Il y a quelques années toute l’électronique se trouvait à la table à cartes. Aujourd’hui, les tables à cartes sont devenues des tables à PC et les lecteurs de cartes multifonction sont arrivés dans les cockpits.

La navigation dans le brouillard requiert une vigilance permanente, une veille à l’extérieur et devant l’électronique. Difficile d’être à la fois à veiller dehors et pouvoir regarder son radar et son lecteur de cartes. Il faut, soit être nombreux à bord, soit avoir un équipement complet à la barre, pire à chaque barre.

Lors d’une arrivée à Gijon, un épais brouillard ne laissait que 20m de visibilité environ. Le trafic maritime y était assez dense avec des pêcheurs en pêche et stoppés, des pêcheurs en transit, des cargos.

Chronologie

La première photo, montre à gauche, en rouge, Evidence IV mon bateau. Au milieu, un voilier, à droite un cargo faisant route à très faible vitesse (1 nœuds environ – probablement en attente du pilote). Le voilier fait route sur le cargo et ne semble pas l’avoir vu bien qu’il possède un AIS. Le cargo fait retentir sa corne de brume.

Sur la deuxième photo, le voilier voit (à la vue) la coque du cargo et s’en écarte, la situation semble devenir plus claire.

Sur la troisième photo, le voilier revient vers le cargo, puis décide de passer derrière en faisant un 180°.

Enfin, en quatrième photo, la situation est claire, le voilier reprend sa route.

Que s’est-il passé ?

Il y a deux personnes à bord du voilier.

Le voilier est en panne d’AIS, du moins les données de l’AIS n’arrivent plus sur le lecteur de carte situé sous la table, entre les deux barres à roues. L’émetteur-récepteur AIS est à la table à carte. Le voilier est équipé d’un lecteur de cartes multifonction, il fait donc aussi office de radar.

En 1, les deux membres de l’équipage sont à la veille dehors et suivent leur route sur le lecteur de carte.

En 2, un mur d’acier se présente devant le voilier, coup de barre à droite pour éviter le cargo. Le cargo à vitesse très lente, il est impossible à l’équipage du voilier de savoir où est l’avant de l’arrière (20m de visi ne l’oublions pas).

En 3, le voilier veut reprendre sa route mais retombe sur le cargo qui, entre temps, est venu sur sa droite. A nouveau, gros coup de barre, mais par la gauche cette fois et pour passer derrière.

En 4, le voilier reprend sa route.

Le matériel électronique

Le voilier possède un émetteur récepteur AIS à la table à carte, il possède un écran qui permet de voir les pistes. L’équipage était occupé à la veille dehors et à suivre la route.

Le lecteur multifonction est situé sous la table du cockpit, entre les deux barres à roues. Il faut être à genoux pour en voir les détails et le manipuler. Suivre la route et utiliser le radar implique des zooms fréquents, la superposition des calques radar et carte implique d’avoir le même niveau d’échelle et la division en deux de l’écran diminue la lisibilité, surtout avec un lecteur disposé sous une table !

Ma conclusion

A l’origine du problème, un simple défaut de vitesse de transmission des données entre l’AIS du carré et le lecteur du cockpit.

L’équipage était encore peu expérimenté dans l’utilisation du radar, le nombre de pistes en mouvement et fixes vues depuis le lecteur multifonction en mode superposition de calques radar/nav ne rendait pas la lecture facile selon l’échelle.

Je reste un adepte du « à chacun son boulot » ou à chaque instrument son rôle. Un lecteur de carte sur la bonne échelle pour la navigation, un radar pour voir ce qui se passe sur l’eau. Le tout sous les yeux et dont l’utilisation ne nécessite pas de ramper pour appuyer sur un bouton. Une solution peut-être : le lecteur multifonction en affichage radar uniquement et une tablette avec Navionics (par exemple) pour la nav.

Mon Evidence IV – ex Oiseau de la pluie – a été conçu pour un solitaire. J’y ai toutefois apporté des modifications pour avoir tout devant moi depuis le poste de veille. Les commandes du pilote et le radar sont sous les yeux et sous la main, le lecteur de cartes sur écran d’ordinateur en face de moi, la VHF est accessible sans quitter le poste de veille. Il ne manque que la commande des gaz moteur, ce qui pourrait être utile aussi…