Spi, pétole et moteur.
Nous passons trois jours devant le pont des Amériques dans une petite marina sur corps mort. Trois jours afin de ravitailler un peu le bateau en vivres et matériel divers et visiter le vieux panama en ruines. Trois jours suffisent pour cette ville où chaque personne croisée semble craindre pour notre sécurité, à la longue on deviendrait presque paranoïaque.
Nous décidons de nous rendre aux Perlas dans le but d'y passer une semaine avant de se lancer pour la traversée vers les Galapagos. Les photos que nous avons glanées sur internet sont prometteuses. Les Perlas, ce sont des milliers d'oiseaux, (frégates et pélicans pour ce que nous en avons reconnu) qui pêchent en permanence autour de Topaze, une côte sauvage quasi inhabitée et des mouillages seuls, enfin...
Les Perlas, ses six mètres de marnage, ses eaux troubles à hésiter de faire tourner le dessalinisateur, ses cartes marines fausses, ses plages qui menacent de vous renverser l'annexe cul par dessus tête à chaque débarquement, ses mouillages à la protection douteuse... Après trois jours de ce traitement de faveur et un carénage du bateau où je voyais à peine ma main nous avons décidé de nous lancer dans la queue d'une fenêtre météo favorable sur les 850 milles en ligne directe qui nous séparent de San Cristobal.
La météo est claire : deux jours de vent puis pétole ou presque. Il faut donc avancer le plus possible dans ces quarante huit heures afin d'épargner les moteurs pour le passage du pot au noir. Deux jours où nous n'avons pas hésité à brasser la toile dans vingt à vingt cinq nœuds de vent par l'arrière. Le premier jour nous envoyons le spi dès que les îles s'éloignent pour le ranger deux heures plus tard, le vent étant franchement monté. Puis un ris, quelques tours dans le génois, nous empannons avec à chaque fois un peu d'appréhension mais tout se passe bien jusqu'à deux heures du matin. Là, le vent est très nettement monté, le bateau tape dur dans la mer à neuf, dix nœuds, ses mouvements sont désagréables. Bref on est surtoilé. Nous affalons la GV, plein vent arrière pour ne plus laisser que le génois seul sur la route directe, sept, huit nœuds. Tout se calme à bord. On peut se reposer, enfin. Le lendemain se passe sous génois seul avec une tentative de Spi vers seize heures, affalé à dix sept, de nouveau envoyé à dix huit avec un ris, pour être de nouveau rentré à deux heures du matin et terminer avec le génois dans un vent qui se met à tourner. Nous n'aurons plus de vent fort et pouvons le lendemain de notre départ fêter en mer l'anniversaire de Caroline.
Les courants prennent le relais jusqu'à l'arrivée entre un nœud et un nœud cinq dans le bon sens. Nous laissons le rocher de Malpelo par le tribord le matin du troisième jour (détour effectué en fonction de la carte des courants dans cette zone). Nous envoyons le spi en testant toutes les possibilités sur toutes les amures jusqu'au vent de travers. Et ce pendant cinq jours en fonction des caprices du vent. Les couchers de soleil sur le pacifique sous spi font partie des plus beaux souvenirs de cette navigation. Nous avons franchi l'équateur le 21 mars à 21 heures sans le traditionnel champagne qui est resté au frais.
Tout ça pour terminer notre route au moteur comme il se doit, mais ce ne sera pas sans s'être battu avec les caprices des petits airs. A tel point qu'il a fallu se mettre cinq heures en cape sèche pour ne pas arriver de nuit. On en a profité pour se baigner avec les filles par deux mille cinq cent mètres de fond dans une eau limpide. On déplorera pour finir quarante et une heures de moteur à mettre sur le compte du pot au noir.
Le soleil se lève enfin, après une ultime nuit de veille, sur l'île de San Cristobal. Topaze est salué par les lions de mer. Nous jetons l'ancre dans la baie après huit jours et trois heures de mer, heureux d'être là.
Les moteurs encore en marche un agent vient nous proposer ses services pour effectuer les impossibles formalités d'entrée aux Galapagos. Deux heures plus tard six personnes débarquent à bord pour l'inspection sanitaire du navire et les formalités de la capitainerie(une visite guidée des lieux : « c'est sympa chez vous, oui merci »), puis il faut se rendre à l'immigration, au bureau du Parc National.
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Anonyme (no verificado)
30 Marzo 2012 - 12:00am
bravo pour le commentaire
Anonyme (no verificado)
31 Marzo 2012 - 12:00am
salut Topaze.
Anonyme (no verificado)
9 Abril 2012 - 12:00am
Bravo pour le passage de l