Retour dans les Caraïbes

Retour dans les Caraïbes

Posté par : Gérard
30 November 2014 à 22h
Last updated 20 December 2014 à 21h
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Mercredi 12 novembre 2014 – 4h45 locale : il fait encore nuit noire, nous relevons l'ancre et quittons Trinidad. 2h30 de moteur pour s'éloigner des côtes qui nous coupent le vent et Spip vogue enfin allègrement sous génois et un ris dans la grand voile pour parer aux surventes qui accompagnent les grains assez nombreux en cette saison. Nous entamons la remontée de l'arc antillais ; et c'est un peu comme si nous remontions le temps puisque nous avions déjà navigué dans cette partie sud des Antilles en juillet 2000. En début d'après-midi, au réveil d'une bonne sieste, j'aperçois la canne à pêche quasi pliée en deux : il me faudra une bonne demie-heure pour ramener à bord une belle dorade coryphène de 80 cm ! Il est un peu plus de 17h lorsque nous mouillons dans Prickly Bay, sur la côte sud de Grenada, où de nombreux voiliers sont encore ancrés après y avoir passé la saison cyclonique. Nous trouvons les filets de coryphène poêlés un peu secs mais il s'avérera que nous les avons trop cuits... D'ailleurs ceux préparés à la tahitienne, c'est à dire crus marinés au jus de citron vert, étaient succulents ! Le lendemain nous renonçons à descendre à terre tellement il pleut et vente : c'est ce qui s'appelle le passage d'une onde tropicale. Vendredi matin un couple de français nous initient aux pratiques locales et nous accompagnent en taxi collectif au super marché le plus proche. Surtout pour y trouver un distribanque qui nous permet de retirer un peu de monnaie locale (le dollar est-caraïbes qui a cours dans toutes les ex-colonies britanniques du coin) avant d'aller voir les douaniers et le service d'immigration pour signaler notre arrivée, faire tamponner nos passeports et acquitter le montant du visa. Ces formalités, qui peuvent être plus ou moins longues, se répéteront à chaque entrée et à chaque sortie des petits états constitués de groupements d'îles que nous allons parcourir cette saison. Samedi : jour de marché ; nous nous rendons en taxi collectif à Saint-George's, la capitale avec ses rues en pentes raides qui semblent vous précipiter directement dans la mer ! Mais pas de traces ni de Christophe Colomb qui découvrit l'île ni des Marines américains qui débarquèrent ici en 1983 sous prétexte d'empêcher l'avènement d'un gouvernement castriste... Nous achetons quelques épices, dont des noix de muscade puisque nous sommes dans le pays second producteur mondial. La pluie nous fait renoncer à nos projets dominicaux de ballade dans les terres. Lundi nous venons de nous décider pour un départ mardi, lorsque nous rencontrons Georges et Gisèle que nous avions laissés à Jacaré au Brésil : l'occasion d'un sympathique dîner de pizzas.

Mardi 18 novembre, un vent d'Est 5 à 6 Beaufort nous propulse vers l'île de Cariacou, où on dit qu'il est plus facile de trouver un commerce d'alcools qu'un poste à essence, et nous ancrons en fin de journée dans la belle anse de Tyrell Bay. Une eau claire et chaude aide à supporter la chaleur et même Katia y prend goût. Formalités de sortie des Grenadines de Grenada et nous filons vers Petite-Martinique où il est toléré de séjourné brièvement avant de rallier les Grenadines de Saint-Vincent.

Nous tombons sous le charme de cette toute petite île (même pas deux km carré) où nous sommes le seul bateau de plaisance au milieu des bateaux de pêche locaux. Quelques maisons anciennes aux murs recouverts d'éclisses, un chantier naval dans un champs, une vue splendide sur les îles environnantes et, surtout, des gens charmants comme Angel qui, tout en tenant son bar, fabriquait de biens étranges collets (voir ci-dessous Le Jeu)...

