Retour à terre
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Nous passons quelques jours à Deshaies, au nord de la Guadeloupe. Le mouillage est bien encombrée mais nous avons la chance de pouvoir prendre une bouée (gratuite). Joël, qui travaille sur un catamaran de tourisme, me donne un coup de main pour réparer le contacteur du guindeau (moteur qui sert à relever l'ancre). Nous rencontrons par hasard dans la rue Sylvie et Laurent qui s'apprêtent à partir pour Antigua avec leur catamaran. Nous ne les avions pas revu depuis novembre sur le chantier de Trinidad : l'occasion d'un apéro sur Ovea qu'ils ont joliment repeint. Nous décidons de faire de petites étapes pour poursuivre notre route vers le sud.
Le 20 mai, départ de Deshaies pour rallier six heures plus tard l'îlet Cabrit aux Saintes. La saison touristique est bien terminée. Pas de problème pour trouver une bouée : nous ne sommes que trois bateaux. Le lendemain un bon vent d'est nous pousse sous grand voile à deux ris et un génois à moitié enroulé vers la Dominique. Nous retrouvons le plaisant mouillage de Portsmouth, les délicieux punchs de Félix et l'animation nonchalante de ce petit port de pêche.
Dimanche 24 mai, avec des rafales à 30 nœuds, il nous faut moins de quatre heures sous génois seul pour atteindre Roseau, la capitale, où on ne peux mouiller que sur bouée à quelques dizaines de mètres de la côte tellement il y a de fond. Á vingt euros la nuit, l'affaire doit être rentable... Nous en repartons au petit matin. Vent frais, un ris dans la grand voile, tout le génois : Spip traverse à près de 7 nœuds de moyenne le canal qui nous sépare de la Martinique. Évidemment sous le vent de la côte Éole est beaucoup plus capricieux et nous devons nous aider du moteur (sauf dans la grande baie de Fort de France) pour atteindre la petite anse d'Arlet. Profitant d'un corps-mort, nous y passons trois jours avant de rejoindre au moteur le mouillage de Saint-Anne. Nous y rencontrons Michelle et Yvan, un couple de malouins qui vivent ici six mois de l'année sur leur voilier Xango.
Le lundi 1er juin alors que je relève l'ancre, Katia me crie : « remouille, nous n'avons plus de moteur ! ». Bon réflexe : le câble d'accélérateur vient de casser. Nous avons de la chance que ça ne se soit pas produit à un moment plus délicat ! Un aller-retour au Marin pour acheter un câble de rechange, quelques heures de bricolage et le lendemain nous quittons Sainte-Anne pour un ponton à la marina du Marin. C'est devant les machines à laver le linge que nous retrouvons Gisèle et Georges que nous avons connu au Brésil puis rencontrés en janvier en Martinique Nous passons une longue et très agréable soirée à bord à se donner des nouvelles des bato-copains communs. Georges offre à chacun de nous un des bracelets qu'il fabrique à bord avec de petites garcettes de coton.
Nous profitons de cette dernière étape française pour renouveler les stocks du bords, faire le plein d'eau et, bien sûr, de rhum (sans oublier les citrons verts) avant de retourner à Sainte-Anne pour y attendre une fenêtre météo qui nous permettra de descendre directement sur Cariacou. Nous faisons la connaissance d'Audrey et Damien qui naviguent avec leurs deux enfants, Mahé et Titouan, sur un Moody 422 (le même modèle que Spip). Audrey a vécu toute son enfance à... Saint-Nicolas de Véroce, petite station de ski, face au Mont-Blanc où mon oncle et ma tante tenaient la boulangerie. Incroyable coïncidence !!! Á côté d'eux, sur Socrate, un Chassiron de 13m, sont mouillés Alexia et Thomas avec leur petit garçon Timothé. Nous partageons avec eux tous un apéro sur Reggae le Moody de Damien et Audrey.
Mardi 9 juin, 10 heures, c'est parti pour au moins 24 heures de traversée sans escale vers Cariacou où nous avions fait une trop brève halte en montant. Spip caracole dans un vent d'est à est-sud-est, force 4 à 5, et il n'est pas 10 heures mercredi lorsque nous jetons l'ancre dans Tyrell Bay au sud de cette petite île rattachée à Grenade.
