Trio dans les Antilles

Posté par : Gérard
03 March 2015 à 17h
Last updated 05 March 2015 à 21h
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Après avoir fait réparer notre moteur d'annexe, fait le plein d'eau et un dernier approvisionnement en produits frais, nous quittons Le Marin le 29 décembre. Courte pause à Ste Anne et le 30 au matin nous rallions la Petite anse d'Arlet, juste au sud de la baie de Fort-de-France. Nous fêtons l'arrivée de la nouvelle année en tête à tête dans cette anse bordée d'un jolie village de pêcheurs et pourtant peu fréquentée par les plaisanciers. Des maisons et une église aux couleurs vives, des habitants paisibles et charmants qui, comme partout, se mettent sur leur 31 pour aller à la messe alors que de grosses tortues broutent tranquillement jusque sous la quille même de Spip en remontant périodiquement à la surface pour faire le plein d'air. Nous faisons quelques ballades à pied et nous rencontrons Gisèle et Georges que nous avions revus à Grenade.

 

La veille d'en repartir, je vérifie les niveaux de liquide de refroidissement et d'huile de notre moteur. Stupeur ! Quand je retire la jauge d'huile, je crois voir de l'eau sortir du conduit... Ce qui se confirme en remettant la jauge : de l'eau à la place de l'huile, mais que se passe-t-il ? Notre téléphone satellite s'avère bien utile pour joindre l'ami Édouard (voir épisodes précédents) et lui demander son avis sur la conduite à tenir. Depuis Saint Barth, il me conseille de vidanger l'eau, puis de faire appel à un mécano pour démonter les injecteurs et purger les cylindres. Le moteur devrait alors pouvoir redémarrer. Restera, pour finir, à vidanger l'huile. J'appelle donc un mécano conseillé pour sa compétence par un membre de l'association STW (Sailing The World) qui accepte de se déplacer. Et tout se passe comme prévu par notre conseiller personnel en mécanique à qui nous devons une fois encore une fière chandelle ! Donc tout est bien qui finit bien, même si nous ne comprenons pas l'origine de cette arrivée d'eau, mais tout cela nous a un peu retardés dans notre progression vers la Guadeloupe où nous devons accueillir Michelle, de plus, la météo est un peu incertaine pour la semaine qui vient.

Nous décidons donc de faire route directe vers Pointe-à-Pitre et quittons nos tortues le 8 janvier au coucher du soleil après avoir suivi en direct à la radio les tragiques événements liés à l'attentat à Charlie Hebdo. Un vent d'est-nord-est, force 3, nous propulse doucement jusqu'à la pointe sud de La Dominique. Nous longeons la côte sous le vent au moteur en milieu de nuit, puis le vent revient en forcissant force 4 pour nous emmener jusqu'au mouillage du Carénage, devant la marina de Pointe-à-Pitre que nous atteignons un peu après 15h le 9 janvier. Il me semble reconnaître le Bavaria qui est à quelques encablures de Spip et en effet, le lendemain nous constatons que c'est celui de Jean-François que nous avions rencontré à Jacaré. Il nous convie à un apéro avec Hubert qui rentre de métropole pour retrouver Belle Cabresse, son ketch en réparation au chantier de la marina et qui, à Jacaré, nous avait donné sa recette de rhum à la maracuja (fruit de la passion). Nous avons mis le drapeau du bord en berne et suivons à la radio le déroulement de la grande manifestation parisienne et les multiples émissions consacrés à tous les morts liés à l'attentat du 7 janvier. Ici, en créole, on dit : « Nou sé Charlie ». Nous allons en annexe jusqu'au bassin du port qui donne en plein centre de Pointe-à-Pitre et où les pécheurs vendent le poisson sans même descendre de leurs petites embarcations. Pour les fruits et légumes, le marché est à deux pas mais, saison d'hiver oblige, peu de fruits sur les étals : pas de mangue, quelques ananas, et bien sûr toute sorte de bananes. La canne sera bientôt mûre et les premiers marchands de jus de canne frais (un régal !) apparaissent. En ville quelques vieilles maisons coloniales subsistent, plus ou moins bien entretenues ou restaurées. Nous visitons le musée consacré à Saint-John Perse, prix Nobel de littérature, né en Guadeloupe. À la marina, nous retrouvons Sweet Life avec à son bord Édouard et son ami Jean-Marie, venus raccompagner une équipière qui rentre en métropole, avant de repartir vers le sud.


