Escales aux B.V.I.

Posté par : Gérard
01 June 2015 à 00h
Last updated 01 June 2015 à 01h
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Le vendredi 24 avril, peu après 17h, nous quittons Anguilla pour rallier les Îles Vierges Britanniques (BVI), distantes de 80 milles. La météo nous annonçait un vent de sud-est modéré. Mais vers 20 heures le vent mollit lentement et nous voilà contraints à mettre en route le moteur. Nous ne remettrons la voile que le lendemain matin à l'approche des îles. Finalement il est un peu plus de 13h lorsque nous amarrons Spip sur une bouée devant Spanish Town sur Virgin Gorda où nous accomplissons les formalités d'entrée. Une quarantaine d'îles (et autant d'îlots) forment l'archipel des Iles Vierges dont la partie ouest est rattachée aux USA (sans être un état) depuis 1917 tandis que la partie orientale, qui fût un repaire de flibustiers - dont le célèbre Francis Drake - attaquant les galions espagnols à leur retour du nouveau monde, est depuis le XVIIème siècle dominé par les Anglais. C'est aujourd'hui une colonie britannique autonome, paradis fiscal réputé comme ayant un des meilleurs niveaux de secret financier de la planète. Pour un peu moins de 30 000 habitants il y a près de... 450 000 entreprises !!! Le tourisme, et en particulier le nautisme, est l'autre activité économique importante : complexes hôteliers, marinas parfois gagnées sur la mer, flottes de bateaux de locations...


Il faut dire que dès l'entrée dans l'archipel on est saisi par le spectacle des ces îles entre lesquelles la mer semblent parfois être devenue un véritable lac intérieur.
Sous génois seul nous longeons la côte est de Virgin Gorda pour rejoindre, dans le nord, Gorda Sound où l'on entre par une belle passe entre les massifs coralliens. Presque toutes les plages sont bordées de resort (hôtel de luxe où vous pouvez louer une chambre ou une villa...), dont certains ne sont accessibles que par la mer, qui ont installé des bouées d'amarrage à (au moins) 30$ US la nuit. Inutile de dire que ça n'entre pas dans notre budget. Nous repérons une petite anse, Malone Bay, bordé d'une jolie petite plage, où nous mouillons seul, presque sous les cocotiers. Nous y passons trois jours et Katia profite de cette plage « privée » pour faire un peu de snorkelling dans une eau chaude (27°) et limpide. C'est aussi pour elle l'occasion de battre son record au 100m nage libre à la vue d'un beau requin de 2 à 3 m qui nous approche à moins de trois mètres alors que nous admirons les coraux. Sous l'eau c'est vraiment impressionnant. Nous l'identifions une fois revenu à bord comme un requin nourrice, donc tout à fait inoffensif, mais, comme dit Katia : « c'était pas écrit dessus ! ». ​

Gun Creek, Robins Bay, nous permettent de faire le tour du Sound. Nous y croisons un yacht de plus de 100m de long, avec hélicoptère sur le pont : c'est Attessa IV, l'ancien navire de Bill Gates, maintenant propriété d'un autre milliardaire américain.

Le 2 mai, nous mettons le cap sur Anegada, l'île la plus septentrionale. Après moins de trois heures de voile, nous nous engageons au moteur par un chenal étroit et peu profond vers le mouillage de Setting Point. Mais celui-ci est encombré de bouées payantes qui ne laissent aucune place à un mouillage sur ancre avec notre tirant d'eau. Les deux autres mouillages possibles sont bien trop rouleurs avec un vent d'est-sud-est : nous remettons le cap au sud depuis ce point qui sera la position la plus nord que nous aurons atteint depuis 2013 : 18º43'. Nous mouillons pour la nuit dans l'est de Cockroach Island. ​

Le lendemain nous allons faire un peu de ravitaillement au petit supermarché de la marina de Virgin Gorda avant de repartir vers Camanoe en passant par les petits chenaux au nord et à l'est de Marina Cay, joli petit îlot occupé par un resort. Des centaines de bateaux de locations -essentiellement des catamarans - sillonnent entre les îles et occupent les bouées. Nous repérons sur la carte une petite baie dont ne parle pas notre guide nautique, donc sans doute un peu moins fréquentée...