Là encore des retrouvailles avec des bretons venus se mettre à l'abri en prévision d'un renforcement des alizés : Sonia et Brice avec leurs enfants Awen et Arthur ; après une chaleureuse soirée apéro chez eux, Katia nous régale de ses galettes bretonnes façon Michelle (recette envoyée par mél sur simple demande à la crêpière). Nous laissons passer le coup de vent et repartons le 16 juin vers Grenade. Nous choisissons de longer la côte est de cette île célèbre pour ses épices : nous aurons ensuite des vents portants pour caboter le long de la côte sud bordée de nombreuses baies offrant des mouillages sûrs. Après une belle navigation dans une mer parfois un peu dure à cause de la grande houle qui arrive du large, nous amarrons Spip sur un corps-mort dans David Harbour. Un petit chantier naval occupe le fond de la baie et tous les jours quelques bateaux viennent s'y mettre à sec pour y passer la saison cyclonique. Bar, Wi-Fi et eau : que demander de plus ? Une petite marche pour rejoindre la route principale et un taxi collectif nous permettent d'aller passer la journée à Grenville, port de pêche et seconde agglomération de l'île. Au retour, le long du chemin, nous faisons provision de mangues tombées de l'arbre et apercevons même les fruits d'un anacardier (vous en avez sûrement tous manger, mais on vous laisse chercher de quoi il s'agit... -voir photo à la fin de ce texte-).
Quelques milles au moteur et nous voilà dans Calvigny Harbour. Ici, on appelle ça un trou à cyclone. Une passe étroite, bordée de récifs de coraux qui cassent la mer, conduit à une petite baie entièrement bordée de mangrove. En cas de cyclone les bateaux peuvent s'y réfugier en ne risquant, au pire, que d'être drossés contre les racines des palétuviers. À cette époque de l'année et en l'absence d'alerte cyclonique, l'endroit est désert ; les jardins luxuriants des belles propriétés qui l'entourent accroissent notre impression d'avoir jeté l'ancre dans un lac où quelques pêcheurs, à la rame sur leur barque, tendent un filet qu'ils tirent ensuite à terre dans un recoin de mangrove où ils ont pied.
Nous contournons quelques pointes pour rejoindre Woburn Bay : des québécois rencontrés à Cariacou nous ont recommandé l'endroit où s'est établi un couple de leurs compatriotes. Il y ont repris une minuscule marina qui ne peut accueillir (de la manière si chaleureuse propre aux québécois) qu'une dizaine de bateaux et ne gèrent que quelques bouées. Mais ils y ont ajouté un bar-restaurant, une petite épicerie et, surtout, une boucherie à base de viandes (bœuf, agneau, porc et cabri) produites localement : après des mois de poulets congelés, quel régal ! Nous y passons de bons moments avec Nicole et Michel, en escale à bord de Seayousoon et en partance pour Curaçao.
5h45, lundi 29 juin, nous appareillons pour Trinidad. Dix heures plus tard nous avons couvert 80 milles et atteignons l'entrée du goulet qui conduit à la baie Chaguaramas. Au petit largue, dans une mer croisée, des creux de trois mètres, deux ris dans la grand voile, le génois roulé au deux tiers,des paquets d'eau sur le pont et dans le cockpit : une sorte d'apothéose pour cette ultime traversée de la saison ! Faut dire que la baie de Chaguaramas n'a pas changé depuis novembre dernier : chaleur moite sans vent (après huit mois d'alizés, ça fait drôle), nappes de mazout, incessant ballet des bateaux d'assistance pétrolière, accueil calamiteux des autorités portuaires...
Mais bon, nous passons une semaine sur le chantier. Encore de belles rencontres : le finistérien Roger et Michelle ; Hélène et Albert, encore un savoyard...
Enfin Spip est à terre, tout bien rangé et à l'abri pour 4 mois juste en face de Bilbo, le dériveur intégral en alu de nos amis les Domi.
Et nous ? On va prendre le frais en France !
Avec une bonne résolution : cette fois on essayera de voir tout le monde !!!
À très bientôt donc.
Post-scriptum : on ne remettra Spip à l'eau que début novembre mais les « réservations » pour votre prochaine croisière à bord sont d'ores et déjà ouvertes.
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