Petit Départ
C'est sous la pression de quelques uns de nos amis que la décision a été prise de créer un blog pour ce voyage. Ceux là se reconnaîtrons.
Beaucoup de temps s'est écoulé depuis la première fois que nous avons évoqué en famille l'idée de faire un petit voyage en bateau. A vrai dire six ans, c'est long. Mais l'idée a fait son chemin têtu et nous voilà tous au seuil du départ. Ou Presque. Rien n'est simple. Tout d'abord, il a fallu vendre notre premier bateau. Un coup dur pour tout le monde. A commencer par nos deux filles qui nous réclament encore leur monocoque. "Memories" : trois cabines, trente ans, 13 mètres. Ce bateau leur manque les soirs de petite fatique. Pourtant ce n'était pas une question d'espace dans les cabines, de hauteur sous barrot, de place sur le pont. Je pense que c'était un simple lien à leur première maison sur l'eau. Elles sont nées dessus. Leurs petites cabines étaient à leur taille (mais de moins en moins en grandissant). Les nombreuses sorties étaient à chaque fois un nouveau terrain de jeu, un changement de décors. Il a fallu promettre un nouveau bateau avec un grand trampoline, de grandes cabines, il a fallu promettre un voyage. Il a fallu vendre notre rêve à nos enfants jours après soirs.
Donc, voilà notre bateau vendu et la quête peut commencer, la quête que connaît sans doute tout nouvel aspirant au voyage. Un nouveau bateau. Un multicoque. Une page de navigation se tourne pour la famille. La perspective d'une ligne d'horizon presque horizontale avec un peu de vitesse en plus. Comment évoquer ce souvenir de Caroline à la barre de "Memories" cherchant à grapiller un quart de noeud suplémentaire sur la route, histoire de raccourcir le près ou en prenant les vagues au bon moment pour tenter un surf qui ne venait pour ainsi dire jamais? La voile c'est génial, mais si on pouvait aller plus vite ce serait encore mieux. Si on pouvait éviter l'heure de rangement avant le départ. Si on pouvait manger dans le carré en regardant la mer. Si on pouvait, ce serait un catamaran. Les choses bassements matérielles ont donc été pesées, calculées, mesurées avec le plus de réalisme possible. Mais pas de rêve sans réalité. De toute cette soupe sont sorties plusieurs évidences. La route choisie a été parmi celles là. La Nouvelle Calédonie représente le cul de sac des îles de rêve du Pacifique sur la route des alizés. Nous avions beau retourner les vents dans tous les sens, la phrase de Caroline qui revenait comme un pivot dans ce projet a fini par poser l'évidence des choses. "J'aimerais tellement visiter la Polynésie en bateau." Et le reste ? "D'accord, mais on verra après". Comme il n'est pas question de faire (trop) de près avec un catamaran, il faut aller le chercher au deça du vent. Pas trop loin, pas trop près non plus. Il faut un endroit où l'on trouve suffisamment de bateaux pour avoir le choix. Bref les Antilles se sont imposées à nous. Un an c'est trop court, tout le monde le dit, mais ce sera un an quand même. C'est mieux que rien du tout.
Il a donc fallu aller sur place, c'est le début du voyage, c'est le petit départ. Visiter des bateaux dans un état précaire, à peine navigables en sortant des flottes de location. En trouver un forcément plus cher dans un état acceptable. Mais c'était bien le seul bateau que j'ai vu qui méritait que l'on mise nos économies dessus. Nous voilà donc théoriquement
bientôt propriétaires après quelques déboires et beaucoup de stress d'un bahia 46 des chantiers Fountaine Pajot mis à l'eau en 2004. Acheter une telle machine d'aussi loin en pleine saison cyclonique aux petites Antilles relève d'une épreuve pour les nerfs et pour la solidité du projet. C'est un bon test dont on se serait passé.
Pour l'heure, il me reste encore une quinzaine de jours de travail. Quinze jours, ce n'est plus grand chose, quelques gardes, quelques apéros avec mes collègues et mes amis du travail, histoire de fêter le début de ces longues vacances. Un an c'est long et si court à la fois, mais ça s'arrose.
Il faut dans le même temps tout organiser : les bagages sont un véritable casse tête, que faut-il emmener et que faut-il laisser là? Donner à nos amis Catherine et Tugdual le soin délicat de nos affaires ici, tenter de tout organiser pour que cette tâche soit la plus simple possible. S'arracher progressivement et avec le bon tempo de notre vie ici. Toutes les listes que nous avions faites deviennent réalité. Et au milieu de tout ça, toujours la même question : qu'est ce qu'on oublie ? Il faut aussi se projeter et organiser notre arrivée en Martinique sur le bateau avec tous les entretiens qu'il faut programmer avant de partir. Heureusement que dans cette tâche, nous ne sommes pas seuls. Outre le soutien au projet apporté par ceux qui nous entourent, il y a Maxime. C'est lui qui s'est proposé, il y a six mois, de nous aider concrètement dans ce projet en y participant de tout son savoir faire. En pratique, il vient avec nous en Martinique afin de préparer le bateau et il prend la mer avec la famille. Là on se sent nettement moins seul. Et puis, il ne faut pas oublier Rodolphe, le frère de Caroline qui nous rejoint à Saint-Martin et part navigeur avec nous pour un délai encore indéterminé.
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