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Le16 janvier, nous amarrons Spip au ponton de la marina et louons une voiture pour aller chercher Michelle à l'aéroport. Profitant de la voiture, nous passons le week-end à parcourir la Guadeloupe. Sur Basse-Terre, la partie ouest de l'île, une belle ballade dans la forêt primaire chargée d'humidité nous conduit au pied d'une grande cascade, la dernière d'une série de trois, qui, par sa taille, nous rappelle celle de La Lanche du Praz en Haute-Savoie. Nous montons aussi vers le volcan de la Soufrière, mais son sommet reste obstinément caché dans les nuages. Nous tombons par hasard sur un défilé de carnaval : en guise de répétition au grand défilé du carnaval de fin février, tous les week-end ces fêtes ont lieu à tour de rôle dans les différentes communes de Guadeloupe. Pas grand chose à voir avec le Brésil, bien sûr, mais l'ambiance est bon enfant et ça nous rappelle de bien beaux souvenirs. À l'est, Grande-Terre est moins montagneuse et, du coup plus agricole, essentiellement banane et canne. À la pointe des Châteaux, on aurait presque pu se croire en Bretagne (sous un beau soleil d'août).

 

 

 

 

 

Le 20 janvier, malgré un vent de sud-est qui nous contraint encore au près serré, nous larguons les amarres pour Marie-Galante, une île au sud de Pointe-à-Pitre. Quatre heures de mer et nous mouillons dans la Baie Saint-Louis. Nous louons une voiture pour faire le tour de l'île et parcourir un peu l'intérieur. Nous y découvrons quelques éoliennes Vergnet bi-pales qui peuvent se replier en cas de cyclone prévu. Nous visitons la rhumerie de Labat qui se prépare pour la prochaine récolte qui devrait commencer fin février et se poursuivre jusqu'en juin. Marie-Galante a abrité la plus grosse exploitation de canne de Guadeloupe. Poursuivant la tradition dont témoignent de nombreuses ruines de moulins à vent (il n'en reste qu'un maintenu en état), la culture de la canne et la distillation du jus demeurent des activités importantes et lucratives. Nous goûtons de délicieux sorbets artisanaux à la noix de coco, fabriqués dans d'étranges barattes. De belles plages de sable blanc et une mer transparente émerveillent notre nouvelle équipière qui se régale d'une langouste achetée aux pêcheurs de Grand-Bourg, principale agglomération de cette île, moins fréquentée que les Saintes, dont nous avons apprécié le calme et la nonchalance.

 

 

 

 

Sous génois seul, un petit vent d'est-sud-est nous emmène tranquillement jusqu'à la baie de Marigot au nord de Terre-de-Haut, île principale de l'archipel des Saintes, dans l'ouest de Marie-Galante. Il n'y a que deux autres voiliers à l'ancre dans cette profonde baie d'où il est facile de se rendre à pied jusqu'au bourg des Saintes à l'est ou sur la magnifique plage bordée de palmiers de la baie de Bompierre dans l'ouest où tout mouillage est interdit pour protéger les fonds et les tortues qui viennent pondre sur la côte. Katia et Michelle y trouvent de beau fonds de sable pour la baignade. Le dimanche 25 nous allons mouiller notre ancre dans l'anse du Fond Cure au sud de la rade des Saintes où sont amarrés sur bouées quantité de voiliers de toutes nationalités. Sous l’œil narquois de quelques iguanes, tous ces équipages et les cargaisons de touristes débarquant des nombreuses navettes venus de Guadeloupe transforment le bourg avec ses jolies maisons multicolores en cité balnéaire métropolitaine un 15 août ! Profitant d'un temps calme, nous partons le lendemain pour mouiller dans la belle anse Fideling sur Terre-de-Bas, beaucoup moins visitée mais toute pimpante et des habitants très accueillants. Mais en fin de matinée mardi, le vent, passé au sud-est, rend le mouillage très inconfortable et nous oblige à revenir prendre un corps-mort dans l'anse Sous le Vent de l'îlet à Cabrit. Michelle profite de la plage de sable bordée de petits récifs coralliens pour faire ses premières brasses avec masque et tuba pour admirer le spectacle sous-marin. Un petit chemin nous conduit au sommet qui offre une vue magnifique sur l'archipel depuis les ruines d'un ancien fort. Jeudi 29 nous remontons toute la côte ouest de la Guadeloupe – et nous apercevons enfin le sommet de la Soufrière - pour rallier le petit port de Deshaies et s'acquitter des formalités de sortie du territoire avant de se rafraîchir d'une bière au nom... surprenant ! Le lendemain : au lever du jour, cap sur Antigua, 40 milles au Nord. Et vers 16h, après avoir admiré quelques grands voiliers régatant devant l'entrée, nous jetons l'ancre sur les traces de l'Amiral Nelson dans Breeman Bay dans le sud-est d'English Harbour, trou à cyclone que Nelson transforma en port pour mettre sa flotte à l'abri. Nous voilà dans les West-Indies britannique, aujourd'hui autant d'états indépendants, souvent paradis fiscaux, toujours lieux de villégiature de prédilection des riches anglo-saxons européens et nords-américains.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Jeu

Personne n'a reconnu une groseille que les antillais cuisent pour faire un délicieux sirop dont les enfants se régalent à Noël. Nous en avons vu quelques plants à Marie-Galante.

 

 

 

 

 

 

Encore un peu de botanique... Étonnante cette fleur qui pousse avant les feuilles : mais quel est le nom de cet arbre, un des rares à feuilles caduques des Antilles ?

 

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