La belle-mère et la mer

La belle-mère et la mer

Posté par : Gérard
06 January 2015 à 05h
Last updated 08 January 2015 à 20h
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Dernier blog de 2014 ou premier de 2015 ? Ça dépend du point de vue...

Lundi 1er décembre 21014, 17h45 locale, aéroport Aimé Césaire, Fort-de-France : Katia accueille Odette, sa maman, qui, à 75 ans, vient de faire son premier voyage seule en avion (Nantes-Paris-Martinique). Une journée d'acclimatation - il fait plus de trente degrés - à la marina du Marin et nous quittons le ponton pour le mouillage de Sainte-Anne. Petite ballade à terre et notre nouvelle équipière est parée à larguer les amarres.

Nous avons prévu de redescendre vers le sud. Première étape Rodney Bay sur Sainte-Lucie : nous jetons l'ancre dans la baie à quelques encablures de l'entrée de la nouvelle marina construite par un groupe américain qui semble avoir annexé tout le lagon qui s'ouvre au fond de la baie. Puis Marigot Bay : un mouillage de carte postale (un guide touristique américain affirme même que c'est le plus beau des Antilles...) où Odette peut enfin apprécier la température de l'eau qui dépasse les... 27 degrés ! Il paraît qu'un amiral anglais aurait caché les mâts de ses navires derrière les cocotiers qui masquent l'entrée, échappant ainsi à ses poursuivants français... Une petite marche et un taxi collectif nous permettent de rejoindre Castries, la capitale, tout en parcourant un peu l'intérieur des terres, très verdoyant. Pour nous qui sommes déjà venus, le niveau de vie semble s'être assez nettement élevé, sans doute grâce au tourisme. Une petite pause sur une bouée à l'anse Cochon et nous rejoignons le bourg de la Soufrière et ses jolies maisons colorées que dominent les Deux Pitons, témoins de l'origine volcanique de l'île. Un taxi-co nous emmène jusqu'au petit port de pêche de Vieux Fort à l'extrême sud de l'île. Je profite aussi de l'escale pour me rendre à l'hôpital où un jeune médecin cubain me prescrit quelques remèdes pour soigner mes oreilles (et m'interdit toute baignade pendant une semaine...).

 

 

 

 

 

Jeudi 11 décembre à l'aube nous levons l'ancre pour parcourir les quelques 60 milles qui nous séparent de Béquia. Un ris dans la grand-voile, tout le génois, vent portant : il nous faut moins de cinq heures pour franchir les 30 milles qui séparent Sainte-Lucie de Saint-Vincent. Et 3 heures plus tard, moteur aidant sous le vent de l'île, nous voilà à Béquia pour faire les formalités d'entrée dans les Grenadines de Saint-Vincent. Le lendemain, étape à Charleston Bay sur Canouan : dans la nuit de fortes rafales de vent nous font déraper malgré 30m de chaines dans 5m d'eau ! Nous quittons ce mouillage peu sûr pour... les Tobago Cays.

Le «paradis sur terre» osent différents guides touristiques. En tout cas, un endroit magique composés de cinq îlots inhabités, Petit Rameau, Petit Bateau, Petit Tabac, Baradal et Jamesby protégés parune grande barrière de corail en forme de fer à cheval qui casse la houle de l’atlantique et permet de mouiller au calme. Vent d'Est force 3 à 4, nous ancrons dans le sud de Baradal dans 3 mètres d'eau translucide ; la proue face au large : en face c'est l'Afrique ! Et, surprise, à quelques encablures Sweet Life de notre ami Édouard arrivé la veille de Guadeloupe.

Dans ce parc national, raies, tortues, langoustes, barracudas, lambis, quantités de poissons multicolores, et coraux de toutes sortes se laissent approcher du simple nageur muni d'un masque et d'un tuba.

 

Argentées ou dorées, indigo ou turquoises, émeraudes ou vertes, on reste ébahi par les couleurs de l'océan qui varient suivant l'heure de la journée et le passage des nuages. Et comment décrire les ciels nocturnes qu'aucune lumière artificielle ne vient polluer...

 

 

 

Il faut plus de patience pour surprendre cet iguane des Petites Antilles à la recherche de jeunes feuilles, ce passereau (sucrier à ventre jaune) se régalant du « fruit du dragon » d'un cactus cierge ou ce limicole non identifié en quête de pitance sur la grève.

 

 

Difficile de quitter ces lieux idylliques mais la perspective de déguster une langouste nous motive pour rallier Petite Martinique où nous achetons deux crustacés aux pêcheurs locaux. Une petite mayonnaise maison (à la fourchette et malgré la chaleur) et tout le monde se régale !