Entre Petit Caminoe et Grand Caminoe, une belle passe, bordée de rochers qui lui donnent un air breton, nous conduit à Lee Bay : pas de resort, pas de bouées, une plage de galets, des fonds transparents et seulement trois bateaux à l'ancre ! Pélicans, fous et mouettes nous tiennent compagnie. Une petite saline occupe l'isthme qui nous sépare de la côte est dont la plage est envahie de sargasses que fouillent quelques échassiers à la recherche de leur pitance. Un tarpon de plus d'un mètre élit domicile sous la coque de Spip. Attiré par notre pavillon breton, l'équipage de Mora-Mora, un Pogo français, vient nous rendre visite. Surprise : ils reconnaissent Katia avec qui ils ont fait le stage de « premiers soins en milieu isolé » en février 2012. Quelques ti-punch arrosent ces retrouvailles inattendues. Après un si paisible mouillage, difficile de retourner au milieu des catamarans accrochés à leur bouée devant les hôtels-restaurants dont les sonos diffusent une mauvaise musique de boîte de nuit pendant l'happy hour...

                                    

 

Nous choisissons de rejoindre les îles au sud de Tortola pour nous abriter des vents assez forts annoncés d'est-sud-est. Nous jetons l'ancre dans Deadman Bay sur Peter Island. Cette île est aujourd'hui la propriété des fondateurs de la société de vente directe (style Tupperware) Amway et essentiellement occupée par un complexe hôtelier parmi les plus luxueux des BVI qui dans sa pub ne craint pas de se qualifier de « Paradise in paradise » ! (Pour ceux qui voudrait y goûter, suivez ce lien). Celui-ci occupe en effet les trois-quarts de la grande plage de sable blanc devant laquelle nous mouillons en compagnie de trois autres bateaux.

Á notre grand étonnement, le reste de la plage est laissé aux plaisanciers et quelques transats sont même mis (gratuitement) à leur disposition et il est tout à fait possible de se promener dans les jardins comme si nous étions clients ou encore d'utiliser gratuitement leur connexion wi-fi depuis le bateau pour se brancher sur l'Internet. En discutant avec un employé, nous apprenons qu'il y a un bateau qui fait la navette entre l'île et Road Town, la capitale des BVI située en face sur Tortola. Pour 10 $US l'aller-retour, nous l'empruntons pour aller visiter la capitale et faire un peu de ravitaillement en produits frais. Située au fond d'une grande baie, Road Town est en fait une petite agglomération avec une longue rue principale bordée de petites maisons disparates et de petits immeubles sans caractère : rien ne laisse penser que nous sommes dans un paradis fiscal. Peu de banques, pas de building ultra-moderne, pas de commerces de luxe, pas de golden boys en costume-cravate : rien à voir avec Jersey, Luxembourg ou Genève ! Il nous faut moins de trois heures pour en faire le tour avant de rejoindre Spip. Nous arrivons à temps : nous sommes à peine à bord que deux catamarans américains de location qui ont emmêlés leur mouillage dérivent sur nous et il me faut pousser une bonne gueulante (in english!) pour les persuader de mettre en route leurs moteurs avant de nous aborder...

 

Une fenêtre météo s'annonce avec des vents modérés nettement Est ; nous n'avons pas visiter toutes les îles des BVI mais, saturés de ce monde de fric, un peu déçus par l'aridité des ces îles, nous décidons d'en profiter pour tenter de rallier directement la Martinique à 300 milles dans le 140º : en principe moins de trois jours mais au près. Le 14 mai à sept heure du matin nous relevons l'ancre et quittons le barracuda qui s'abritait sous Spip. Nous repartons vers le sud-est depuis notre position la plus à l'ouest depuis Saint-Malo : 64º34' . Pendant 24 heures, le vent nous pousse à bonne allure sur la route directe mais ça ne dure pas. Les prévisions météo s'avèrent désastreuses : le vent tombe et refuse (c'est à dire passe sud-est). On tire quelques bords diesel pour ne pas faire route sur... le Venezuela ! Je profite d'un petit air pour plonger débarrasser le safran des sargasses qui s'y sont coincés et qu'une marche arrière ne suffit pas à libérer. Et voilà que la barre décroche... heureusement le vent est maintenant nul et quelques heures de réparation plus tard nous pouvons remettre en route, direction la Guadeloupe, Éole ne se décidant pas à nous aider. Quelques dauphins viennent à l'étrave nous remonter le moral et, comme pour nous narguer, alors que l'on aperçoit la côte, le vent monte à 25 nœuds. 16 mai, la nuit vient juste de tomber lorsque nous mouillons notre ancre dans la baie de Deshaies en Guadeloupe.

Le jeu

Non ce n'était pas mon gâteau d'anniversaire mais... un joli bougeoir ! La preuve en cliquant ici.

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