Sous la grisaille, un bord entre Punaise et Morpion, ce banc de sable célèbre pour son parasol, et nous voilà à Union où nous faisons notre entrée dans les Grenadines de Saint-Vincent ; le mouillage sur la côte est de l'île (donc au vent) derrière une barrière de corail est toujours aussi impressionnant. L'eau est limpide et petits et gros poissons (j'y croise un beau barracuda) y prolifèrent d'autant plus que toute la zone est classée en réserve maritime. Mais un vent permanent de 30 à 40km/h, ça finit par être fatiguant...

Peu avant notre départ, encore au mouillage, nous sommes victimes d'un abordage par un catamaran qui endommage sérieusement notre moteur d'annexe et le fait tomber à l'eau ! Heureusement, je ne l'avais pas encore fixé solidement au balcon si non il est probable que tout le portique serait parti avec !!!

Un constat plus tard, nous remontons une petite dizaine de miles plus au nord pour aller mouiller dans Saline Bay sur l'île de Mayreau, à peine plus grande que Petite-Martinique. Du haut de sa colline, au bout d'une route où on ne compte plus les bars, se trouve une petite église catholique (rare dans ces contées anglicanes) construite par un Dominicain qui équipa aussi l'île d'un récupérateur d'eau de pluie comme ceux que nous avions vu au Cap Vert. On y découvre une vue époustouflante sur les îlots tout proches des Tobago Cays. La mer semble une palette mouvante de bleus et de verts au gré des alternances de nuages et d'éclaircies. Le soir nous nous régalons d'une langouste achetée à un pêcheur de l'île.

Une difficile remontée au vent, heureusement pas trop longue, nous mène à Canouan où il n'y a que trois bateaux à s'abriter dans la belle baie de Charlestown. Au soleil couchant, quelques pêcheurs lancent leurs filets pour attraper quelque menu fretin qui servira de vifs pour les lignes de pêches aux barracudas.

Le 25 novembre, toujours au près à cause des courants traversiers entre les îles, nous rallions Béquia et mouillons dans le nord de Princess Point dans l'anse de Port Elisabeth, ville principale de cette île où se pratique encore la pêche à la baleine... mais il paraît qu'il n'en passe plus très souvent !!! En tout cas sûrement moins souvent que ces immenses paquebots qui déversent, le temps d'une journée d'escale, des milliers de passagers. D'aimables marchands ambulants nous font goûter deux fruits que nous ne connaissions pas et qui se révèlent très rafraîchissants : la corossol, au goût à la fois sucré et acidulé, et la pomme cannelle à la chair blanche et sucrée mais criblée de pépins !

Jeudi 27, nous longeons au moteur la côte nord de Bequia avant de remonter le long de la côte est de Saint-Vincent en espérant y trouver un vent plus favorable pour rejoindre directement la côte ouest de Sainte-Lucie, les escales à Saint-Vincent semblant toujours déconseillées. La météo décidément capricieuse alternant grains et calmes, nous contraint à ne faire que la moitié du trajet à la voile. Et pour couronner le tout, les innombrables bancs de sargasse (algues flottantes) obligent à renoncer à toute tentative de pêche ! Le temps d'une nuit, nous faisons une escale « clandestine » devant Les Canaries à Sainte-Lucie avant de repartir sous une belle ondée matinale vers La Martinique. Le temps de se dégager des calmes de la côte sous le vent et nous entamons une belle traversée (enfin !) toutes voiles dehors au près bon plein avec un vent d'Est de 10 à 15 nœuds et un beau soleil. Résultat : nous arrivons en France pour l'apéro de midi ! Et trouvons un coin pour jeter notre ancre au milieu de la centaine de bateaux qui mouillent devant Sainte-Anne au sud du Cul de Sac du Marin.

Samedi matin nous prenons un corps-mort devant la marina du Marin. Nous ne reconnaissons pas les lieux d'où nous étions partis il y a quatorze ans. Les loueurs de voiliers, essentiellement des catamarans de 12 à 18 mètres, ont proliféré ; les pontons se sont multipliés ; le village est devenu une ville de plus de 6000 habitants.

Nous y accueillerons lundi la maman de Katia qui nous rejoints pour quatre semaines de nouvelles aventures !

Le JEU

À quoi servent les collets que fabriquent Angel ?

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