Le lendemain nous repassons par Clifton sur Union, juste le temps d'acheter quelques fruits et légumes et d'accomplir les formalités de sortie des Grenadines-Saint-Vincent. En effet nous avons prévu de faire une dernière halte à Mayreau avant de remonter directe sur La Martinique : Odette veut faire une navigation de nuit.

 

 

La plage de Saline Bay est envahie par des touristes débarqués d'un paquebot de croisière ancré dans la baie pour une Caribean Party ! Il lève l'ancre à la nuit tombante mais au petit jour un autre l'a remplacé. Vers midi, nous quittons donc sans regret cette petite île et son gros business.

Un ris dans la grand-voile nous permet d'adapter facilement notre voilure à la force du vent qui varie de 3 à 5 en enroulant ou déroulant le génois. Comme il est légèrement nordet, nous naviguons au près bon-plein jusqu'à la tombée de la nuit. Mais sous le vent de Saint-Vincent dont les montagnes culminent à plus de 1200m et bien qu'à une dizaine de milles au large, il nous faut tirer un bord diesel avant de remettre la voile pour traverser dans une mer agitée le canal entre Saint-Vincent et Sainte-Lucie. Odette s'est installée dans la couchette navigateur où elle a un peu chaud mais dort finalement assez bien. Á son réveil, nous sommes en vue de La Martinique et il n'est pas 13h lorsque nous amarrons Spip sur un corps-mort devant Sainte-Luce, petit village de pêcheurs au nord de l'entrée de la baie du Marin.

Au marché du samedi matin, quelques échoppes vendent d'excellents crabes (de terre) farcis et de délicieux desserts : les blanc-manger au lait de coco ! Mais à la tombée de la nuit il nous faut déménager : suite à un bref mais violent coup de vent nous chassons en entraînant le corps-mort avec nous. Pas très rassurant avant de dormir, donc nous traversons la baie de nuit pour aller mouiller devant Sainte-Anne d'où nous repartons le lendemain pour Le Marin.

Lundi 22 décembre au matin, deux réparation prioritaires : le moteur de l'annexe et une dent de sagesse qui commence à agacer le capitaine. Heureusement mécano et dentiste se montrent compréhensifs et efficaces à l'approche des fêtes de fin d'année. La location d'une voiture nous permet d'aller visiter Fort-de-France, notamment son marché très coloré avec ses étals où s'amoncellent en vrac des produits habituels : muscade, cannelle, gingembre, bois d'inde, fruits, légumes, fleurs tropicales et objets artisanaux. On y trouve aussi des produits plus surprenants : plantes médicinales de la pharmacopée traditionnelle et autres ingrédients nécessaires aux... sorciers ! La bibliothèque, elle, est un chef d'œuvre de l'architecture de la fin du XIXème siècle, elle possède une structure métallique et une coupole de verre laissant pénétrer une lumière irisée à l'intérieur du bâtiment. Présenté à l'Exposition universelle de Paris, en 1889, en même temps que la tour Eiffel, puis, transporté par bateau, cet édifice fut reconstruit pièce par pièce en 1893. Au retour, nous faisons quelques emplettes pour réveillonner à bord au pied du sapin. Le 24 nous visitons l'intérieur de l'île par une petite route de crête d'où l'on peut apercevoir l'Océan des deux côtés et la côte au vent qui est trop difficile d'accès en bateau à cette époque de l'année. Menu du réveillon : foie gras (merci Odette), accras de crevettes et de morue, boudin antillais, cuisses de canard du Périgord (bravo Katia !) et glaces locales (coco, goyave mague et rhum raisin) arrosé dun Ti-punch et d'un Muscat d'Alsace. Le 25, nous profitons du peu de circulation pour nous rendre dans le nord de l'île. Nous traversons la grande forêt domaniale où on peut admirer de splendides fougères arborescentes et nous rendre sur les pentes de la Montagne Pelée, volcan qui culmine à près de 1400 m et dont l'éruption de 1902 réduisit en cendre la ville de Saint-Pierre, alors capitale de l'île, faisant 28000 victimes. Nous n'apercevrons même pas le sommet : en ce jour de Noël, le temps s'est mis au gris, sans doute pour ménager la transition d'Odette que nous accompagnons à l'aéroport en fin de journée et qui va, en quelques heures, passer de +33° à... -3° !!!

 

 

Post-sriptum  : je ne sais toujours pas ce que ça va rendre, je crois que les problèmes du site web ne sont pas encore bien réglés mais je publie ce billet au lendemain de la tragédie de Charlie Hebdo que nous avons suivie avec une immense trisesse depuis La Martinique. Wolinski avait raison : mort aux  cons ! Nous prendrons la mer demain matin pour La Guadeloupe.

 

En 2015, le jeu continue...

Domi est le seul à avoir trouvé que les collets d'Angel servaient à attraper les langoustes. Serez-vous plus nombreux à donner le nom de ce fruit caractéristique de la période de Noël aux Antilles ?

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