Le passage de Topaze
Le vent s'est fortement levé dans la nuit, comme souvent dans les caraïbes. Vers 5h00 je suis tiré de mon sommeil par des mouvements anormaux du bateau. Nous avons dérapé sur plus de 300 mètres et à quelques mètres dans notre arrière pointe un énorme remorqueur amarré sur son corps mort. Nous levons l'ancre en vitesse afin d'aller nous repositionner dans la zone de mouillage.
Notre prise en charge par le pilote du canal est prévue pour 14h00.
La matinée passe.
Les «handliners » dont nous avons loué les services pour le transit ne sont toujours pas à bord à onze heures du matin. Anxieux, j'additionne les coups de téléphone à notre agent qui me rassure à chaque fois en me confirmant leur proche arrivée.
A 12h30, il m'appelle à son tour en me disant qu'ils ne pourront pas venir à bord. Les autorités ont interdit la circulation des bateaux taxis en raison d'un porte container qui a coulé dans la baie et qui a répandu sa cargaison dans le port, faisant autant de dangers pour la circulation maritime. L'espace d'une demi heure, notre passage du canal se trouve compromis. Nous sommes au désespoir de passer une autre nuit dans cet endroit qui nous a valu une telle frayeur il y a quelques heures. Vers 13h30, je comprends enfin que l'agent tente de les faire venir à bord d'une manière ou d'une autre. En effet, nous voyons s'approcher une barque de pêcheurs avec nos trois gars et les lignes à son bord. Sauvés. Il ne manque plus que le pilote. Ce dernier débarque dans la demi-heure comme prévu.
Nous pouvons lever le mouillage. Cafouillage au Guindeau, l'extrémité de la chaîne file à la mer. « Mais il y avait un bout et un nœud...» Caro me montre le nœud défait au fond de la baille à mouillage. Heureusement que la patte d'oie est toujours accrochée. Je plonge afin de passer un bout dans la chaîne et après dix minutes d'efforts, nous réussissons à hisser à bord suffisamment de chaîne pour la remettre au guindeau et lever enfin le mouillage. Nous sommes sur la route du canal enfin, nous n'avons pas démérité.
Les premières écluses sont celles de Gatun, elles nous hissent de 10 mètres chacune. Nous passons à couple de deux autres catamarans dont nous formons le tribord. Celui du milieu est Alidade, l'outremer 49 numéro 1, rencontré à la marina de Shelter baie et avec l'équipage de convoyage duquel nous avons fortement sympathisé. Le bateau se rend à Nouméa pour continuer à faire le bonheur de son propriétaire. Les trois écluses se passent sans difficulté majeure derrière un cargo. L'eau bouillonne et nous fait grimper de trente mètres.
Le lac de Gatun s'offre à nous, avec sa forêt tropicale, ses îles et son interminable chenal que nous franchissons au moteur. Pas de halte. Le pilote m'indique la route, m'explique les grues et les foreuses que nous croisons tout du long pour la construction du nouveau canal, les handliners dorment ou écoutent de la musique. Caro s'occupe des enfants. A la VHF, je prend des nouvelles d'Alidade : Apéro, puis repas puis plus rien à faire sinon guider le bateau à l'aide du pilote automatique. Des cargos nous rattrapent. Nous en croisons tout autant ; Serrés contre les bouées de chenal nous regardons passer ces immeubles flottants. Le nouveau pont des Amériques est en vue, nous réduisons la vitesse : l'écluse de Pedro Garcia sera ouverte pour nous à 22h00, inutile de se presser pour faire des ronds dans l'eau devant. Nous terminons la route à 3 nœuds.
Les trois écluses du pacifique se passent avec un stress qui croit en même temps que le courant occasionné par la marée des écluses. Je ne mets même pas les moteurs en avant et nous filons de trois à quatre nœuds le long du boyau de béton de Miraflores. La mise à couple de Topaze en devient de plus en plus délicate. Le troisième catamaran derrière nous se paye un travers au milieu de la dernière écluse en tentant de ralentir son bateau lancé à pleine allure dans le flux et vient stopper sa course à quelques mètres de nos jupes.
S'ouvre enfin la dernière porte, le vieux pont des Amériques apparaît. Nous laissons juste derrière notre pilote qui a fait preuve de patience et professionnalisme à notre endroit. Un peu plus loin, la marina sur corps mort du yacht club de Balboa nous offre sa dernière bouée pour la nuit. Les handliners nous quittent à leur tour.
Ce fut une merveilleuse journée pour Caroline et moi. C'est avec beaucoup d'émotions que nous allons nous coucher, gratifiés par une magnifique pleine lune sur le pont des Amériques. Nous sommes dans le pacifique, enfin.
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Anonyme (no verificado)
11 Marzo 2012 - 12:00am
wouhaou...j'en ai le souffle
Anonyme (no verificado)
11 Marzo 2012 - 12:00am
Wouahh!!!!! génial, vous êtes
Anonyme (no verificado)
12 Marzo 2012 - 12:00am
wellcome pacificome,bise a
Anonyme (no verificado)
15 Marzo 2012 - 12:00am
bravo pour ce passage,
Anonyme (no verificado)
18 Marzo 2012 - 12:00am
Bravo les copains pour ce
Anonyme (no verificado)
20 Marzo 2012 - 12:00am
Coucou les navigateurs, j