l'Atlantique.

En attendant nous repérons le club de plongée et réservons une sortie. Nous y verrons de très jolis nudibranches (limaces de mer).

 

 

Puis vient l'heure du tour de l'île. Peau de chêvre sur le tableau de bord, crucifix qui pend au rétroviseur, notre guide nous accueille avec un franc sourire dans son 4x4. Le véhicule s'ébranle sur les routes entièrement pavées à la main, pierre par pierre. Direction la verte vallée de Calhau qui fournit la majorité des légumes à l'île. Voici quelques vues de l'île :

plus loin c'est le  village de  pêcheurs de Calhau avec ses jolies barques colorées. 

clin d'oeil aux amoureux des papillons avec cette charmante chenille ! Max et le guide

L'heure de la baignade arrive. Malheureusement notre guide nous déconseillera très vivement de profiter de cette jolie plage car dit-il le courant est trop violent. Il nous conduira dans une petite baie où nous pataugerons jusqu'à la taille dans une eau plus que douteuse !!

jolie plage.

Le soir un petit resto fort sympa  qui propose de la langouste à son menu :


Au mouillage un bateau 2 mâts attire notre attention. Il s'agit de la Clé de Sol. Construit en 1953 par un passionné de musique et de voile. Son propriétaire M Jean de l'Espée réunit ses 2 passions en construisant son ketch autour de son piano quart- de -queue Steinway !                                                                                       Ci-contre le bateau La Clé de Sol et son annexe 

Saõ Antaõ est une île voisine. Elle est plus grande et plus montagneuse que Sao Vicentes où nous sommes, l'eau y est moins rare. Mais il n'existe pas de port en dehors de celui du ferry et les mouillages ne sont pas de bonne tenue.Nous en aurons d'ailleurs la preuve à notre retour en apprenant  que les 4 voiliers au mouillage avaient tous dérapés et que pour l'un d'eux, l'équipage étant parti visiter l'île, ce sont les pêcheurs locaux qui ont trouvé le bateau en mer et l'ont ramené   ! Nous prenons donc le ferry après avoir réservé une chambre d'hôte sur Saõ Antaõ. Un aluguer nous conduit depuis la gare du ferry juqu'à la chambre d'hôte. Les aluguers sont des véhicules taxi de 15 ou 20 (voir plus) places. Le chauffeur ne démarre qu'à la condition d'être certain de ne plus avoir de clients ! Le notre fera le tour de la ville pour récupérer des marchandises qu'il déposera le long de la route à leur commanditaire.

Le propriétaire des lieux, un français installé depuis 15 ans a élaboré des parcours treck. Nous en choississons 3. Nous marcherons à travers des pins, des eucalyptus, des mimosas. La terre est rouge et les verts sont déclinés sur tous les tons - vert tendre- vert foncé- vert kaki- vert bleu ...Le jaune des fleurs d'aloés et des bouquets à fleurs rouges bordent les chemins. Toutes ces couleurs donnent envie de les apposer sur une palette. On se sent l'âme d'un peindre, d'un impressionniste, d'un Matisse.


 

 

 

La moindre parcelle de terre est cultivée. L'ane est domestiqué et est utile pour de nombreux travaux dont le transport dans la montagne. Les vaches, les chèvres sont attachées à des piquets tandis que les volatiles picorent en toute liberté. 

 

 

    Ci-dessous : ..........la Cova, ancien cratére                     .....................................................................................................la mer derrière la montagne     ..........................................................Une île au loin et la mer de nuages à 1000m d'altitude

 

A la fin du 3ème jour après une marche de plus de 5 h, quelques courbatures se font sentir dans nos jambres de marin ! Retour par le ferry à Mindelo :

 

Le jeudi 24 novembre 2016, le bateau est fin prêt pour la traversée. Reste quelques boites de conserve à rajouter ainsi que les formalités de départ à faire (clearance). Nous fixons le départ pour le samedi 26 novembre. La météo annonce peu de vent et nous devrons descendre sous  le 13éme parrallèle pour trouver Eole.

 

LA TRAVERSEE de L'ATLANTIQUE

Samedi 26 novembre 2016, après les derniers échanges avec nos proches nous assurant de leur affection et de leur soutien, confort affectif sans égal, nous larguons sereinement les amarres vers 14h00. Nous prévoyons 3 semaines pour rallier la Barbade. Moteur pour sortir de l'archipel du Cap Vert et route au sud. Nous jetons un dernier regard puis c'est, pendant plusieurs heures, du 2 ou 3 noeuds.Cela permet à Max de remonter une bonite sur la cane à pêche. Bonite que nous avons cuite un peu trop d'ailleurs ! Il faut vous dire que pendant sa cuisson nous avons entendu un souffle impressionnant sur tribord, puis un deuxième et un troisième. Il faisait nuit noire et impossible de distinguer quoi que ce soit dans la mer,  sauf d'entendre cet impressionnant souffle ! Vite la binoculaire nocturne pendant que Max cherche une grosse lampe de son coté. Le temps de réagir et de prendre le matériel, le cétacés avaient plongé et la bonite était trop cuite !

23h00 ce même soir. Nous étions vent arrière avec le "code D" tangonné. j'espérais pouvoir tenir jusqu'à la fin de mon quart sans réveiller Max mais il a fallu que ce stupide vent force encore ! 25 30 noeuds de vent pour le code D c'est trop ! Il a donc bien fallu que je réveille Max pour m'aider à enrouler la voile. J'ai bien pensé le faire toute seule mais tirer sur l'emmagasineur tout en tenant l'écoute avec le vent qui devenait fort, c'était mission impossible pour moi !

