La zone de convergence du pacifique sud est là, nous guette, oscille entre ici et le Vanuatu, toujours prête à nous déverser un déluge sur la tête. Nous débarquons à Savu-savu avec la pluie, les formalités douanières sont expédiées en un jour et demi, un record de lenteur et d'amabilité. Les officiels en retard s'excusent et ôtent leurs chaussures. Nous sommes à la marina, enfin si on peut qualifier de marina les corps morts posés là. L'endroit est paisible. Nous y restons cinq jours, laissant le temps au temps de s'arranger un peu. On en profite pour se promener, faire des courses. Côté visites, on opte pour un parc avec une marche en forêt humide. Caroline sur-motivée et pleine du souvenir des transports en commun que nous prenions en Asie nous dirige vers un bus. Avec nos deux filles, le folklore prend tout son sens. Deux heures, trente kilomètres, entassés, cahotés et assourdis par un film d'action en Anglais interdit aux moins de douze ans. Arrivés au parc, le gardien nous déclare tout de go qu'il s'en va en ville acheter du matériel et nous enferme à l'intérieur. Ce que nous n'avions pas compris c'est qu'après cette sympathique promenade que l'on nous a fait faire à l'envers, nous sommes à la porte. Jusques là tout est bien, sauf qu'il reste une heure et demi avant le peut-être prochain bus et que la pluie s'amène. Au bout de trois quarts d'heure nous avons pu attraper un taxi dont les occupants ont très gentiment accepté que l'on s'entasse à six sur la banquette arrière.

Encore deux jours et nous levons l'ancre pour une navigation de quarante cinq mille face au vent afin de rejoindre l'extrémité Est de l'île. Heureusement que nous avons deux moteurs pour faire du près. Viani Bay nous accueille. Magnifique plongée sur le récif et très belle promenade côtière. Puis l'île de Taveuni plus à l'Est. Nous jetons l'ancre au Nord de l'île entre les récifs et nous organisons, en taxi cette fois, une superbe ballade le long de la mer pour mon anniversaire. Vraiment j'ai de la chance, les filles ont tenu leur promesse et ne se sont pas plaint durant ces trois heures de marche qui nous ont amené jusqu'à une cascade.

Le temps presse et si nous voulons être de retour en Calédonie début Novembre, il nous faut reprendre la route. Koro, puis Makogaï.

Cette dernière île a fait notre bonheur pendant une semaine avec son élevage de bénitiers géants et son bassin de tortues marines qui a ravi les filles. Chaque jour, j'avais une commande spéciale de poisson afin de les nourrir. La chasse sous marine avec le chef du village restera un excellent souvenir.

Nous y avons aussi rencontré Singa, outremer 55, qui fera la route avec nous jusqu'à Suva.

Suva, dernière étape avant la Calédonie, attente d'une fenêtre météo propice. On en a profité pour goûter la cuisine indienne locale. Étrange dépaysement au milieu du pacifique.

Finalement la fenêtre est arrivée sur la pointe des pieds, une semaine de petit temps devant nous jusqu'à Nouméa. Navigation paisible, un peu de moteur entre deux souffles d'alizé léger.

L'arrivée dans le lagon de Nouvelle Calédonie s'est faite en douceur, le bateau est à la maison.

On est heureux, je crois, d'être de retour. C'est un peu irréel d'être là.