Max a donc tiré sur l'emmagasineur pendant que je maintenais une certaine tension sur l'écoute. Il tirait, il tirait Max. Les shadocks eux ils pompaient mais Max lui il tirait ! Il tirait toujours et je ne voyait pas la voile s'enrouler ! Au bout d'une demie heure de ce régime, il fallait se rendre à l'évidence : tirer ne servait à rien d'autant que l'écoute avait fini par se décrocher de la voile ! La solution de descendre le point de drisse nous apparu alors évident à l'un comme à l'autre. Je m'installe donc au pied de mât pour descendre la drisse pendant que Max tente de récupérer le code D sur la bateau. Il tirait, il tirait Max ! les shadocks eux pompaient mais Max lui il tirait, il tirait. Puis j'ai laissé le pied de mat et je suis venue offrir mes 2 bras super musclés ! et nous tirions, nous tirions. Les shadocks eux pompaient mais nous nous tirions, nous tirions. Puis il a bien fallu se rendre à l'évidence : nous n'y arriverions pas comme ça !
Donc, nous l'avons carrément défait de son point de drisse et laisser tomber à l'eau, tenue uniquement par son point d'amure. De tribord elle passa à babord mais sous le bateau ! Et alors nous l'avons alors tirée sur babord ! et nous tirions, nous tirions. Les shadocks eux pompaient mais nous nous tirions, nous tirions ! et, il a fallu se rendre à l'évidence : c'était gagné !! Nous l'avons récupérée entièrement saine et sauve et mis dans le cokpit. Voilà  pourquoi j'ai dit plus haut ce "stupide vent". Nous en avons profité pour remette à l'eau un poisson volant  échoué sur le bateau.  Il restait encore une heure à dormir à Max mais après cet effort, impossible de se réendormir ou de dormir. Alors pour faire baisser un peu la pression nous avons ouvert la bouteille de grogue  au tamarin acheté à Mindelo ! Santé !

Le dimanche 27 novembre 2016 Max remonte une petite bonite sur la canne à pêche à 10h00 et à 11h00 je remonte une dorade coryphène (mahi mahi) de 80 cm.

10 parts. 8 au congélo et 2 au frigo ! Le  mercredi 30 novembre nous avons parcouru 470M sur les 2100M. A 20h30 la ligne de traine et la canne à pêche se déroulent en même temps. Je saute sur la ligne pendant que Max tente de remonter la prise de la canne à pêche. Au bout de la ligne, j'ai une jolie bonite de 54 cm avec des points et des stries bleus Max est décu, il n'a pas réussi à remonter la prise de la canne à pêche.

La pêche occupe une bonne partie de nos premières journées. Le réglage des voiles est calé et l'effort à fournir pour les régler est minimun. Nous sommes vent arrière avec à babord le génois tangonné et à tribord le ballooneur tangonné  également (voile d'avant de 90m2). Dans la journée, nous pouvons bricoler un peu, jouer à la bataille navale, lire, écrire. La confection des repas est un élément essentiel de la vie à bord. Le poisson est  notre principale source de protéine. Selon notre gré nous  pouvons le cuisiner soit avec du riz au curcuma et baie de goyave ou avec des ignames et des pommes de terre douce par exemple.

La nuit je prends le premier quart de 21h00 à 01h00 et j'aime me retrouver seule dans la fraîcheur de la nuit. La journée il fait une chaleur d'enfer. Je ne pensais pas avoir si chaud en navigation ! Pendant ce premier quart, je lis, j'écris, je dessine un peu et je travaille mon anglais. je m'étonne moi-même du plaisir que je prends à cette navigation et du bien-être que j'en ressens. L'important est le moment présent que l'on vit pleinement. Nous faisons avec la mer et le vent. Cadeau inattendu de cette traversée !

Le 2éme quart de 5h00 à 8h00 a nécessité souvent une plus grande vigilance. La lourdeur de la journée se transforme la nuit en orage et à partir de 4h00 du matin les nombreux éclairs blancs qui irradient  le ciel nous tiennent bien éveillés. Nous avons essuyé la queue d'un orage. Le vent soufflait dans tous les sens en grosses rafales. Enroulement des voiles et moteur. La pluie est venue, le vent s'est calmé et au bout d'un heure nous avons pu reprendre notre route.

Malgré que le congélateur soit plein Max tenait à sa revanche ! Et il a réussi une superbe belle prise Un Rainbow runner ou Carangue arc-en-ciel de 94 cm de long. Trop gourmand il s'est fait prendre alors que son estomac contenait un poisson volant entier !

Le mercredi 7 décembre 2016 nous avons fait 210M en 24 heures et le matin du jeudi 8 décembre, le vent force 6 nécessite que l'on enlève le balloonneur. Nous le remplaçons par la trinquette.

Dans la nuit de vendredi à samedi 10 je prends un ris dans le gennois. Route toujours au 270°, vitesse 7,5noeuds, la mer est grosse.

A 18h00 les lumières de la Barbade sont visibles et nous mouillons à 22h00 après 14 jours de navigation dans Carlisle Bay en face de Bridgetown, la Capitale.

Lendemain une touterelle ambassadrice le l'île, viendra nous saluer pendant notre déjeuner dans un restaurant.

Et maintenant à nous les Caraïbes !

 

 

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